Désirs d'avenir infernal
Le "Monde" des 27 et 28 Septembre publie une étude catastrophiste élaborée par les conseillers "ad hoc" du Ministère de l'écologie. Conformisme impartial assuré, donc!
Moins de blé, moins de maïs, plus de bois, prompt à brûler, plus de vin, mais imbuvable, rien sur le beefsteak, mais ce ne pourra être que de la semelle de bottes. Des côtes ravagées par la montée des mers, lesquelles seront depuis longtemps vides de poissons, on le sait.
Comment élabore-t-on de pareils scénarios? En extrapolant des tendances indiquées par les observations de ces trente dernières années, en écartant toute innovation humaine susceptible de perturber la précieuse projection. En supposant que le troupeau d'imbéciles qui constitue le reste de la population en dehors du cénacle sus-visé, ne modifiera pas d'un iota ses règles de vie. Je conviens que l'insouciance globale observée de nos jours n'incite pas à l'optimisme. Et ce constat pousse à se poser deux questions: la première concerne cette insouciance. Peut elle se guérir d'elle même, grâce à l'adhésion à la thérapeutique implicitement proposée: s'arrêter de vivre, préventivement? Un Gribouille sec, qui se jetterait dans un feu pour ne pas brûler!
Ou cette prédiction à quatre-vingt ans, associée à la désobéissance indécrottable du peuple, constitue-t-elle la justification à imposer à ce peuple (le français) la discipline de fer indispensable au sauvetage du territoire qu'il traite si mal?
Elle donne, effectivement, du grain à moudre aux radicaux, à ceux qui rêvent d'un monde quadrillé de barbelés, chaque camp vivant en autarcie stricte. Un monde qui n'aurait plus besoin de rien, de routes, de ports et d'aéroports,de téléphone, de radio et de télévision. Plus de voyages, de vacances, de réunions de familles. Aucune monnaie ne serait plus nécessaire. On ne voit pas très bien à quoi, dans un tel monde, la connaissance pourrait bien servir? Donc plus d'instruction des gens ordinaires, sachant où le savoir galvaudé nous a conduits!
Car cette logique, exprimée ainsi dans notre langue, à notre intention spécifique, est évidemment universelle, tout comme l'ont été, tour à tour, le libéralisme, le capitalisme, le communisme, désormais au musée de l'histoire humaine.
L'écologisme revendique la dernière place dans ce musée. La dernière des dernières.
Sceptique
P.S. Compléter le tableau ci-dessus avec le dessin humoristique de Bill Schorr, en page 17 du même numéro.