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Sceptique
14 octobre 2008

Crise Financière: la faute aux journalistes!

Je classe cette note dans la catégorie "l'homme éternel", car l'intolérance aux mauvaises nouvelles et aux mauvaises opinions est constitutive de l'invariant humain. Il n'y a donc pas à s'étonner qu'un homme politique se situant comme radical, s'en soit pris à un journaliste faisant son métier d'une manière non conforme à l'opinion de son censeur. La probabilité qu'il en fut autrement était très faible. Qu'attend-t-on d'un journaliste? Qu'il dise la vérité? La sienne, glanée par son observation du monde, ou celle de son "client"? Doit-il informer, de manière neutre, en mettant sous une forme lisible ou audible le "bruit" produit par la vie humaine? Ou séduire? Ou convaincre, transformer l'opinion? À propos d'opinion, a-t-il le droit d'en avoir une? On ne peut que constater que l'exercice de ce métier est un miroir tendu aux autres, qui s'y trouvent beaux, intéressants, ou au contraire offensés dans leurs convictions. Pour un homme de gauche, un journaliste livrant une interprétation de gauche est objectif. Celui qui propose l'interprétation contraire est partial, vendu, propagandiste. Et vice-versa, bien entendu. La grande crise financière, terriblement inquiétante, que nous venons de vivre, a été, pour la plupart, une mauvaise surprise. Même si la situation de sur-endettement de la société américaine pouvait tourner au drame, tout comme la faille de San-Andrea décrochera un jour ou l'autre, les acteurs et les commentateurs de l'économie, tout comme les californiens, vivaient leur vie paisiblement. C'est précisément ce que leur reproche notre puriste: les journalistes économiques qui hantent la Bourse et autres chapelles de l'économie auraient du jouer les Cassandres, annoncer la "cata", faire avancer de quelques mois la dégringolade fatale. Ils auraient du, aussi, dire le pire du système qui a fini par se briser. Ce dénigrement aurait été doux aux oreilles de ce contempteur du capitalisme et de ses effets. Mais voilà, dans leur grande majorité, les journalistes économiques semblent se trouver plus à l'aise, trouver plus de matière à commenter, dans une économie, capitaliste, libérale, de marché, que dans une économie dirigée, fonctionnarisée, corsetée par un projet politique. La compétition entre les managers, le jeu de monopoly mondial, les paris pris sur les uns ou les autres, valent le coup qu'on compte les points. Ils sont dans le système, sur son terrain. C'est leur vie. Les médias dont la tâche est la critique et l'incitation à l'abandon de ce système honni, disposent de journalistes qui cherchent des puces dans le pelage de l'économie libérale, et ils en trouvent. Je peux assurer à l'honorable parlementaire que chaque citoyen dispose de la possibilité de les entendre. Mais, c'est vrai, ce n'est pas encore obligatoire. Le choix de la chaîne*, de son aliénation, donc, est libre! Le système en cours dans la plus grande partie du monde reposait, et reposera, sur la confiance, sentiment qui, comme les autres, exige une part d'irrationnel, de désir, d'affection, ou de conviction, en faveur au système économique qu'ils ont choisi de défendre. C'est un système qui, oui, cherche à être chaque jour plus fort, plus haut, plus beau, plus somptueux. Qui fait envie plutôt que pitié. La mise entre parenthèses, actuelle, de ce désir ne se fait pas au profit d'un autre système. Poutine, Castro, Kim-Jong-Il, ne sont pas cotés. La critique fondamentale qui est faite par certains est qu'il entraîne l'humanité vers sa ruine et celle de la planète qui l'héberge, n'hésitant pas à le voir comme une monstruosité imposée par quelques ambitieux au reste d'une humanité qui s'accommoderait bien de la misère de ses débuts. De quelle observation de l'homme d'aujourd'hui, de quelle étude de l'homme d'hier, ces esprits austères sortent-ils leurs certitudes? L'aventure humaine, sous tous ses aspects, les plus exaltants, les plus terribles, les plus ambitieux, dans quelque domaine que ce soit, appartient en propre à tous les hommes...s'ils pouvaient**. Sceptique * L'usage métaphorique de ce symbole de l'esclave, du forçat, ne doit rien au hasard. **À quoi servent les loteries prisées par les plus modestes des hommes si ce n'est à effacer d'un seul coup le sort médiocre et indépassable dans lequel ils se sentent enfermés? -voir ma note "Le Krach de Wall Street: un avatar de l'évolution?" 21/9/08
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Commentaires
Y
Je n'ai pas lu d'articles optimistes ou lénifiants avant le krach final. Les journalistes ne mettaient pas en cause le modèle économique en position dangereuse. La bourse descendait doucement mais sûrement depuis des mois. La croissance ralentissait. Ces phénomènes n'échappaient à personne.<br /> Mais entre "ça ne va pas" et "rien ne va plus", il y a un saut qu'aucun spécialiste n'a fait. Peut-on le leur reprocher? <br /> Les investisseurs particuliers faisaient le dos rond et avaient cessé tout achat depuis le début de la baisse.
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T
La crise était une surprise pour la public en général, mais pas pour ceux qui travaillent dans le secteur.
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Y
André Glucksmann a proposé (dans les années 1970) que le devoir d'une démocratie était de permettre "l'élévation du niveau de conscience des citoyens". La réalisation de cet objectif est en bonne voie, mais malheureusement contaminée par des "lobbies" fabricant rumeurs et fausses informations.<br /> Les "experts" sont souvent agacés par cette concurrence sauvage, bien et mal des sociétés modernes. <br /> On en revient toujours au dernier mot donné par la politique, art du possible.
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P
Il faut bien reconnaître que les jours que nous sommes en train de vivre, pour inquiétants qu'ils soient, sont aussi assez excitants intellectuellement (et pas simplement pour les journalistes économiques).
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Sceptique
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