Mensonges à tous les étages.

J'ai déjà évoqué cette banalité, particulièrement accentuée par la crise mondiale, économique et morale. Servie à tous les repas, au monde entier, en temps réel. Dès le petit-déjeuner, tout "homo sapiens" branché reçoit sa dose de malheur annoncé.

Sauf les français, ces chanceux! Si certains pensent que tout va mal, ce n'est pas faute de s'entendre dire que le renvoi du coupable et de ses complices va régler tous les problèmes.

C'est ce que confirme la formule temporaire du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, privé de sa mise à la question d'une personnalité politique en vue, appartenant à la majorité, ou à l'opposition. 

Sous la houlette de Jean-Michel Aphatie, de RTL, les représentants de LCI et du Figaro débattaient avec deux journalistes de la presse écrite. Hier, c'étaient Challenges et le Monde, dont les journalistes s'exprimaient en conscience, assez loin, il me semble, de leurs lignes éditoriales. 

À les entendre, les candidats mentent tous, chacun à sa manière, mais par nécessité. Aux électeurs de choisir, soit le meilleur mensonge, soit le meilleur menteur. Il semble exclu que la parcelle de vérité de chacun soit déterminante.

Menteurs sur les objectifs à atteindre, sur les moyens d'y parvenir, sur les obstacles et les résistances prévisibles, sur le point de vue des partenaires de la France. À quoi s'ajoutent les mensonges des électeurs sur leurs intentions de vote, particulièrement ceux du Front National.

François Hollande, donné encore vainqueur au second tour, mentirait avec la prudence qui le caractérise, sur les chances d'une politique de redistribution amplifiée et ciblée, tant du côté des contributeurs, que des parties prenantes. Et à somme nulle, en plus, sans effet sur la dette actuelle de l'État. Mensonge ou vérité, on ne sait, sur ce qu'il concèdera à son concurrent et frère d'armes sur sa gauche, l'impétueux Jean-Luc Mélenchon et son Front de Gauche.

Ce dernier ment sur la faisabilité de sa Révolution citoyenne, qui fait table rase des droits des mal-pensants et des obligations européennes et mondiales de la France. Les intentions de vote que les sondages lui prêtent sont flatteuses, mais insuffisantes. Il lui faudra les revendre au meilleur prix. Lequel? Là aussi vendeur et acheteur vont....marchander âprement.

François Bayrou ment peut-être plus à lui même qu'à ses fidèles, par ses illusions sur son audience, et le déni de sa solitude.

Marine Le Pen se ment à elle-même, elle aussi, sur la faisabilité de son programme d'une part, et , surtout, la disponibilté d'un complément de voix au deuxième tour, en cas de réédition du 22 Avril 2002, la faisant dépasser  50%. 

Les petits mouvements de droite et d'extrême-gauche, sont, à leur habitude, dans la fiction don-quichottiste, à laquelle Nathalie Arthaud appelle à la rescousse un moulin à prière tibétain.

J'ai failli oublier EELV et sa candidate Éva Joly, qui pratique, au contraire des autres la vérité-pas-bonne-dire, un "pov-con-tire-toi" dit avec un sourire qui découvre les canines, adressé à tous ceux qui aiment leur vie telle qu'elle est, la France, telle qu'elle est, jouisseuse. Si elle pouvait pousser l'hexagone vers les îles Feroë, quelle belle association elle ferait avec sa chère Norvège!

Et le Président-candidat, Nicolas Sarkozy? Il mentirait par omission en ne parlant pas de son bilan. Qu'il serait obligatoire de trouver mauvais. À ce sujet, ce ne serait pas pour son bilan que la gauche mitterrandienne aurait perdu sa majorité en 1986, 1993, et 2002? Elle s'en tient à l'ingratitude du peuple.

Son programme, d'austérité et de rétablissement des comptes publics n'est pas spécialement démagogique et ne peut pas séduire. Sa méthode, attaquer, mettre en doute, les propositions de ses adversaires, attaquer leur personnalité, jusqu'à les fâcher, les faire sortir de leur self-control, et pour celà, libérer, donner libre cours à sa dose de méchanceté intime, la théâtraliser, c'est utiliser la force de la fiction.

Sceptique