Régions: échec d'une idée?

En attendant le résultat final de ces élections régionales, qui ne comportera de surprises que si les appels aux abstentionistes ont été entendus, j'ai envie d'analyser, à froid, deux sources différentes, qui éclairent mieux l'objet "RÉGIONS", que l'opinion que l'on déduit des votes. 

La première source est la lettre du gaullisme, Renaissance, expression d'un auteur unique, Jean-Noël Amadei. L'auteur, donc, apporte au débat des chiffres globaux, qu'il compare à ceux de la Présidentielle de 2007.

Ces totaux montrent que TOUS les candidats de 2007, représentant les principales tendances de l'opinion, ont "perdu" des voix dans ces élections régionales. Si le Président Sarkozy est le plus gros perdant avec 6 millions et demi de voix, 4 millions de voix de Ségolène Royal manquent aux listes du Parti Socialiste, et François Bayrou n'avait aucune chance, depuis longtemps, de revoir la couleur de ses 6 millions de voix. L'extrême-droite et l'extrême gauche sont à moins cinquante pour cent. Seuls les Verts sont gagnants par rapport au "flop" de Dominique Voynet, mais ils ont reperdu un million de voix de leurs "européennes".

Ce qui m'amène à poser la question: est-ce que ce ne serait pas l'objet RÉGIONS  qui serait victime d'une indifférence profonde? Bien sûr, pas pour tout le monde, à commencer par les partis politiques qui les transforment en places fortes anti-gouvernementales. Mais le citoyen, lui, ne s'y retrouve pas, et ne se sert de ces élections que pour exhaler sa mauvaise humeur, sous forme d'un bulletin, ou en boudant.

L'examen du panel de réactions de lecteurs que publie le Monde du 20 Mars, est intéressant. L'objet Régions en est réellement absent. Les commentaires ciblent le véritable objet: Sarkozy, ses oeuvres et ses pompes. Que ce soit sa personne ou sa politique, les seules références au premier tour des régionales sont centrées sur la réaction, désapprouvée, de l'UMP: "ce sont des élections locales, et il y a trop d'abstentions". 

Le résultat de ce soir libérera d'autres commentaires, et d'autres réflexions. Les Régions sont le point faible de l'organisation politique de la France, parce que les choix proposés sont anonymes*. Le scrutin proportionnel par listes, bien que commode pour des ambitions sans répondant et sans devoir, met une distance infranchissable entre l'électeur et l'élu. Il est contraire au besoin des français, surtout de ceux qui vivent en milieu rural. La diminution de leur nombre en facilite l'oubli.

Sceptique

* À l'exception notable du Languedoc-Roussillon où la personnalité de Georges Frêche va l'emporter envers et contre l'avis aigre des dirigeants de son ancien parti, le Parti Socialiste. à l'heure où j'écris cette note, son score dépasse 53%.