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Sceptique
1 mai 2012

La société française et ses syndicats.

La France, comme société, a un problème avec ses syndicats. Leur nombre est considérable, si on ne se limite pas aux grandes centrales qui s'appuient sur le contrôle des services publics, dont elles ont su faire des confréries avantageuses. Mais, pas exclusives. Elles doivent se les partager.

Quant aux activités privées, leur taux de syndicalisation est excessivement bas, ou éparpillé en de multiples organisations dépourvues de moyens et pratiquant la surenchère.

La proportion moyenne de cotisants est autour de 8% des salariés, ce qui en dit long sur le taux de syndiqués des salariés du privé. De même, du taux de cotisants des organisations syndicales de professions non salariées, mais qui ont des intérêts catégoriels à défendre dans un monde spontanément injuste, où n'est servi que celui qui réclame, avec force.

Le syndicalisme se justifie uniquement par cette injustice "naturelle", qui préside aux rapports humains, proportionnellement au nombre de parties prenantes. Les grandes injustices sociales sont apparues avec le capitalisme, capable de concevoir et de faire fonctionner des entreprises employant beaucoup de monde, mais oublieux, "naturellement", des besoins des salariés, indispensables, mais anonymes et interchangeables. Ce qui ne veut pas dire que la situation était meilleure auparavant, mais les ampleurs étaient moindres.

Les syndicats sont donc des contre-pouvoirs tout à fait indispensables à la bonne marche d'une société industrielle, ce qui est encore, de nos jours, une valeur sûre. "On" a cru, il y a quelques années, à la fin de ce modèle pour les sociétés développées, et à la spécialisation des sociétés, l'industrie étant confiée aux pays émergents, et les services à forte valeur ajoutée réservés aux sociétés développées, parmi lesquelles nous aimions à situer la nôtre.

Malheureusement, les émergents n'ont pas joué le jeu. Ils nous ont pris toutes les industries manufacturières, mais aussi les services, pour lesquels ils disposaient de gens suffisammant formés pour les assurer à vil prix.

Le problème français est que notre culture syndicale ne facilite pas la prise en compte de cette réalité. En effet, en raison de la surenchère permise par la dispersion syndicale, elle se limite à la défense de l'intérêt des salariés, en écartant du débat le sort de l'entreprise comme entité, et de ses clients, totalements abstraits. Quant aux intérêts des entrepreneurs et des actionnaires, ils sont nuls et non avenus. Le résultat de cette absence de solidarité, de privilège de la lutte contre le patron et/ou le capitalisme, c'est la destruction inexorable de notre tissu industriel, de nos entreprises à valeur ajoutée faible ou moyenne, exposées à la concurrence mondiale.

Comment sortir de cette guerre civile chronique, préjudiciable à l'échelle nationale autant qu'à un échelle locale, où la fermeture d'une usine fait régresser le niveau de vie d'un territoire?

Bien sûr, pas en affaiblissant les syndicats, mais au contraire en les renforçant, tout en élevant leur niveau de responsabilité. Actuellement égal à zéro, tant civile que pénale. Comme institutions, nos syndicats sont hors du droit commun.

Lors de la campagne présidentielle de 2007, la candidate socialiste Ségolène Royal a exprimé publiquement une proposition qui rejoignait ma préoccupation: rendre obligatoire l'adhésion à un syndicat. Pour tout salarié, bien sûr. Mais j'ajouterai: pour tout travailleur, quelque soit la nature du travail. 

Actuellement, ce qu'arrache, ou obtient par la négociation, un syndicat, est applicable à tous les salariés concernés. À quoi bon, alors, cotiser? Et si l'action excessivement prolongée du syndicat ou des syndicats, aboutit à la fermeture de l'usine, c'est tant pis pour les salariés. Leur recours à la justice prendra des années et aboutira à une indemnisation qui n'aura pas de payeur!

L'action syndicale s'apparente à celle d'une assurance. On sait combien serait le pourcentage d'assurés si l'assurance n'était pas obligatoire pour des risques hautement probables: accidents de voiture, incendie, vol, dégâts des eaux, catastrophes naturelles. Il n'y donc rien de choquant à imaginer l'adhésion obligatoire à un syndicat.

La résistance est "tripolaire": les bénéficiaires, les salariés, ne veulent pas voir une cotisation amputer leur salaire. Les patrons ont tout intérêt à la faiblesse syndicale. Et les syndicats ne veulent pas du statut de personne morale, du volet responsabilité civile et pénale. Les solutions opaques et indirectes de leur financement leur conviennent. Pas seulement à eux, d'ailleurs.

Cette réforme ne viendra que d'une volonté politique courageuse.

Sceptique 

 

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Commentaires
S
...que l'État verse des subventions pour la "formation" des délégués syndicaux, que les syndicats se financent sur le budget de la formation professionnelle, dont une partie leur est confiée. <br /> <br /> Si la gauche, drapée dans sa vertu, reprend les rênes du pays, peut-être fera-t-elle le ménage dans ces scandales? Elle n'y a pas touché quand elle a été responsable du pays, et Sarkozy avait trop besoin d'une (relative) coopération des syndicats pour toucher à ces pratiques...féodales.<br /> <br /> Les séquelles de cet esprit imprègnent encore nos mentalités, nos départements du Nord-Est exceptés (ou dans une mesure nettement moindre). La décentralisation n'a rien arrangé.
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S
le financement des comités d'entreprise (au delà de 50 salariés), n'est pas destiné au financement des syndicats, mais des plaisirs qu'ils organisent pour les salariés et leurs familles. Bien sûr, il y a eu quelques scandales touchant des grandes entreprises, "publiques", dont les CE sont devenus la banque des syndicats gestionnaires. Le dernier rapport parlementaire sur le financement des syndicats a été mis au coffre-fort vite fait. Il devait être explosif.<br /> <br /> Cette situation est malsaine, et quand on lit les commentaires des internautes sur ces affaires, on voit combien sont mal vus les syndicats et les syndicalistes, par ceux qu'ils sont censés représenter et défendre.<br /> <br /> Il faut être franc: il faudra un courage, une obstination considérables pour mettre en chantier et faire aboutir une telle réforme, envers et contre les parties prenantes.
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S
Bonjour,<br /> <br /> Autant que je me souvienne, les syndicats sont principalement financés par la dotation obligatoire au comité d'entreprise.Cela revient au même titre, que les cotisations sociales patronales considérées comme un salaire différé.<br /> <br /> Si, au lieu d'attribuer cette somme au C.E., on l'attribuait à chaque salarié sous forme de chèque syndical, uniquement attribuable à un syndicat déterminé comme représentatif, et que l'on généralise cette contribution à toutes les entreprises, avec éventuellement un abondement symbolique prélevé sur la paie du salarié (0,05% du brut par exemple),on obtiendrait alors une ou des organisations fortes à qui l'État serait en droit d'exiger une gestion rigoureuse associée à une responsabilisation de ses actions.<br /> <br /> Il existe bien sur d'autres possibilités allant dans le même sens.
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S
Il faudrait arriver à une application du droit commun. Les syndicats n'ont même pas le niveau de responsabilité d'une association Loi de 1901. Les membres sont responsables individuellement des délits, mais pas le syndicat, quand son action, par exemple, précipite la faillite de l'entreprise(LIP). Leur financement est encore opaque, bien qu'ils soient maintenant obligés de tenir leur comptabilité. Mais la plupart ne pourraient tenir avec leurs seules ressources.<br /> <br /> Avec une affiliation obligatoire, renouvelable tous les deux ans, et une responsabilité vis à vis de leurs mandants, ils seraient amenés à changer leur façon de défendre les salariés, à ne plus prendre le risque de ruiner l'entreprise. <br /> <br /> Actuellement, ils constituent une telle gêne, que les PME s'efforcent des rester au dessous du seuil de 50 salariés, pour éviter l'obligation de créer une section syndicale dans l'entreprise, avec délégué et CE. Cet auto-contrôle est préjudiciable à notre industrie, bien entendu.<br /> <br /> Plus assurés financièrement, ils pourraient soutenir et conseiller les salariés voulant reprendre leur entreprise en difficulté. Leur jusque-boutisme actuel est très préjudiciable....sans préjudice juridiquement attaquable.<br /> <br /> Comme vous le soulignez, dans l'état actuel, l'idéologie anti-patronale peut se déployer sans limites, sans auto-critique.
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L
La réforme du statut des syndicats, ou je ne sais quelle réforme qui toucherait aux syndicats, s'avère plus que nécessaire, indispensable.<br /> <br /> Ceux-ci ne sont pas conscients des contraintes sociales de l'employeur et très souvent partisans. Ils favorisent les salariés plus que l'employeur, alors que presque toujours l'intérêt du salarié est correlé à la réussite de l'employeur. Les syndicats officiellement se défendent d'être partie prenante et subjectifs, mas officieusement, en coulisse ils nous disent que parfois ils sont amenés à défendre des salariés indéfendables.<br /> <br /> Pourtant syndicats et entreprises sont utiles l'un pour l'autre.<br /> <br /> Mais je vous vois venir et me demander : "Mais à quoi peuvent-ils donc servir ?" Par exemple ils permettent par leur contact du terrain, d'instaurer un nécessaire dialogue entre patrons et salariés, et de mieux appréhender les restructurations, parfois utiles<br /> <br /> Mais ils n'acceptent pas les licenciements alors que ceux-ci ne sont pas toujours un échec, mas peuvent être un mal nécessaire<br /> <br /> La flexibilité du marché du travail devrait s'accompagner d'un renforcement des syndicats sur le terrain (je ne parle pas des centrales qui sont de véritables organes politiques au service de la gauche et surtout l'extrême gauche). Mais des syndicats responsables, décisionnaires, impliqués dans la réussite de l'intérêt collectif et non pas de l'intérêt particulier<br /> <br /> Mais question, comment peuvent-ils monter en responsabilité, dans les processus de décision des entreprises ? N'est-ce pas à eux premièrement de s'y impliquer de conquérir les PME, ce qui impliquerait de leur part un autre regard, plus constructif ? Ou au contraire est-ce l'état qui doit s'ingérer sur ces questions, légiférer afin de renforcer leur rôle, ou comme vous le suggérez rendre obligatoire leur adhésion<br /> <br /> Bien des questions sans réponse. Et aujourd'hui un constat primaire. Les syndicats ne s'adressent qu'aux fonctionnaires et assimilés, ils sont sur représentés médiatiquement mais invisibles pour grand nombre de travailleurs
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Sceptique
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