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Sceptique
9 février 2013

LE CAPITALISME , LE LIBÉRALISME, SONT-ILS DES HUMANISMES ? ou LA RÉPUBLIQUE DES POULES.

Périodiquement, ce couple, cette réalité, "revient sur le tapis", soit pour être accablé, soit pour être reconnu comme un instrument de prospérité et de progrès général. Le principal reproche qui lui est fait est la redistribution inégale des profits. La tendance actuelle est de le rendre globalement responsable des inégalités sociales et des crises économiques, caractérisées par des emballements, suivis d'effondrements.

Il y a quelques années, le philosophe André Conte-Sponville avait répondu à la question de patrons angoissés et culpabilisés:"Le capitalisme est-il moral?". Sa réponse était que le concept, en tant que tel, n'entrait pas dans le champ de la morale. Seuls les utilisateurs peuvent entrer, ou non, dans le champ de la morale, comme jugement. Un capitaliste malhonnête, oui, un capitaliste honnête, non.

Dans le Figaro d'hier, Luc Ferry rapporte son débat avec des patrons et des syndicalistes, sur le thème: "le capitalisme est-il un humanisme?" Au profit de ses lecteurs, il développe ses réponses à un public divers. En France, plus particulièrement depuis la crise de 2008, le capitalisme comme modèle économique a mauvaise presse. Les doux rêveurs et les nostalgiques du goulag l'ont au contraire très bonne.

Si j'ai bien compris ce qu'est l'humanisme, la prise comme objet de connaissance et de réflexion libre de tout ce qui spécifie l'homme, doté de la parole, première pierre de toute culture, il s'est créé en opposition au "prêt à penser" des religions*, livrant aux hommes l'opinion sur toutes choses du divin créateur. L'humanisme est donc corrélatif de la liberté de conscience, et par là même du libéralisme. 

Ce dernier concept n'a lui même pas bonne presse. "Le libéralisme, c'est un renard libre dans un poulailler libre". Je tiens la connaissance de cet aphorisme de Pierre Viansson-Ponté, mais il parait qu'il est plus ancien et très souvent repris par les critiques du libéralisme**. Si on la prend au mot, la formule postule que l'intelligence est le mal absolu de l'humanité, puisque elle est inégalement distribuée***. Il est souvent arrivé qu'elle soit effectivement prise au mot. L'allergie aux mal-pensants ergoteurs est une affection fréquente des sociétés.

La liberté n'est pas la licence. La liberté s'arrête là où commence celle des autres. Ces évidences s'appliquent au libéralisme. L'humanisme a le droit de s'en saisir et d'en définir les limites raisonnables, sans condamner le principe. Mais là où il est appliqué, il tolère ses contestataires, les Mélenchon, les Besancenot, alors que le contraire est impensable. Son application économique, liberté d'entreprendre, mise en commun des moyens nécessaires, se heurte à la contestation du partage des richesses produites. Les adversaires du capitalisme voudraient qu'aucune part de la richesse produite ne revienne à ceux qui ont investi leur argent. Ce malentendu est radical. La raison se brise dessus.

Tout se passe comme s'il fallait choisir: si le couple capitalisme-libéralisme est un humanisme, sa contestation ne l'est pas. Et réciproquement.

Sceptique

*Le catholicisme a été particulièrement en pointe contre le libéralisme, au nom de sa logique, postulant l'exclusivité de l'Église en matière de dogme. Dans le Monde du 6/02/2013, p.18, Michel Rocard rappelle en passant que la Réforme a permis l'éclosion du capitalisme et de la démocratie. Le dogmatisme catholique, et orthodoxe, se retrouve dans le communisme, pourtant ennemi et rival de toute religion. La répartition géographique des adeptes est la même.

**L'auteur de l'aphorisme serait Lacordaire, un prédicateur....catholique, du 19ème siècle.

***La comparaison des intelligences du renard et des poules pose implicitement la question du sort du renard, politiquement minoritaire....et donc juridiquement condamnable.

 

 

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