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Sceptique
19 février 2011

Éducation Nationale:la vraie réforme en marche

L'institution fait parler d'elle, régulièrement, de trois manières: ses succès parcimonieux: ses bacheliers de quinze ans, et les trois cents admis annuels à Polytechnique. Son échec large: les 150.000 élèves qui la quittent chaque année, sans aucun diplôme, et les autres, dont une bonne part a une pratique simplissime de la langue et de ses contraintes, orthographe et syntaxe, et la même réaction, face à la règle de trois, que la poule qui a trouvé un couteau. Ses grèves, qu'on peut dire "tournantes", tellement elles sont fréquentes. Sans oublier quelques phénomènes "structurels", comme l'absentéisme des enseignants, et la quasi impossibilité d'assurer le remplacement des absents.

Pourtant, on ne peut pas dire que les enseignants qui sont à leur poste ne font rien! Au contraire, leur programme journalier, dans le primaire, au moins, est très chargé et très divers, entre l'enseignement des "fondamentaux" et les activités d'éveil, qui agrémentent les heures passées à l'école. 

Au point que la réduction globale des horaires, créée par la suppression de la classe du Samedi matin, réduisant la semaine à quatre jours, est maintenant contestée, davantage par ceux qui se préoccupent du "temps de travail" des élèves, "stakhanovistes" à leur insu, que par ceux qui veillent sur le bien-être des enseignants. Comme il est socialement impossible de revenir sur la suppression de la classe du Samedi matin, il est question d'ajouter une demi journée le Mercredi. C'est peut-être possible dans les villes, ça ne l'est pas en zone rurale, où les transports scolaires constituent une charge très lourde. S'il devait être question d'alléger le programme, cet allègement ne pourrait se faire qu'aux dépens des activités d'éveil. Mais les ayatollahs de la pédagogie "spontanéiste" ne sont pas encore tous à la retraite!

Ceux qui veillent sur la réputation de l'Éducation Nationale voudraient bien qu'aucune étude comparative n'existe, qui mette à la disposition des médias et des décideurs* des informations susceptibles de la ternir (la réputation). Hélas, l'époque est à la sur-information (sinon à la sur-connaissance), et le décideur, en l'occurrence, a imposé un sondage des connaissances acquises en vraie grandeur, c'est à dire généralisé à tous les établissements du primaire. Quelques sabotages ça et là n'arrivent pas à priver de son sens le dit bilan: pas terrible!  Et sans rapport avec la dépense par élève.

L'institution n'ayant pas encore son indépendance comme la Cité du Vatican, ou la République de San Marino en Italie, la République, en la personne du Président de la République et du Ministre qu'il envoie au front, a encore le droit de donner son avis (au risque de déclencher une grève). La fièvre obsidionale chronique qui affecte l'institution me faisait régulièrement conclure à la nécessité d'une large autonomie, l'institution s'auto-gérant totalement, mais mise en concurrence avec des enseignements privés, soumis au même "cahier de charges". À savoir, la dotation assurée à chaque enfant de l'outillage indispensable à n'importe quelles études ou formations professionnelles, de son choix. Si cette autonomie, globale, et en détail, comprenant les établissements, existait, le martyr d'un Ministre deviendrait contestable.

Une double page du "Monde" du 11 Février m'a comblé de joie: l'autonomie des établissements du primaire et du secondaire est en marche, à "titre expérimental": 2000 écoles et collèges disposeront d'une autonomie pédagogique et de recrutement de leurs enseignants, à partir de la rentrée prochaine. La première marche de cet escalier vers l'autonomie véritable des établissements scolaires fut la suppression de la carte scolaire, dès l'entrée en fonction de Président de la République de Nicolas Sarkozy, en 2007. Cette suppression fut qualifiée de cadeau à la bourgeoisie, mais le plan de réforme en profondeur de notre enseignement vise à mettre l'excellence à la portée de tous. La seconde fut l'autonomie des Universités, réalisée à 90%, non sans grincements de dents. Si cette autonomie rapproche nos universités des modèles étrangers, elle était aussi destinée à servir de modèle à notre enseignement primaire et secondaire. Je cite un fragment des voeux adressés en ce début d'année au "monde de la connaissance"**, par Nicolas Sarkozy:"Si cela marche pour les universités, cela doit marcher aussi pour nos établissements, les lycées***. Et si, dans notre pays, on faisait confiance aux enseignants, en leur laissant un peu d'autonomie?"

Finalement, un Ministre chargé de réaliser un tel projet, même s'il doit en sortir tout meurtri, c'est utile!

Sceptique

*Décideurs: pour certains, fonction terriblement obsolète, à supprimer de notre vocabulaire.

**Cérémonie boudée par les syndicats de l'enseignement.

***Depuis la rentrée de 2010, les proviseurs des lycée disposent d'un tiers de leurs heures, à gérer en fonction de leur projet d'établissement. Pour la prochaine rentrée, ceux qui dirigent un établissement "difficile" auront "voix au chapitre" dans le recrutement des enseignants. S'ils l'utilisent, et si ça marche, la mesure sera renforcée.


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Commentaires
S
Il ne me semble pas possible de faire revenir l'institution, en bloc, à cette fonction originaire de l'enseignement. Elle est devenue excessivement centralisée et hiérarchisée. La majorité des enseignants est consciente des problèmes pédagogiques, les plus virulentes critiques, de vrais brûlots, sont de la plume d'enseignants. Et pourtant, rien ne bouge.<br /> L'autonomie des établissements, et plus de liberté d'appréciation des enseignants, devraient permettre un exercice plus libre, plus en rapport avec leur désir de transmettre.<br /> Une émulation entre les établissements, des avantages financiers associés aux résultats, complèteraient ce nouveau système.
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P
je ne suis pas contre l'autonomie, mais je doute que ce soit la "vraie réforme". A mes yeux la "vraie réforme" consisterait surtout revenir à une école recentrée sur la transmission des connaissances (ce qui ne veut aucunement dire ignorer l'élève).
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Sceptique
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