LE BREXIT, ET LE BRAS DE FER CGT-ÉTAT: LEUR SYMÉTRIE.
De part et d'autre de la Manche, deux conflits impliquant raison et passion, se font face, mais font trembler derrière eux.
À Londres, pour faire simple, la passion insulaire s'oppose à la raison britannique, celle qui assure la prospérité au Royaume Uni, après les années oubliées de vaches maigres et de conflits sociaux.
Ses habitants sont convoqués dans quelques semaines pour décider, ou refuser, le maintien des liens réciproques entre le Royaume Uni, séparé du continent par un bras de mer salvateur depuis dix-neuf siècles, et l'Union Européenne, rassemblant la majorité de ses nations .
Il faut dire que cette Union est à la fois très tentante, par ses effets sur l'économie, et très repoussante, par ses mauvaises manières, et sa prétention à faire valoir le principe de majorité. "Elle" veut que le Royaume Uni devienne européen, alors que ce dernier préférerait que l'Union devienne anglaise, de coeur.
À Paris, sur le "continent", une autre passion, la nostalgie des années 1945, du triomphe politique et social du PCF et de ses filiales, certes sans prise totale du pouvoir, mais rassasiés par la reconnaissance de leur mainmise sur les industries nationalisées et les services publics, défendant leur "bifteck" ruineux, contre l'économie de marché qui demande de l'oxygène, un peu d'air pour respirer.
Les docteurs qui se penchent sur la maladie sont en majorité d'un même avis: il faut alléger la charge du baudet. Il n'en peut plus. "On" lui en demande trop, et des millions de clients inscrits ne sont pas livrés.
"Ils" recommandent donc qu'on le ménage, qu'on introduise dans la loi la protection de la bête de somme.
Comme les baudets souffrent d'un déficit de reconnaissance, comme ils ne sont pas aimés, leur utilité est dénigrée. À la simple idée qu'on les chargerait moins, les aniers se sont mis très en colère, et ont bloqué tous les entrepots d'avoine et de foin. D'où l'expression "faire du foin".
Le Gouvernement partage avec les aniers beaucoup de sentiments fraternels, un mépris à peine moindre pour les baudets. Il cache mal sa honte de défendre leur vie, leur santé. Mais il a le nez sur les conséquences des mauvais traitements. Six millions de clients, au moins, qui ne sont pas servis, et doivent aller chercher eux- mêmes leur gamelle à Pôle emploi, ou même, aux Restos du Coeur.
On en est là: ou les baudets crèvent l'un après l'autre jusqu'au dernier, et que les humains se débrouillent. Ou le partage est rééquilibré, de telle sorte qu'il permette un fonctionnement, moins passionnel, mais plus harmonieux, de la société française.
Sceptique