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Sceptique
19 février 2013

DE TOULOUSE(SEPTEMBRE 2001) À TCHELIABINSK (FÉVRIER 2013), LE RENFORT D'UNE HYPOTHÈSE.

Qui ne se souvient? À peine remis de l'émotion provoquée par les horribles attentats-suicides utilisant des avions de lignes détournés, jetés contre les Twin Towers de New-Yorx, et sur le Pentagone, symbole de la puissance militaire américaine, faisant trois mille victimes et des destructions défigurant New-York, l'usine d'engrais azotés d'AZF, en banlieue sud de Toulouse est ravagée par une énorme explosion, qui souffle le centre de l'usine, ses entrepôts, et étend ses ravages sur les quartiers environnants, faisant 31 morts et des centaines de blessés et de traumatisés.

Cette usine, d'implantation ancienne, mais, comme dans bien d'autres endroits de France et du monde, cernée par le développement de l'agglomération toulousaine, fabrique un produit de base des engrais azotés, du nitrate d'ammonium (NO3H4 ou H4NO3). Dans le sol, le nitrate d'ammonium se dégrade en libérant de l'azote, élément essentiel du développement des plantes. Il contient aussi de l'oxygène, ce qui en fait un possible comburant*. Mélangé avec des substances combustibles, le nitrate d'ammonium, ou ammonitrate, participe à un explosif. Il n'en est pas un, tout seul. Les accidents impliquant l'ammonitrate se produisent au voisinage d'un incendie. Qui le chauffe et dissocie la molécule, libérant l'oxygène, qui confère à l'incendie une amplification explosive. Le confinement de l'ensemble, dans un camion-citerne, un wagon de chemin de fer, la cale d'un bateau, contribue à la puissance de l'explosion. Mais la chaine des événements qui se termine par l'explosion prend plusieurs heures. Rien de tel à Toulouse, le 21  Septembre 2001 à 10 h 17.

L'hypothèse d'un attentat terroriste du même acabit que celui de New-York a été immédiatement évoquée, mais la quantité de véritable explosif à faire entrer clandestinement au coeur de l'usine, et la faiblesse symbolique de cet établissement ordinaire, allaient à l'encontre de cette cause.

Celle qui a été avancée et retenue par l'accusation fut la possibilité, transformée en certitude, que l'explosion résultait d'un mélange intempestif d'un dérivé chloré avec du nitrate d'ammonium, susceptible de dégrader ce dernier. L'incompétence et la négligence du plus bas au plus haut de la hiérarchie du personnel de l'usine constituaient l'âme de l'acte d'accusation. Tant du point de vue chimique qu'humain cette accusation était difficile à fonder. Le premier procès aboutit à une relaxe générale des inculpés de tous grades. La cause de l'explosion de l'usine AZF resterait inconnue.

Ça ne faisait pas l'affaire des victimes ou de leurs ayant droits, et le Parquet fit appel. À partir des mêmes faits, aussi hypothétiques, au deuxième jugement chacun en prit pour son grade. L'honneur de la justice était sauf. Qu'importait celui des ingénieurs et des agents de maitrise?

Dès les premiers jours suivant l'événement, observant les photos publées,  attentif aux récits de témoins, évoquant un premier bruit d'explosion, lointain, précédant de peu celui, bien plus intense, de l'usine, et franchement dubitatif quant à l'hypothèse chimique retenue, celle d'une météorite, explosée en altitude, et de l'impact de son onde de choc me parut vraisemblable. La ressemblance, à une plus faible échelle, avec les constatations troublantes de la Toungounska(1908), m'obséda assez pour que j'en fasse part au maire de Toulouse de l'époque, Philippe Douste-Blazy. Il me répondit bien poliment. Des astronomes plus compétents que moi n'avaient pas retenu l'hypothèse. La probabilité était si faible, les météorites étaient si raisonnables, choisissant toujours un désert pour tomber, sans compter celles qui préféraient les océans. La plupart, aussi, avaient des trajectoires tangentielles d'entrée dans l'atmosphère, permettant une combustion sur une longue distance et un ralentissement progressif. 

Il est certain que l'entrée verticale dans l'atmosphère de la météorite raccourcit le temps de la rencontre avec des couches plus denses, opposant une résistance rapidement équivalente à celle d'un solide, à ce bolide supersonique, et le faisant exploser. Mais l'onde de choc, elle, poursuit sa descente. C'est un "bang" tel qu'en produit un avion supersonique, mais à une toute autre échelle.

La météorite tombée dans l'Oural, près de Tchéliabinsk nous rappelle que la probabilité d'atteindre une ville n'est pas nulle, et que l'onde de choc, à partir d'une certaine masse, a une puissance destructrice. L'événement ayant été nocturne, l'arrivée du bolide a été visible, spectaculaire. En plein jour, elle aurait pu l'être beaucoup moins. Une arrivée verticale, en plein jour, est elle, à coup sûr, détectable? Il doit être rare, dans une ville laborieuse, que des passants marchent le nez en l'air!

Sceptique

*Un explosif est un mélange, homogène, d'une substance(comburant) devant fournir de l'oygène(naissant), à un combustible. La combustion, déclenchée par une mèche(contenant un mélange semblable brûlant de proche en proche) ou par un détonateur(réalisant une explosion au coeur de l'explosif). Le nitrate d'ammonium n'est pas un explosif dans les conditions ordinaires. Il peut être un constituant d'un mélange explosif, au titre de comburant.

 

 

 

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