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Sceptique
1 juillet 2010

François Hollande, un candidat intéressant

Il parait que Ségolène Royal, invitée avant-hier soir au 20 heures de Laurence Ferrari, y serait allée de sa diatribe anti-sarkozyste habituelle, en prêtant à la majorité actuelle (au gouvernement) un sentiment d'impunité, trait caractéristique des gouvernements corrompus.

J'ai raté ça, mais je ne le regrette pas. Laurence Ferrari me donne des boutons, et j'ai changé de chaîne pour mon 20 heures, fin de semaine exceptée. De toute façon, toutes les chaînes, maintenant, font leurs bagages, mettent leur gilet de sauvetage, car 2012 n'est plus très loin. Il n'y a qu'une foi, la mauvaise, a écrit Jean-Paul Sartre, et il n'y a que la forme qui change.

Que je sache, Nicolas Sarkozy n'a pas fait modifier la constitution de manière à rendre son mandat automatiquement reconductible. D'accord, il ne prend pas ses ordres rue de Solféri no, et c'est très vilain*. Mais en 2012, il remettra en jeu son mandat, face à une nuée de candidats, tous prétendant faire mieux que lui, éventuellement en revenant sur toutes les réformes accomplies. Il y aura un résultat, large ou serré. Une différence d'une seule voix n'est pas une probabilité nulle, mais elle est quand même très faible. À 50,1 contre 49,9, il y aura une légitimité du gagnant. Et je suis sûr qu'elle sera mieux acceptée par le sortant que par le rival (ou, la) sélectionné(e) par le premier tour.

La politique a pris du théâtre** quelques principes: les rôles doivent être bien différenciés, le verbe doit être haut, tranchant, apocalyptique ou enjôleur. Les acteurs doivent être reconnaissables dès leur entrée en scène, dès les premiers mots de leur monologue ou de leurs imprécations. Autrefois, quand la politique était trustée par les hommes, les canines devaient être saines, longues, et bien affûtées. Les femmes, de plus en plus nombreuses, parité oblige, ont encore trop facilement recours aux armes qui leur sont reconnues: les griffes, et la pointe de la langue. Pour le moment, on s'y retrouve mieux.

L'avenir est à une égalité des armes. Je vois plutôt la gent masculine se féminiser, puisque le problème, c'est justement la machisme des milieux politiques de l'Europe du Centre et du Sud, où la parité n'est encore qu'un voeu pieux. Et l'inégalité des chances que toute femme peut légitimement constater, la pousse naturellement à se....dénaturer, en se faisant virago, en en rajoutant sur la méchanceté. Un constat vérifiable du contenu des passes d'armes actuelles: aux attaques contre les personnes qui sont aux responsabilités, les contre-attaques visent le parti de ceux qui n'y sont pas.

Après dix ans de pouvoir continu de la droite, quels que soient ses mérites et son pragmatisme, le doute aura peut être germé dans suffisamment d'esprits pour donner sa chance à une opposition dogmatique et distributrice. Mais, par contre, dispersée sur un éventail d'options très diverses, allant de la social-démocratie à la révolution permanente***. Le premier tour de la présidentielle de 2012 devra départager entre une bonne dizaine de candidats, au total, entre trois à quatre, en réalité, ce qui est déjà beaucoup. S'il est permis d'avoir un doute, c'est sur la capacité de l'opposition à la discipline des candidatures. Mais elle peut rassembler celle des votes.

Puisqu'il faut bien faire son marché du côté de l'opposition, chercher le, ou la, "moins pire", comme disent les enfants, je vais faire état de ma première inspection des étals.

Ségolène Royal m'a toujours paru la vraie "challengère", possédant la même main de fer dans son gant de chevreau, que celle de son rival de 2007, qui lui, le mâle, n'avait pas besoin de gants. Je ne crois pas, je n'ai jamais cru, à ses dévotions à Gauche. Au pouvoir elle fera la politique nécessaire. Les théories resteront dans leurs cartons. Mais sa méchanceté me donne à réfléchir, car il en résulte un nécessaire aveuglement.

Martine Aubry, que les rivaux nombreux de la première ont porté à la tête du PS, m'effare par son effacement mystique dans la communauté qui l'a choisie. Elle n'entend pas faire "SA" politique, mais celle de ceux qui ont parlé les derniers et le plus fort. Tout le contraire de ce qu'il faut à un pays qui n'a jamais guéri de son histoire monarchique. Les pays scandinaves font rêver, peut-être, mais nous sommes des "italiens de mauvaise humeur"****, et nous ne pouvons pas changer de nature profonde, quels que soient les charmes de celle d'autres peuples, que leur géographie et leur histoire ont façonné autrement.

Pour départager les deux chattes, voilà que s'avance un Raminagrobis débonnaire, François Hollande, ancien compagnon de Ségolène, ancien secrétaire national du Parti Socialiste, présentement député de la Corrèze et Président de son conseil général. Comme pour son ex, un banc d'essai de ses capacités à la gouvernance.

Conviction ou opportunisme tactique, il se démarque de Martine Aubry et de son "suivisme" mystique. Les grandes lignes d'une action politique doivent être choisies et annoncées à l'avance, faire l'armature d'un programme. Contre la Secrétaire Nationale, il se veut un autre rassembleur, mais autour de LUI , et non plus autour du mythe du parti, ce qu'il a fait pendant des années, sous les reproches d'à peu près tout le monde, d'ailleurs. La question qui se pose est: "peut-on tenir l'unité de façade du Parti Socialiste autrement que l'a fait François Hollande, et que le fait aujourd'hui Martine Aubry?" Le Parti Socialiste ne serait-il pas, au fond, qu'une nébuleuse gazeuse, agitée par la gravitation de ses satellites?

Quels sont les atouts de François Hollande, quels sont ceux qui lui manquent? 

Il a pour lui la solidité de sa formation, son parcours dans le sillage de François Mitterand, son carnet d'adresses. Sa présentation de pragmatique, sans étiquette doctrinale, peut séduire la moyenne bourgeoisie, au coeur à gauche, mais au portefeuille à droite, et à la raison dominant la passion. Mais il a contre lui de n'avoir jamais occupé de fonction ministérielle, d'avoir été un homme d'appareil, et de n'être bien connu que par les militants du PS d'un certain niveau. Son atout principal serait de ne pas faire peur, à l'intérieur, à une partie de la mouvance socialiste, à l'extérieur, à la masse flottante des centristes.

Sceptique

*Quand un membre de l'opposition dit "il faut que le Président change de politique", c'est à la sienne qu'il pense.

** "La comédie du pouvoir" de Françoise Giroud

***Une révolution n'est en fait qu'une demi-révolution, ceux qui se trouvent de son fait en haut, s'arrangeant pour le rester, en se transformant en dictature ou en monarchie héréditaire. Une révolution permanente est une rotation continue, ceux qui sont au pouvoir devant être éliminés dès qu'ils s'y installent. Il n'y a pas de modèle convainquant( pour les buses que nous sommes) de cette révolution immunisée. 

****Pierre Daninos

 

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