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Sceptique
13 novembre 2009

L'identité nationale: réflexions

Quand le projet de consulter les citoyens sur la question a été présenté par Éric Besson, Ministre et transfuge du Parti Socialiste, la première réaction des porte-paroles de ce parti a été de pousser des cris d'horreur. Sauf l'ex-candidate aux fonctions présidentielles, Ségolène Royal. D'autres réactions, comme celles de Luc Ferry, n'ont vu dans la proposition qu'une opération de diversion.

Mais, apparemment, à la suite d'un sondage, auquel je n'ai pas participé, les français se sont montrés intéressés, avec une assez nette majorité. 

Du coup, le "Monde", qui n'est jamais pro-gouvernemental, mais soucieux de l'opinion, a décidé de faire de la place à ce débat dans ses pages. Certaines contributions sont dépourvues de sérénité, simplement injurieuses. D'autres sont raisonnables, sérieuses, distanciées.

On peut se poser les questions: est-ce le bon moment? Est-ce une nécessité impérieuse, urgente? Notre société, pour employer le langage de l'économie, est en opération de "fusion-acquisition", ce qui implique l'étape suivante de "restructuration", mais, au contraire de ce qui se passe en économie, "sans licenciements"! Tout le monde actuellement présent doit y trouver une place.

Être français, est-ce un plaisir, une souffrance, une honte, ou une gloire partagée? Une fatalité qui nous entraîne contre notre gré? Pour les sujets que nous sommes, il peut y avoir cette variété de sentiments, selon les circonstances. Elle est très rarement la même, pour tous les citoyens à la fois.

Le temps n'est plus où l'identité nationale vue par les responsables politiques et l'administration se concrétisait par un service militaire et une participation, ou deux, à un conflit. Il n'y a plus que des lois concernant l'ordre public et la convivialité dans ses aspects divers, qui nous précisent nos droits et nos devoirs. On ne peut pas dire que ce soit pour quiconque une obsession. Il est dans nos convictions intimes que "nous payons pour ça" des impôts, et que ceux qui les encaissent doivent se débrouiller.

L'identité nationale ne se résume évidemment pas, et je dirais, moins que jamais, aux registres et fichiers des administrations. C'est un sentiment, conscient, personnel, fluctuant en sens (positif ou négatif), en intensité, brûlant, tiède, ou froid. Mais les facteurs de fluctuations se rangent tous dans une même catégorie: ils concernent des événements qui touchent, en partie, ou globalement, l'entité définie géographiquement, politiquement, linguistiquement, par le mot France.

Être présent sur son territoire n'est pas la condition pour ressentir une émotion à son propos. Le sentiment d'appartenance fonctionne dans l'abstraction. Il appartient à la mémoire qui, à l'état de veille, est disponible pour le sujet que nous sommes.

Par contre, être présent sur le territoire français crée certaines contraintes qui ne concernent pas que les citoyens français: l'acceptation, en actes, de ses lois, de ses moeurs, des individus qui le peuplent, constitue le minimum pour une convivialité agréable ou neutre. Pour un séjour court, la connaissance de la langue est un plus pour le plaisir. Mais elle n'est pas indispensable, les français s'efforçant de se mettre à la portée de leurs visiteurs, tant les individus, que les responsables du tourisme. 

Par contre, la présence qui doit durer, pour des raisons qui sont personnelles, est beaucoup plus difficile. Dès qu'il faut se trouver une place dans la société française proprement dite, l'étranger est en butte à l'hostilité tatillonne de l'administration, qui le persécute au nom du peuple français. Lequel n'est pas unanime à l'égard des dispositions défensives prises par l'autorité politique, mais les opposants n'ont pas de solution personnelle durable à proposer, et l'égoïsme commun aidant, ils restent minoritaires. Pour être toléré en France, il faut être en mesure de n'avoir rien à lui demander, mais au contraire quelque chose à lui offrir.

Mais cette catégorie étant, en volume, réduite, et même exceptionnelle, elle ne nécessite aucune disposition politique particulière. C'est la masse plus importante d'étrangers tolérés, acceptés de fait, ou dûment autorisés, qui engage la responsabilité de l'entité France. Ils doivent jouir des mêmes droits, et accepter les mêmes devoirs, que ceux des citoyens français de plein droit.

Or, dans beaucoup de domaines, notre société française n'est pas capable de respecter ses obligations envers ses propres membres. D'où les réflexes de "préférence nationale" surgissant chez ceux qui n'acceptent pas d'être mis en balance avec des étrangers plus nécessiteux qu'eux. Quand le rapport entre l'offre de services et la demande, se tend, la fièvre xénophobe monte. Notre situation globale actuelle ne laisse pas entrevoir une baisse rapide et durable de cette fièvre, sauf à casser le thermomètre. Les responsables politiques courent sur des charbons ardents. Faire "bonne chère avec peu d'argent" est difficile.

Alors, cette interrogation, qui est en même temps un appel à une bonne réponse, était-elle utile? Si on considère qu'une partie de la classe politique souffle sur les braises et entretient volontairement la fièvre, la perspective d'un meilleur rapport entre la raison et le sentiment se maintient à distance.

Comment dégager un sentiment, unique, d'identité nationale, à partir de soixante-cinq millions de sujets, sans compter les sujets de mécontentement?

Sceptique

Note additionnelle: je n'ai pas abordé la question des attitudes ou postures communautaristes, dont s'emparent les médias, et auxquelles le Président de la République accorde une importance inquiète. Je ne me dissimule pas le caractère provocateur de ces manifestations, mais elle sont sans importance réelle à l'échelle de nos difficultés concrètes. Déjà que nos lois existantes sont inapplicables à ces phénomènes particuliers (prières du vendredi dans certaines rues parisiennes, port de la burqa par des musulmanes soucieuses de pureté*), d'autres lois spécifiques sont, a priori, inutiles.  

* Une amie me rapportait récemment qu'en Égypte, des prostituées "tapinent" dans cette tenue! 

 

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Commentaires
E
"Pendant ce temps une imbécile de député UMP veut faire perdre un temps précieux à nos parlementaires et occuper les colonnes de nos journaux avec un débat sur l’interdiction de la fessée. La maison brûle mais on se préoccupe d’interdire la fessée car, nous dit-elle, nous sommes en retard sur beaucoup de nos voisins, qui sur ce plan sont des crétins patentés."<br /> <br /> Il est sûr qu'il y a de "bonnes raclées" qui se perdent ici et là... <br /> En ce qui concerne la démarche de cette parlementaire peu connue jusque-là, je crois avoir entendu dire que ce qui motive sa démarche, c'est le fait que ce geste qui se veut éducatif ("à l'ancienne"), n'est en fait pas adaptée car, étant érotisé, il est ambigu.<br /> <br /> Lorsque l'on observe les faits du vivre ensemble sur le territoire Français dans certains espaces, il peut paraître légitime de promouvoir une éducation à la française qui soit efficace pour responsabiliser nos tête blondes,brunes et rousses. <br /> Cette remarque ne veut pas dire que j'entends par là prendre fait et cause pour cette démarche et non plus que je cautionne en quoi que ce soit un certain laxisme "bon enfant" ou couard ambiant.<br /> <br /> Enfin je précise que je ne suis pas persuadé que d'avoir des jugements péremptoires sur autrui en fonction de nos propres critères d'appréciation, soient la meilleure manière de fonctionner dans un ensemble citoyen, dans un vivre ensemble entre humains, en France ou ailleurs.
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E
Possible que la racine du "mal" ou celle du "bien" soit à trouver dans des textes fondateurs tels que le Coran, les textes des Évangiles et ceux de la Torah. Pour la part d'humain à vivre en commun qu'il me revient de gérer, je n'en suis pas persuadé.<br /> Déjà il faudrait que ceux qui s'en réclament pour argumenter et pour justifier leur position (ce qui déresponsabilise et déculpabilise) aient la capacité de lire ces textes dans les originaux et non dans les traduction qui figent les textes comme dans de la gélatine au lieu de leur laisser leur fluidité non directrice au sens de rigidité de penser et d'interpréter.<br /> <br /> "MON810" présente réflexion particulièrement intéressante car basée une expérience vécue "à vif", elle est par le fait : Vivante. C'est ça qui m'intéresse. <br /> Cela nous change des réflexions quelques peu abstraites et/ou teintées d'idéologies orientées, de religiosités immatures ou de partis-pris volontaires que nous voyons s'exprimer ça et là sur certains forums et un peu partout dans les médiats.<br /> Il est sûr que réintroduire de la fermeté et du droit commun normatif dans les grandes villes, avec des moyens policiers adaptés (formations spécifiques etc.) est nécessaire sur certains terrains; cette réintroduction ne peut se faire sans que soit incités à s'impliquer globalement, collectivement, l'ensemble des citoyens.<br /> Si les gens habitant certains quartiers "privilégiés" se croient à l'abri, hors d'atteinte des phénomènes de violence, ils se trompent lourdement.<br /> Pour ma part, face à quelque chose qui me dérange, même si c'est dans un média quelconque (donc apparemment à distance de moi), je me pose chaque fois que j'en ai conscience, la question de vérifier en quoi ma propre responsabilité est engagée; je m'interroge sur ce en quoi j'ai des attaches avec ce qui m'interpelle dans ce que je vois (dans ce que j'appelle "l'en-face") et je le traite dans mon économie propre.<br /> Comme je l'indique sur un autre sujet ouvert par "Sceptique"(*), la confusion entre responsabilité, culpabilité, être condamnable pour certains faits..., entraîne des prises de position voire des positions d'actes, erronées.<br /> <br /> Parfois je me dis que les religions ont bon dos et je pousse la refflexion sur le fait que le coeur des problématiques de partage d'un même territoire, fut-il civique et nonobstant les religions et croyances diverses, est sans doute au coeur même de l'être humains ensemble.<br /> <br /> <br /> * AZF: les conclusions d'un procès,
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M
Je suis d'accord.<br /> <br /> Bien entendu je n'appelle en rien à "l'autodéfense", ce serait engager le processus de violence à la libanaise. J'appelle les pouvoirs publics,notamment municipaux souvent laxistes, à moins de laisser-aller.<br /> <br /> Et les belles âmes angélistes à plus de réalisme. L'écart entre les articles de Libé en ligne et les réactions de ses lecteurs sur ses forums est significatif de l'idéalisme coupable des élites.<br /> <br /> Le problème de l'islam n'est pas seulement d'avoir dix siècles de retard sur la nôtre. La maladie est plus profonde, il suffit de comparer les textes fondateurs, le Coran d'un côté, les Evangiles de l'autre.<br /> <br /> Bien à vous
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S
Vous êtes en première ligne et vous souffrez de ce communautarisme de fait qui s'est constitué dans certains quartiers des grandes villes. Je suis tout à fait conscient des défauts primordiaux de la religion musulmane, qui a six siècles de retard sur la nôtre. Toutes les religions ont comme souci premier la conservation de leur pouvoir sur les esprits. Lesquels en redemandent en proportions variables. Cependant, je constate que ce communautarisme n'a AUCUNE traduction politique, même au niveau municipal, où les quelques élus issus de l'immigration représentent ceux qui sont intégrés, et non ceux qui le refusent (il n'en est pas de même dans d'autre pays de l'Europe ou au Canada).<br /> Il y a parmi les immigrés non européens beaucoup d'hommes et de femmes intelligents qui ne se cachent pas la gravité de la situation et le risque de guerre civile, dont leur communauté serait responsable. Mais pour le moment, les exaltés qui concoctent des passages à l'acte sont bien surveillés et mis hors d'état de nuire dès qu'ils semblent être prêts. <br /> Les forces de sécurité publique peuvent paraître débordées, ou même dépassées par moments, le pouvoir judiciaire n'est pas, aux yeux des citoyens, très coopérant, mais il faut laisser à l'exécutif politique la responsabilité de l'action de contrôle. Les actes dictés par la peur ou la haine ne font que creuser le fossé.
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M
On voit que vous ne côtoyez guère dans les grandes villes un nombre grandissant de salafistes en costume traditionnel et de jeunes femmes voilées, en tenues originaires de bien ailleurs que le Maghreb. Vous n'assistez pas à la prise de possession de l'espace publique, insupportable pour le voisinage, à l'occasion des mariages. Vous ne voyez pas augmenter le nombre de jeunes beurs, prétendument non intégrés, mais en réalité parfaitement intégrés dans l'économie grise, rouler arrogamment en BMW, Audi et autres voitures de luxe. Vous ne connaissez pas l'arrogance, quand ce n'est pas carrément l'agressivité, de la quasi totalité des petits beurs et plus généralement des jeunes musulmans, les turcs s'y mettent aussi, à l'encontre de leurs enseignants, qu'ils ne cessent de provoquer et de narguer. Vous ne côtoyez pas le racisme anti-français quotidien. Vous ne côtoyez pas l'antisémitisme agressif ordinaire. Mon épouse, enseignante en collège, est soulagée d'avoir épousé un homme qui porte un nom goy, sinon elle sait trop bien à quel enfer encore pire elle serait confrontée. Vous devez vivre à la campagne.<br /> <br /> Après quoi les multiculuralistes nous expliquent que nous devons nous battre la coulpe et tout subir car c’est la faute à notre période coloniale ! On va le trainer pendant combien de temps ce péché originel ? L’islam ne cesse mille ans plus tard de vouloir prendre sa revanche sur les croisades, oubliant qu’auparavant il avait conquis les armes à la main la quasi-totalité de l’empire romain d’orient christianisé. C’est quoi une rancune de cette durée ? Ce n’est pas une rancune, c’est une volonté d’islamiser le monde. Savez-vous que les derniers sondages d’opinion en Turquie sur l’entrée de ce pays dans l’Union Européenne, montrent que la population turque souhaite cette entrée mais craint encore plus majoritairement que l’Europe cherche à les convertir. L’islam est une religion profondément malade, une religion de malade, qui engendre des malades à la pelle. Vous avez lu le Coran ? Une véritable horreur ! Un appel à la haine, à la guerre, à la vengeance, presque à toutes les pages.<br /> <br /> Lagarde se propose de réformer le droit pour pouvoir accueillir la finance islamique. On commence par ça, qui semble inoffensif et peut rapporter gros, mais en vérité cela constitue un dangereux précédent.<br /> <br /> Pendant ce temps une imbécile de député UMP veut faire perdre un temps précieux à nos parlementaires et occuper les colonnes de nos journaux avec un débat sur l’interdiction de la fessée. La maison brûle mais on se préoccupe d’interdire la fessée car, nous dit-elle, nous sommes en retard sur beaucoup de nos voisins, qui sur ce plan sont des crétins patentés.
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Sceptique
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