Et maintenant?
François Hollande a gagné: 51% et des poussières. Nicolas Sarkozy a perdu: 48% et des poussières. 6% des voix ont été perdues, pour le second plus sûrement que pour le premier.
Si ces résultats sont constitutionnellement acceptables et légitimes, ils n'en restent pas moins les preuves d'une division droite-gauche profonde et durable du peuple français. La Constitution de la Vème République a pris acte de ce clivage et a rendu la France gouvernable à une faible majorité, mais liée par un contrat de gouvernement, rédigé comme celui d'un actionnariat de société anonyme: les droits sont proportionnels au nombre d'actions. D'où l'intérêt de l'étape suivante, les élections législatives, avec le même type de scrutin....pour le moment.
À droite comme à gauche, ce sont deux conservatismes qui s'opposent. Conservatisme de valeurs et d'une hiérarchie, d'un côté, conservatisme d'idées devant transcender la réalité, et d'avantages acquis, de l'autre. Des traits communs subconscients les réunissent: une défiance globale à l'égard de la liberté, à droite, une tentation d'en faire le privilège des bien-pensants, à gauche. Une approche différente de l'égalité: des chances, à droite, réelle et si besoin contrainte, à gauche. L'unanimité se réalise sur la fraternité: c'est une belle fiction. De part et d'autre, à un degré de franchise différent, la recherche d'un leader, d'une personnalité dominante qui puisse être une référence. La durée de vie de cette référence peut être longue, surtout après nettoyage et restauration soigneuse. François Hollande s'est efforcé de marcher dans les pas du père(adoptif) des socialistes, François Mitterrand. Nicolas Sarkozy, ce ce côté là, a été en manque. Au sens propre, et au figuré. Il ne peut être confondu avec le refondateur de la droite, De Gaulle, et il y a un vide historique réel entre les deux. C'est plutôt lui, Nicolas Sarkozy, qui fera figure d'ancêtre et de référence aux présidents de droite du futur. Car les handicaps structurels, auxquels a essayé de s'attaquer Sarkozy, ont été sauvés par la crise, qui a fait lever leur siège, pour aller colmater de vraies voies d'eau. C'est maintenant à François Hollande et à sa majorité de s'occuper, même en maugréant, du navire malmené par la tempête, et d'en revoir les points faibles. Car ils ne se sont pas transformés en points forts du simple fait du changement de majorité!
Si "la France seule", pièce maîtresse du patriotisme français, domine également tous les courants de pensée...française, la réalité est différente. C'est toute la flotte européenne qui est endommagée, plus particulièrement la méridionale...dont nous sommes les plus proches. Or, le rassemblement des États de l'Europe, la mise sous le même pavillon de l'escadre, était, et reste une fabuleuse idée. Même si le désaveu de ce rassemblement a réuni une bonne proportion d'électeurs, tant à droite qu'à gauche. Si chaque parti noniste de 2005 revendique pour lui la totalité des NON, la vérité est que le NON est, refoulé, ou assumé, dans le coeur de chaque français. Le OUI n'a jamais eu d'autre défenseur que la RAISON. Elle est quand même nécessaire!
Nicolas Sarkozy, perdant, s'est retiré avec une grande dignité, appelant ses partisans à respecter les résultats de l'élection, et de rester unis autour des valeurs de cette droite là, et dans la structure qui les représente, l'UMP. Même si on ne peut jurer de rien, c'est certainement le bon sens.
Sceptique