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Sceptique
4 septembre 2011

Tout ce qui sera permis deviendra obligatoire? Ne permettons RIEN!

Je me demande si la France n'abrite pas le dernier carré des défenseurs d'une éthique dictée, c'est à dire venant d'un ailleurs qui avait un nom: Dieu, mais qui n'en a plus, sans cesser pourtant d'exister. Le dicté, le diktat, est devenu un "c'est comme ça, et pas autrement", un système de valeurs qui s'enracine dans le passé de l'humanité, et qui la définirait. Tout ce qui ne s'y conformerait pas serait inhumain.

"Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front', dit le Créateur à Adam, qui a mangé du fruit défendu. "Tu enfanteras dans la douleur" dit-il à Ève, instigatrice de la faute. Avant, ou après, il ajoute qu'ils seront mortels. Na!

Pendant des millénaires, les descendants d'Adam et Ève, puis ceux de Noé, sauvés du déluge nettoyeur, ont accepté tous les aspects de la condamnation divine. C'était la vie.

Et puis, saisis par le doute, troublés par les travaux sulfureux d'un Copernic*, d'un Galilée, et surtout, d'un Charles Darwin, des hommes ont commencé à douter que leur histoire fut si simple. Le chemin qu'a suivi depuis l'humanité vers la connaissance, tout le monde le connait. L'ensemble de notre histoire, nous savons maintenant que c'est nous qui nous la sommes racontée. L'imagination nous a servi de savoir pendant longtemps .

Avec beaucoup de difficultés, de réserves, de dénis, de cramponnements à nos mythes, nos sociétés humaines ont du composer avec ces nouvelles connaissances et se poser des questions sur ce destin tragique, punition d'une faute originaire.

Du côté des hommes, des "mâles", l'épée et le boulier** se sont avérés bien plus rentables que la houe, ou même l'araire. Ce n'était pourtant pas dans le texte!

Du côté des femmes, les choses sont allées nettement moins vite. Leur destin était d'enfanter, et d'en mourir, un peu trop souvent. D'en souffrir allait de soi. Être stérile n'était pas plus enviable: la répudiation, la honte, la solitude définitive pour la plupart.

À la sortie de ce long parcours dans l'ignorance, l'état de la partie de l'humanité dont nous pouvons parler était le suivant: aux hommes le devoir de travailler, s'ils n'avaient pas la vigueur pour se battre, une espérance de vie de 45 ans, en moyenne. Aux femmes, le devoir de faire des enfants, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Une espérance de vie d'environ 35 ans.

Au tournant de l'avant dernier siècle et du dernier, des progrès de l'hygiène, motivés par la découverte des microbes et de leur rôle, et de la médecine (vaccinations), portent un coup d'arrêt à cette fatalité. D'une génération à l'autre, 90% des enfants survivent, au lieu de 30. La mortalité de l'accouchement s'effondre, tant au moment de l'évènement que dans ses suites. Ce qui ne tarde pas à poser le problème de la charge excessive des enfants survivants sur les couples pauvres. Les femmes pourraient-elles avoir la permission de limiter ces grossesses à répétition? Que nenni! Rien n'est prévu de cet ordre. Interrompre une grossesse est un crime. De la femme et de celui ou celle qui l'aide. Si les femmes ne veulent pas d'enfants, la vertu est bien suffisante, et à la portée de toutes.

Chaque étape: contraception, IVG, pour le contrôle personnel de l'enfantement, procréation médicale assistée pour celles qui refusent leur stérilité, a engendré de furieux débats et retardé la satisfaction de ces demandes, bien plus en France que dans les autres pays de l'Europe.

Car, dans l'esprit de nos femmes, au fur et à mesure des progrès techniques, le "devoir" d'enfanter s'est transformé en "droit ", en "liberté", individuels. La société doit donc, non seulement mettre à la disposition de celles qui se trouvent enceintes de manière inopportune les moyens de l'interrompre, mais aussi, faire de même pour celles qui veulent un enfant, et se heurtent à une difficulté à le concevoir, puis à le garder dans leur ventre jusqu'à ce qu'il soit viable. L'exploration de ces stérilités a, par elle-même, fait progresser la connaissance de la reproduction, ouvrant vers d'autres solutions, au cas par cas. Chaque solution doit passer par les fourches caudines des gardiens des vertus originaires. Aucune n'est passée facilement, quelques unes restent interdites en France, semble-t-il pour longtemps (à notre échelle!).

Cette résistance à l'évolution "individualiste" de notre civilisation est le fait de philosophes, de biologistes et de politiques, qui professent que ces valeurs "hétéronomes", qui ont été mises en place par le monothéisme il y a quelques millénaires, doivent être confirmées par la décision "autonome", mais unanime, de notre société. Les transgressions individuelles commises par des femmes ou des couples, hors de notre territoire, sont frappée par nos interdits, sont "nuls et non avenus". Par exemple, les enfants obtenus par recours à une mère porteuse, sont "non nés", et bien sûr, apatrides. Comme les parents cherchent à les faire sortir clandestinement de leur pays de naissance, s'ils sont pris, ils vont en prison, et les enfants sont placés en orphelinat. Le tout pour cette raison "frontalière" seulement, puisque le pays tolère les "mères porteuses".

Ce problème de "procréation assistée" n'est pas le seul. Les recherches sur l'embryon, dès qu'il n'est pas destiné à être implanté (avec de faibles chances de succès), ou son implantation après la mort du "père", sont, par principe, interdites (les tolérances sont rigoureusement encadrées), les autres "problèmes" posés par la fin de vie, opposent "la civilisation", dont les "bases" ont été rebaptisées "acquis" (Sylviane Agacinski), à l'individualisme "forcené". Rebaptisé, car il nécessite la participation de spécialistes, "instrumentalisation de l'être humain"***, par Jacques Testart, biologiste de renom, auteur de la tribune publiée par le "Monde" du 1er Septembre 2011(p.19), dont ce billet est une contestation.

Notre auteur préconise la constitution de jurys citoyens chargés de faire valoir leur point de vue (sélectionné) sur ces graves questions.

D'abord, c'est en partie ce qui s'est fait lors de la préparation de la dernière révision des lois de bio-éthique. Des citoyens ont d'abord été informés des problème en jeu, puis, associés aux travaux des spécialistes. Il est apparu que leur ignorance s'est transformée en certitudes...conservatrices. Ils ont participé au "statu quo" qui a conclu le débat de préparation, puis, le débat parlementaire qui l'a décidé.

Jacques Testart voit juste: les hommes sont contre les libertés dont ils n'ont pas besoin personnellement. Le conservatisme est naturellement majoritaire. Les décisions progressistes sont toujours soutenues, portées, par l'autorité politique, qui passe outre à la résistance de la société.

Sceptique

*Copernic et Galilée n'ont fait que réhabiliter et défendre un savoir grec.

**Ancêtre de la calculette.

***L'opération de l'appendicite est déjà une "instrumentalisation de l'être humain".

 

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