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Sceptique
9 avril 2009

Comment peut-on être italien?

C'est une question rampante, implicite, enrobée dans les commentaires réprobateurs de tous nos journalistes et commentateurs, de toutes sensibilités. "L'Italie, oui, mais quel dommage qu'elle soit peuplée d'italiens! Remarquons que ce n'est pas le seul pays dont nous déplorons l'étrangeté des hommes qui le peuplent. Mesurés à notre aune, il n'y a pas beaucoup d'humains constitués en peuples qui méritent notre estime. Une question que nous ne nous posons jamais: comment serait le monde s'il n'était peuplé que de français? Ce serait l'occasion de nous contempler dans un miroir circulaire auquel rien n'échapperait. Pour ma part, rien que d'y penser, j'en frémis! Mais revenons à ce qui serait pour nous chose sérieuse, interdite à tout humour, à toute légèreté, le tremblement de terre qui a détruit la ville de L'Aquila , tuant plus de deux-cent-cinquante personnes et faisant des milliers de sans-abris. Une parenthèse préalable: dès qu'il y a quelque part dans le monde un tremblement de terre très meurtrier et destructeur, nous nous annonçons à nous mêmes un malheur semblable, bien que notre histoire n'en ait jamais répertorié aucun. Nous sommes comme envieux, frustrés d'avoir sous nos pieds un plancher qui plaît aux vaches, animal paisible dans lequel, effectivement, nous ne nous reconnaissons pas. Donc, avec un brin de jalousie, nous compatissons à ce nouveau malheur qui frappe le peuple italien. Nous nous demandons comment ils arrivent à vivre de tels événements avec tant de calme et de dignité? Au point que certaine commentatrice demandait avec insistance à son correspondant sur place si les sauveteurs italiens faisaient bien leur travail. Silvio Berlusconi, la bête noire de tout français qui se respecte, est là tous les jours. Normal, L'Aquila n'est qu'à cent kilomètres de Rome. Et voilà qu'il choque, que dis-je, qu'il bouleverse le peuple français: "tout va bien, ils ont tout ce qu'il faut, des couvertures, des repas chauds, ce n'est pas plus terrible qu'un week-end en camping!" Déjà que nous n'apprécions pas la franchise et la familiarité de notre propre président, la légèreté de Berlusconi nous époustoufle! Question manière de mettre les pieds dans le plat, il nous pulvérise. Ce n'est pas chez nous qu'il aurait été élu! Il est pire que le nôtre: il est authentiquement riche. Pas par ses émoluments et sa liste civile. Par sa fortune personnelle. Chez nous, on ne voterait pas pour un vrai riche. D'ailleurs, ils se cachent, tellement ils ont honte. Nous ne connaissons que ceux qui sont bien payés à travailler pour eux. Donc, c'est entendu, les italiens votent mal, n'importe comment. Et ils semblent se reconnaître dans "l'humour" de Berlusconi! Il les fait rire dans leur malheur, ils appellent ça (je traduis) des" berlusconades". Nous ressentons un terrible sentiment d'impuissance: nous ne pouvons même pas aller démissionner le peuple italien! Alors que chez nous, vingt mille étudiants se font fort d'y arriver! Oui, vraiment, comment peut-on être italien? Sceptique
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