Brèves politiques (III)
Des bonnes nouvelles d'Amérique
Les États-Unis viennent de connaître une vive hausse des créations d'emplois, supérieure aux attentes. Cette hausse est significative. Ce pays libéral ignore l'usage des emplois artificiels destinés à masquer la réalité économique. L'américain est familier de ces fluctuations de l'emploi. Il n'est pas accroché à son terroir et n'hésite pas à aller à la rencontre de l'employeur. Cela veut dire que l'esprit d'entreprise a grignoté les effets de la crise qui est partie des U.S.A.. En même temps que la reprise de l'emploi, il sera logique de voir s'y associer une hausse de la consommation, et un retour de la confiance. C'est encore une récompense pour Barack Obama, qui s'est démené, dans les limites imposées par la culture américaine, pour faire sortir l'Amérique de la crise. C'est enfin l'éloignement du spectre du retour aux affaires des conservateurs qui rivalisent d'obscurantisme et d'anti....américanisme(eh, oui!), en inventant une Amérique des États. C'est le "souverainisme" à l'américaine!
De la tonte des oeufs
Ce qui distingue la gauche de la droite, c'est évidemment la cible(au sens propre, balistique) sociologique. Le choix lui est plus facile qu'à la droite. Réputée ne se préoccuper que des "riches", en proportion faible en France comme ailleurs, la droite devrait, normalement, rester à jamais minoritaire. C'est la principale source de la perplexité de la gauche: comment se fait-il que sa générosité soit si mal récompensée? Pourquoi le peuple se montre-t-il si ingrat envers des partis aussi dévoués à sa cause*?
Le brain-trust du candidat François Hollande travaille sur le projet fiscal annexé au programme du P.S. , et, il me semble, irait volontiers plus loin et plus vite que le candidat lui-même. Le projet ne se contente pas de remplir les caisses de l'État et de régler au plus vite le problème de notre déficit et de l'endettement qui commence à être mal vu. Il a une dimension sociologique: la disparition des riches, soupçonnés de faire concurrence à la générosité de la gauche par la fascination qu'ils exercent. La preuve en serait le succès de la Française des Jeux et de ses promesses de fortune immédiate, et insoupçonnable d'une quelconque exploitation de l'homme par l'homme, comme l'est tout enrichissement progressif et ordinaire. Une telle mentalité pose un problème sérieux à des hommes qui méconnaissent l'imprégnation de leur esprit par les anathèmes christiques.
Ils avaient sauté sur une recette (au sens culinaire) d'un homme de leur bord, particulièrement radical en la matière, proposant un prélèvement à la source d'un ensemble impôt sur le revenu+ C.S.G. au même taux progressif(un tantinet gonflé) que l'impôt sur le revenu actuel. Les ravages calculables sur la gestion des ménages d'une telle ponction sur le revenu, avant même le calcul exact de l'impôt réellement du, tenant compte des charges(hors niches fiscales, supprimées) qui diminuent le revenu et l'impôt, et les remboursements éventuels du trop perçu**, semblent avoir donné le frisson aux plus politiques de l'équipe, et au candidat lui-même. Il s'ajoute à ce projet une remise en cause du quotient familial, qui, en matière d'impôt, ne profite qu"aux familles aisées. Tant il est vrai que l'enfant d'un couple imposable provoque une baisse de l'impôt payé par ses parents, tandis que l'enfant d'un couple non imposable ne change rien à la situation. Or, un enfant de riche, c'est forcément un futur électeur de droite (statistiquement parlant, car il y a des exceptions), et il serait justifié de prévenir une telle fatalité.
L'infidélité du peuple de gauche pèse manifestement sur le projet, dont les aspérités subissent un vigoureux polissage. C'est le candidat qui évaluera la finition.
Sceptique
*C'est sa politique de sécurité qui fait le plus de mal à la gauche. Elle en est le plus souvent consciente, mais ne résiste pas à son angélisme.
** Si le projet était intégralement appliqué, les familles disposeraient d'un revenu uniforme et faible, pendant les neuf premiers mois de l'année, puis, d'un revenu "normal", augmenté du remboursement du trop perçu, après examen de leur déclaration. Rappelons que sauf les 2%, séquelles de son invention par Michel Rocard, la CSG est déductible: "on" ne paye pas d'impôt sur de l'argent dont on n'a pas disposé. Avec la réforme pique-tout, elle ne le serait plus.