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Sceptique
17 janvier 2011

Jean-Claude Trichet au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro

Il n'y avait vraiment aucune raison d'intituler ce billet :"La BCE au Grand Jury....". Jean-Claude Trichet n'en est pas le timide porte-parole. Dans le champ qui lui est confié, il est "décideur". Il y a cependant un lien entre la plaidoirie de Guillaume Pépy, Dimanche dernier, et l'exposé des faits de Jean-Claude Trichet, hier soir.

"La crise est-elle derrière nous?"interroge Eric Revel. "L'économie réelle repart, à un rythme légèrement supérieur à ce qui était attendu, dans tous les pays de l'Union Européenne" répond JCT. Le journaliste insiste. "Non, je ne dirai pas ça (la crise derrière nous), je parle de l'économie réelle. Il ne faut pas crier victoire." "Donc la crise n'est pas derrière nous", reprend le journaliste!

Jean-Claude Trichet explique:" Elle a commencé par une crise (perte de confiance) des "signatures privées", ce qui a obligé les états à soutenir massivement les banques et les entreprises. Elle se prolonge maintenant par une crise des "signatures étatiques"

Étienne Mougeotte intervient en soulignant les différences (en Europe), entre le Nord et le Sud, et il insiste sur la position particulièrement favorable de l'Allemagne. "Les mêmes faits peuvent être interprétés autrement", répond  JCT, "l'Allemagne rattrape ses pertes (liées à la réunification) et redevient le premier marché des autres". La "critique" de Christine Lagarde? "Dans la situation actuelle, l'Allemagne devient un facteur très positif." (sous-entendu: pas de jalousie!).

À propos de l'euro, de son rôle, de son niveau, jugé trop élevé par les entrepreneurs français: "Depuis 1999, date de mise en circulation de l'euro, nous avons créé plus de 14 millions d'emplois, tandis que le USA n'en créaient que la moitié."

"En France, l'euro n'a été, ni un bouclier, ni un stimulant", remarque Éric Revel, qui ajoutera:" l'argument des adversaires de l'euro est qu'il y a un meilleur taux d'emploi dans les pays (de l'Union Européenne) qui ne l'ont pas adopté." "Il faut examiner les faits de plus près" répond JCT, "le Danemark, qui n'en fait pas partie, applique rigoureusement les recommandations de la BCE(flexibilité, soutien très fort aux chômeurs)". Il ajoute:"Cela pourrait aller mieux, mais sans l'euro, ce serait pire."

Jean-Claude Trichet plaide pour la stabilité monétaire qui est l'essentiel de la mission donnée à la BCE. "Elle est très importante, il faut être très vigilants. Le taux d'escompte (actuel, très bas) a été maintenu, mais si nécessaire (inflation supérieure à 2%) nous le relèverons". "Nous prenons parfois des décisions déplaisantes"..."Dans une économie de marché, il faut prendre en compte l'inflation future."..."La stabilité des prix, et les moyens pour y parvenir, n'empêchent pas les progrès". "Nous prenons toujours les décisions appropriées", conclut-il.

"Peut-on attendre des assouplissements?"demande J.M. Aphatie?-"Elles étaient réclamées avant la crise. La crise a nécessité des décisions adaptées. Nous avons fait mieux que les É.U.", conclut JCT.

"La hausse des matières premières peut-elle contribuer aux désordres monétaires, compromettre la lutte contre l'inflation?"-"Oui, mais l'inflation due à la hausse des matières premières doit rester provisoire. Il n'y a pas de baguette magique pour l'empêcher". "Les réformes prévues par le traité de Lisbonne ne sont pas toutes réalisées"*...

À une nouvelle remarque sur le niveau élevé de l'euro (ce qui lui fait plaisir) il répond que l'attention est captée par les difficultés budgétaires de certains états. Et il conclut: l'Union monétaire marche bien, l'Union économique doit faire mieux.

"Les monnaies des grands pays sont "flottantes", reprend JCT, "mais "ils", même les USA pour le dollar, les veulent fortes. "Nous" sommes déterminés à maintenir la stabilité de l'euro, nous travaillons dans la durée....sans complaisance, sans dramatisation....Tous les pays doivent appliquer les recommandations de redressement des comptes publics...Aucun pays n'a fait assez...la France  est toujours protectionniste dans le secteur des services**.

"Les achats de dettes souveraines par la BCE? "Tous les Lundis, nous publions la liste de nos achats de dettes publiques"..."En contrepartie, nous demandons aux états de poursuivre leurs efforts.."

"Faut-il augmenter le Fond de soutien (de la zone euro)?" "Oui", répond JCT, "en qualité (souplesse, réactivité), et en quantité".

"L'intérêt de la Chine pour l'Europe et les dettes de la zone euro? Y voyez-vous une forme de colonisation?"-"Non" répond JCT . "Si l'euro est trop fort, c'est qu'il a la cote. Les titres en euros sont très demandés. La zone euro inspire confiance".

"N"y-a-t-il pas un risque de déséquilibre au profit de la Chine? "insiste J.M.Aphatie. "Tous les investissements sont les bienvenus en Europe", répond JCT, "Tous les pays doivent coopérer à la consolidation de l'économie mondiale."-"Le yuan est-il sur-évalué?"-"Oui, je le crois"."Il y a aussi des réformes structurelles à accomplir dans les pays émergents".

Sur ces mots se termine l'entretien avec le Président de la BCE. Entretien très dense avec un homme calme, très contrôlé, mais sans faiblesse, n'évitant aucune difficulté. Un homme, ou une fonction, rassurants.

Sceptique

*J'ignore la liste de ces réformes, mais je doute qu'elles soient indolores.

**Quand Jean-Claude Trichet parle des services français, il s'agit des services publics, qui se défendent "bec et ongles", contestant les droits de l'État sur eux, mais pas ses obligations. Le lien avec l'entretien précédent, avec Guillaume Pépy, "PDG" de la SCNF se situe ici. 



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Commentaires
S
Ma sympathie, au sens affectif, en est multipliée.
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C
J'y ai travaillé vingt-neuf ans...
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S
Merci pour ces liens, qui m'ont permis d'explorer ces sites. Je suis depuis toujours favorable à l'Union Européenne et admiratif des hommes qui élaborent patiemment les divers compromis nécessaires, avec, dans les reins, les rappels des exigences intenables de leurs gouvernements. À chaque étape, je suis étonné qu'elle ait pu être franchie.<br /> Construite avec cette prudence et contre cette résistance, l'Union Européenne ne peut être perverse ou totalitaire, car ce sont des dérives individuelles ou oligarchiques. J'ai donc confiance, et je n'ai pas besoin de me plonger dans les détails. <br /> Il y a des côtés Pénélope dans ce travail, mais j'aime bien cette légende et ses personnages.
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C
A tout hasard, deux liens à ce sujet<br /> http://europa.eu/lisbon_treaty/index_fr.htm<br /> et<br /> http://traite-de-lisbonne.fr/<br /> mais je suppose que vous les connaissez.
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Sceptique
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