Frédéric Mitterand au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro

Frédéric Mitterand, notre Ministre de la Culture et de la Communication, est un symbole au sein du gouvernement, celui de la capacité du Président de la République à dépasser, voire,à bousculer, les frontières qui séparent les familles politiques, à l'instar des Capulet et des Montaigu*.

Ce qu'en dira notre Ministre de la Culture, homme cultivé et sensible, calme et réfléchi, selon lui-même, qui s'affirme d'une solidarité sans faille avec le gouvernement et le Président, c'est que s'il a profondément admiré son oncle Président, il a toujours conservé l'idéal chrétien social des ses parents et de la famille Mitterand. Il affirme que François Mitterand n'en était pas moins imprégné. L'élection de François Mitterand, applaudie par lui même et ses parents, lui a permis de dégager sa propre définition politique: gaulliste social.

Étienne Mougeotte réagit alors, rappelant la rivalité agressive manifestée par François Mitterand à l'encontre du Général de Gaulle, tout au long du "règne" de ce dernier(qu'il avait mis en ballotage lors du renouvellement de son mandat). Je n'ai pas saisi de réponse du Ministre à cette remarque véhémente.

Des questions sur son champ de responsabilités ont évidemment constitué l'essentiel de l'émission.

Le "mur de la Paix", érigé sur le Champ de Mars**, pour une durée qui devait être limitée, et qui est toujours là, malgré les protestations des riverains, soutenus par leur Maire, Rachida Dati?  Il en propose le transfert à la Villete, propriété du Ministère de la Culture.

Le cinéma, objet de l'imminent Festival de Cannes: Étienne Mougeotte interpelle le Ministre sur le volume des aides au cinéma et la proportion de "fours" ou de "navets" produits. 45%! Frédéric Mitterand défend le principe du soutien aux jeunes créateurs, rappelant que tous les cinéastes en renom ont connu des échecs***. En passant, il révèle que ce cinéma d'auteur français est très apprécié, voire admiré, par les universitaires américains. Béotiens de français, va!

Le film "La conquête" (la marche de Sarkozy vers la Présidence)? Il ne l'a pas encore vu. Il le verra au Festival de Cannes. Que le cinéma se saisisse de l'actualité s'est déjà vu, et il n'y voit aucun inconvénient. Le Président Sarkozy non plus, affirme-t-il.

Ne craignez-vous pas d'être interpellé sur les propos et les mesures de Claude Guéant, Ministre de l'Intérieur? "J'ai mes convictions, ma sensibilité, mes "douleurs", mais je suis solidaire du Gouvernement dont je fais partie". 

Le financement du cinéma? Les distributeurs par Internet devraient participer au financement (au moins des nouveaux films). La façon d'y parvenir ne serait pas encore au point.

La Loi Hadopi? Son bilan est très positif. Les receveurs d'avertissements arrêtent de pirater, les autres se reportent de plus en plus sur les offres légales."On" a fait avancer la prise de conscience...

La Télévision et les interventions des politiques? "J'en entends parler depuis toujours. Le système de nomination antérieur (à sa remise au président de la République, après examen des candidatures par le Parlement) était très hypocrite. Il n'y aurait aucune intervention (au jour, le jour) actuellementL Le directeur nommé est très compétent et ses décisions sont justifiées.

L'attribution de canaux supplémentaires, et le conflit qu'il a déclenché? Il y a le changement de formule annoncé par Canal+(chaine non cryptée), et un litige avec Bruxelles...Il y a un risque de déstabilisation....Il faut attendre et réfléchir****.

La crise du fotball? "Je suis sensible aux arguments de Laurent Blanc. Zinédine Zidane prend aussi sa défense...Elle reflète, cette crise, l'atmosphère de méfiance, de complots, de rumeurs qui touche la société française."

La situation de la Presse écrite? Le déficit abyssal des NMPP? Un coup d'enscensoir en direction des ouvriers des NMPP, et quelques mots sur les solutions en préparation (formation de coopératives).

France 24 et son conflit de personnes à sa direction? "France 24 est une réussite. Le conflit met en danger l'équipe qui fait fonctionner la chaîne."

Sceptique

*Le Président nomme "ouverture" ce recrutement d'adversaires compétents. Malgré ses efforts, le "rendement" est resté faible. Un seul encore en poste, Éric Besson. C'est peut-être, effectivement, davantage l'effet d'une haine recuite entre familles qu'une réelle différence de pratique: placée au pouvoir, la gauche, après son entrée en matière démagogique, calme ses ardeurs coûteuses en argent et en votes. Pas assez cependant pour aller plus loin que ses cinq ans de bail.

**Je n'en avais jamais entendu parler!

***Il n'y a cependant pas d'analyse des échecs et de mise en question de la capacité professionnelle des postulants à l'aide officielle. Il y a une sécurité pour les réalisateurs de "nanars".

****"Attendre et réfléchir" est le pléonasme préféré de Frédéric Mitterand.