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Sceptique
17 mars 2009

Le massacre de Reims

Il ne fut, heureusement, qu'en effigie. Mais peut-on, d'un revers de main, balayer ces simulacres de lynchage, commis par des ouvriers en colère, sur des mannequins représentant les patrons de leur entreprise? Si ces patrons avaient eu la témérité de venir expliquer leur point de vue à ces hommes chauffés à blanc par leurs syndicalistes, peut-on garantir qu'ils seraient sortis vivants et sans blessures d'un dialogue de sourds? Quelle est la part de la peur de l'ouvrier français dans la décision de la firme Continental de mettre la clef sous la porte de l'usine de Clairoix ? Certes, il y a eu manquement à la parole, parjure, peut-être. Mais la crise, et ses conséquences sur l'industrie automobile, dont la production est maintenant de renouvellement du parc, ont rendu intenables les promesses faites en période de vaches grasses. Une voiture peut durer deux ou trois années de plus que prévu par les statisticiens en période normale. Le désir d'en changer est distinct d'un besoin. Il est possible de résister à la tentation quand on n'est pas obligé de marcher à pied, de renoncer à partir en vacances. La rétraction du marché a des causes plus psychologiques que réelles. Plus individuelles que collectives. Entend-t-on dire : "salauds de clients?" Non: "salauds de patrons!" Les bénéfices de l'exercice 2008 doivent-ils interdire tout ajustement préventif aux probables pertes de l'exercice 2009? Les consommateurs qui réduisent, au moins en valeur, leurs achats, qui diffèrent leurs investissements, ne se sentent aucune obligation vis à vis de leurs fournisseurs. Le sort de leur habilleur, de leur garagiste, de leur restaurant préféré les indiffère. Ils n'imaginent pas les sauver avec leur seul pouvoir d'achat. La violence des grévistes français est évidemment culturelle, traditionnelle. La pensée magique et le bouc émissaire sont les deux piliers de notre inculture économique. Les syndicats n'ont pas d'autre solution que de suivre ce penchant. Leur compétition les pousse à l'alignement sur les extrémistes, porteurs de projets politiques: abattre la société actuelle, installer un pouvoir révolutionnaire. Comme les français n'ont aucune expérience de ce qu'est un pouvoir communiste, ayant échappé à celui du PCF dans les années d'après-guerre, grâce au plan Marshall et à la résistance des partis non-communistes, SFIO comprise, certains semblent prêts à accepter l'aventure. Or, nos révolutionnaires sont encore convaincus de la validité du schéma Provocation-Répression-Révolution. Que quelque part en France, que sur un champ de bataille social quelconque, la violence se déchaîne, que le sang d'un patron ou d'un cadre coule, ils béniront l'acte et la réaction de la société ainsi agressée. Sûrs qu'ils sont de ramasser les marrons du feu. Il ne faudrait pas oublier que les groupuscules terroristes des années 80 rassemblèrent les désespérés des années 70, qui attendaient le triomphe du maoïsme, sinon d'un stalinisme dévoyé, sur les sociétés capitalistes. La poignée de fanatiques, comptait bien, par sa violence meurtrière, être l'étincelle mettant le feu à l'explosif social. La voie démocratique avait montré ses limites. Sans bourrage des urnes, il était impossible de faire triompher la bonne cause. Je ne crois pas, comme Alain Minc, que le "grand" syndicat, la CGT*, soit prêt à renoncer à la surenchère et à défendre la raison contre la passion. Les images des médias montrent que sur le terrain, à la porte des usines ou lors de la réunion à Reims, d'un CEE de Continental, les cégétistes, leurs drapeaux, leurs slogans sont là. Ils ne montrent aucun problème de conscience du fait de l'exacerbation de la rancoeur. Ils travaillent donc pour Besancenot et son NPA. Sceptique *Bernard Thibault, dont l'intelligence séduit, indiscutablement, a-t-il seulement la volonté de la faire prévaloir? Il sert une cause, et il observe la discipline nécessaire à tout succès d'une cause. Le PCF, dont il est membre, a beau aligner les échecs électoraux, sa foi en lui-même, en sa Vérité, sont intactes. La moralité "bourgeoise" n'y prévaudra jamais.
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Commentaires
S
Une élévation du plafond d'imposition de 5 à 10 points aurait sûrement un impact psychologique. Par contre la suppression des heures supplémentaires ne ferait pas un emploi de plus: les maçons au chômage ne pourraient pas remplacer des chauffagistes surmenés...*.<br /> La défiscalisation des petits patrimoines ne représente pas des sommes énormes, et ce sont les cadres aisés qui en sont les bénéficiaires.<br /> <br /> * on peut multiplier les exemples théoriques.
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P
Ne pensez-vous pas que la suspension du "bouclier fiscal" serait opportune au moins psychologiquement? et que le mieux serait de la décider avant d'y être contraint par la rue (c'est d'ailleurs peut-être déjà trop tard)?<br /> On a bien décidé de prendre toute une série de mesures économiques exceptionnelles en faveur des banques (et à juste titre sans doute).
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Sceptique
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