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Sceptique
2 septembre 2012

Un voyage (non présidentiel) en France.

La spécificité des familles qui ont connu les charmes de "l'Empire", quand on osait l'appeler encore comme ça, c'est que, contraintes au retour, elles se sont dispersées dans toute la France. Car certaines ont fixé à la Loire la frontière Nord de la mère-patrie, tandis que d'autres branches n'ont pas hésité à la franchir.

C'est ainsi que, mobilisé par un deuil, je viens de parcourir en TGV, de la vallée de la Somme à celle de la Garonne, notre France.

La facheuse image de notre pays et de notre peuple que nous couvons tous, à grand renfort de déclarations de politiques, de sociologues, de psychologues, d'économistes, tout particulièrement catastrophistes, sans dépasser, cependant, la cheville de nos écologistes qui pleurent notre dix-neuvième siècle, se fait plus rassurante dès qu'on la parcourt, à ras de terre, dans ces belles machines, au milieu des foules qui rentrent chez elles à la fin des vacances.

D'abord, il faisait beau, et on sait combien l'humidité et le froid enrhument facilement les TGV. En cette fin du mois d'Août, aucun retard n'est venu compliquer ce voyage imprévu. Et pour contempler le paysage,  de temps en temps, rien ne vaut la lumière d'un soleil plutôt ardent depuis un mois. La France est blonde, du Nord au Sud. Elle est même, en cette saison, plus bariolée de vert au Sud, qu'au Nord.

La vie, c'est la circulation. De l'être vivant dans sa "niche écologique", de l'énergie sous toutes ses formes dans les limites de son organisme. Celle d'un pays, la circulation des gens, de l'argent, des marchandises, des services. Le développement, qu'il soit quantitatif ou qualitatif, c'est toujours plus de circulation, et d'énergie pour l'assurer.

Il en résulte que si on profère que l'énergie et la circulation sont des maux qu'il faut réduire à leur plus simple expression, à leur plus bas niveau possible, c'est la vie qu'on met en cause.

Au cours de ce voyage, j'ai vu beaucoup de jeunes*, avec leur sac à dos presque aussi haut qu'eux, qui parcourent l'Europe, avides de la connaître, et des familles, qui nourrissent des enfants...qui mangent et boivent toutes les bonnes choses que notre industrie agro-alimentaire fabrique....encore. Et tout ce monde est transporté par des trains qui ne sont pas "à voiles". Et tout ce monde n'est qu'une partie de la transhumance. Les routes sont surchargées de voitures et de caravanes.

Ma vision de la réalité a-t-elle été faussée par cette pause générale du gémissement, hérité de notre histoire**, et soigneusement entretenu et géré par nos faiseurs d'opinion et le club des Cassandres? C'est possible. Mais cela fait si longtemps que notre peuple se demande comment il a fait pour arriver au vingt-et-unième siècle, que cette question, qu'il faut bien que je pose, moi aussi, de temps en temps, est sans réponse.

Sceptique

*Un incident plutôt comique, grâce à sa conclusion, a enrichi ce voyage. À la voiture-bar, où je m'étais rendu pour prendre un café, un jeune homme se faisait servir une collation. Mais quand vint le moment de payer, les cartes de crédit dont il disposait n'étaient pas valables. Il s'éloigna donc, gardant son ventre creux. Puis il revint, demandant s'il pouvait payer en dollars, et, la réponse de la responsable étant positive, il sortit de son portefeuille un billet de vingt dollars. Je fis à voix haute la réflexion:"En ce moment, on ne crache pas sur les dollars, c'est un peu plus de pétrole!". Et quand le jeune homme partit, enfin pourvu de son goûter, j'ajoutai:"On ne pourra pas dire qu'un voyageur est mort de faim dans ce train!". Cette entrée en matière nous permit une courte, mais riche conversation, un peu plus loin, en consommant. C'était un jeune français, exerçant aux États-Unis la profession d'expert comptable. En peu de mots, il me décrivit le fossé, plus large que l'Atlantique, qui sépare nos conceptions du travail. Autant qu'il en faut là-bas, le moins possible, ici.

**Notre culture s'enracine dans la ruralité. Nous sommes tous des descendants de paysans, longtemps soumis aux aléas climatiques, aux invasions, aux ravageurs divers de leurs récoltes et de leurs troupeaux, aux prélèvements des guerriers dominateurs. Activités "primaires", les agricoles méritent bien leur qualificatif. L'agriculture est le premier, et le dernier, des métiers. De moins en moins nombreux, les paysans sont de plus en plus méconnus, et accusés de tous les maux.

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