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Sceptique
18 mai 2012

Les nantis du monde ne veulent plus de la science (III)

Les douches froides

Les sciences fondamentales ont pris leur essor au 19ème siècle, et leurs applications pratiques les suivent de près. La vie des sociétés occidentales en est profondément transformée. L'automobile a été la première à susciter l'intérêt des hommes. Dans la foulée, l'aviation progresse aussi vite. Le moteur à explosion est une trouvaille excitante, dont les utilisations apparaissent comme infinies. La machine à vapeur et ses immenses services rendus semble vouée au musée.

Mais l'esprit des hommes, lui, n'est pas modifié. L'avantage qu'il peuvent tirer du développement technologique et industriel concerne aussi la force qu'ils peuvent mettre en jeu dans leurs rapports avec les "autres". La deuxième moitié du 19 ème siècle a vu les puissances occidentales se partager le monde grâce à ses armes et à ses navires de guerre, en bon acier, et propulsés par ses machines à vapeur. Seul, dans l'extrême-orient, le Japon, qui a vu l'avantage que ces nouveautés donnaient, les a ajoutés à sa propre culture, et n'a pas tardé à égaler, en puissance militaire, les nations occidentales.

Toutes ces machines, roulantes, volantes, qui s'ajoutent aux flottantes, intéressent quelques militaires. Je dis quelques, car, à l'époque, les militaires sont encore conservateurs. La guerre se fait d'abord avec du sang. L'essentiel est d'en disposer en grande quantité. La façon dont on le fait couler importe peu. Mais quelques uns parmi les plus jeunes se passionnent pour ces machines roulantes et volantes, et imaginant leur utilisation guerrière, en devinent les avantages sur un ennemi qui ne les posséderait pas. 

Quand la première guerre mondiale éclate en 1914, les troupes engagées ne se déplaceront qu'à pied, ne combattront que sous forme d'assauts, à l'ancienne, visant à submerger l'adversaire sur la défensive. Comme lors des précédentes guerres, cette tactique semble encore efficace. Mais elle est épuisante, terriblement meurtrière, et indécise. Les armées s'enterrent sur les positions acquises. Mais ça ne peut pas durer, et il faut concevoir les moyens de briser le front et de reprendre les mouvements nécessaires à la libération des territoires occupés par l'ennemi.

L'artillerie prépare l'assaut, escomptant la peur de l'ennemi attaqué et les destructions subies par les ouvrages défensifs. C'est ainsi que se menèrent les grandes batailles terrestres de la Somme et de Verdun, avec leurs centaines de milliers de morts et de blessés. Le rapport entre la puissance de feu et la mobilité des troupes était gravement déséquilbré, et cette saignée ne serait pas indéfiniment supportable. Sur mer, les batailles se livraient à coups de canon de longue portée, pointés sur des mats ou des cheminées dépassant l'horizon. On vit apparaître les premiers sous-marins, qui ne s'attaquaient qu'aux navires civils. Mais la maitrise des mers par un des deux camps contribua à l'épuisement de l'autre, et permit la conclusion d'un armistice boiteux, puis d'une paix qui ne l'était pas moins.

À peine vingt ans plus tard, marqués par une grave crise économique qui affecta surtout les sociétés industrielles, les combats reprirent, entre les mêmes adversaires, mais cette fois-ci associés à une progression considérable de l'avion et des véhicules automobiles, et des doctrines d'utilisation de leurs versions militaires. 

C'est ainsi que la seule Allemagne, armée et conditionnée pour plus qu'une revanche, la domination du monde, en toute simplicité, écrasa en quelques semaines la Pologne, puis la France et les petits pays, la Belgique et la Hollande, par lesquels elle avait besoin de passer. Elle avait occupé la Norvège pour sécuriser son ravitaillement en minerai de fer.

C'était le premier épisode de la seconde guerre mondiale, opposant les nations militaristes aux démocraties, et qui mit au service de la mort toutes les applications possibles de la science. Les bombes atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki, coups de grâce assénés sur un Japon irréductible, furent le signal d'une haine pour cette création humaine. La science avait fait plus pour le mal que pour le bien.

(à suivre)

Sceptique

 

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