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Sceptique
12 janvier 2011

Nos otages tués

Le coup d'Aqmi, venant cueillir en plein Niamey, à des centaines de kilomètres de sa base de départ, deux blancs francophones attablés à la terrasse d'un café, était d'une audace inimaginable. Ces deux jeunes gens se sont trouvés là malencontreusement. Leurs ravisseurs savaient qu'en ce lieu et à cette heure, ils n'en rentreraient pas bredouilles.

Mais pour le prestige du Niger, défié dans sa capitale, traité avec mépris par une organisation étra ngère, ne pas mettre à profit le long trajet à faire en territoire nigérien pour tenter d'intercepter le convoi (le véhicule des ravisseurs était attendu à la sortie de la ville par une escorte), était impensable. Des unités de l'armée nigérienne se sont lancées à leur poursuite. Un premier accrochage s'est fait à mi-chemin. Les forces nigériennes ont perdu trois combattants lors de ce combat. Les ravisseurs ont réussi à reprendre leur route, apparemment en circulant hors des pistes tracées.

Il est vraisemblable que c'est à ce moment là* que les nigériens ont demandé le soutien des forces spéciales installées dans la région à la suite des diverses attaques d'Aqmi contre les ressortissants français, humanitaires d'abord, puis expatriés d'Areva.

Disposant du soutien aérien, les français ont repéré le convoi et disposé en territoire malien (pour une raison de temps disponible, probablement), un dispositif capable de l'arrêter. Ce qui fut fait, au prix d'un échange de tirs sûrement nourri, pour être efficace. Selon les informations données, quatre preneurs d'otages ont été tués, deux ont été pris vivants. À la fin du combat, les corps des deux jeunes hommes pris en otage ont été trouvés. Ils auraient été tués par leurs ravisseurs.

Si toute la nation française, politiques de l'opposition compris, a fait bloc, et a approuvé la décision présidentielle d'intervenir, il n'y a pas manqué de commentateurs, d'une part pour dire que l'opération était ratée, d'autre part pour mettre en doute les causes de la mort des deux otages, peut-être victimes des tirs français, et non de ces combattants d'Aqmi, qui ont déjà montré leur mépris de la vie "d'infidèles".

Cet acte de guerre, entrepris par l'organisation terroriste et guerrière à la fois, pourrait être l'occasion de changer de langage, d'appeler un chat, un chat. Aqmi a déclaré la guerre à la France, qui en mène une, secrète, mais efficace, contre le terrorisme islamiste, et aux nations africaines du Sahel, longtemps dominées par le Maghreb, et méprisées, malgré leur islamisation ancienne. L'organisation fanatique veut faire du Sahel un glacis interdit aux puissances occidentales, au premier plan desquelles, la France.

Une guerre implique des pertes militaires, mais, hélas, aussi, civiles. L'obsession d'éviter les victimes civiles constitue une limite certaine aux actions militaires. La prétention à réaliser des frappes "chirurgicales" est vaine.

L'action militaire destinée à empêcher le convoi de ravisseurs d'ajouter deux otages supplémentaires à ceux qu'Aqmi cache déjà dans les zones escarpées, en territoire malien, mais échappant au contrôle de ce pays**, n'est ni ratée, ni entachée de "bavures". Il a fallu tirer, à l'arme automatique, sur des combattants déterminés, et bien armés, de cette remarquable Kalachnikov, si appréciée par les guérillas du monde. Deux de nos soldats ont été blessés.

Mais le convoi a été arrêté. Aqmi ne pourra nourrir son mépris d'une victoire. Deux jeunes français sont morts, avant, ou pendant ce combat. Ils avaient été enlevés parce que français. Ce sont des victimes civiles d'une guerre. C'est un concept qui a été reconnu en France, au moins à partir de 1945. Pourquoi ne pas l'appliquer aux victimes du terrorisme, si ce n'est pas encore le cas***?

Sceptique

*Les forces françaises auraient été alertées dans la demi-heure suivant l'enlèvement.

**Les frontières sahariennes des états du Sahel et du Maghreb ont été définies par le colonisateur français, qui avait le contrôle de la presque totalité du Nord-Ouest du continent africain. Elles ont été maintenues, théoriquement, par les nations issues de la décolonisation, mais elles n'ont pas les moyens de les contrôler.

***Un exemple est donné par l'État d'Israël, qui sait par son histoire, qu'un civil n'est pas mieux considéré par ses ennemis qu'un militaire. Les victimes civiles sont assimilées à des combattants, morts au combat.

Quelques jours après les événements, nous ne savons pas encore tout sur l'interception du convoi des ravisseurs au delà de la frontière entre le Niger et le Mali. À quel moment, à quel endroit le 4x4 dans lequel les otages ont été contraints de monter, s'est-il trouvé dans un convoi de trois véhicules? Les forces spéciales transportées par hélicoptères ont elles été déposées à terre, ou le convoi a-t-il été arrêté par des tirs depuis les hélicoptères? L'un des deux otages a-t-il été victime de ces tirs français? Comme le dit maintenant un communiqué d'Aqmi. S'il y a eu des djihadistes survivants, entre quelles mains sont-ils vraiment, puisque les nigériens disent ne pas les avoir vus?

Cette intervention, qui était réalisable depuis l'installation de nos forces spéciales et de nos moyens de surveillance aériens était sûrement très risquée, voire, à près de 100%.  Il faut imaginer la sortie de la fiction d'enlèvements contre rançons, pour alimenter les finances du mouvement, mais en ce qui concerne spécifiquement la France et ses citoyens, un acte de guerre véritable, et la rétention définitive de ces otages transformés en boucliers humains, dissuadant des offensives sur les refuges d'Aqmi, que les moyens modernes doivent permettre de repérer avec précision, surtout dans un désert.

Il serait indécent d'en rester là, de ne pas poursuivre cette contre-offensive, si cette interprétation du silence des preneurs d'otages s'impose. De toute façon, les forces occidentales se doivent d'extirper du monde d'aujourd'hui ce procédé criminel et leurs auteurs.

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