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Sceptique
1 mars 2013

CONCERT DE LOUANGES POUR STEPHANE HESSEL. UN BÉMOL.

Je ne connaissais pas cet homme sympathique avant qu'il ne sorte du bois et lance son "INDIGNEZ-VOUS! en direction d'une jeunesse désemparée. Tout heureuses de recevoir un mot d'ordre simple, présenté comme pouvant conjurer une situation kafkaienne, les jeunesses d'Europe s'en sont emparées, et l'ont mise en acte sous la forme de "seat-in" encombrants, mais, sauf exceptions très locales, sans violence.

Ce n'est pas que d'aucuns n'aient essayé. De pertuber le fonctionnement des institutions démocratiques, comme en Catalogne. Ou d'en faire un instrument discriminatoire. Par exemple, opposer aux "indignés" les...indignes. Mais, finalement, le mouvement, simplement contenu, afin qu'il ne paralyse pas la vie des non-indignés, découvrant peu à peu sa vanité, s'est essoufflé.

Même si le point de départ de la crise est la bêtise humaine, même si son détonateur est la bêtise d'un homme, la déflagration qui a soufflé la majeure partie de l'économie mondiale a été incontrôlable. Les pompiers de tous grades furent plus utiles que les foules, toujours promptes au lynchage, pour peu qu'on leur jette en pâture un homme ou une catégorie d'hommes, déclarés inutiles et nuisibles.

Le pouvoir de la rue a révélé sa puissance à l'occasion de notre Révolution, et de quelques autres. Notre exemple hante toujours l'esprit des révolutionnaires professionnels. Qui mettent sous leur coude les suites habituelles des triomphes de l'émeute. Les sociétés humaines ayant horreur du désordre, celui-ci est promptement récupéré par des sauveurs, qui rétablissent à leur profit un ordre qui n'a pas la faiblesse du défunt. Les dictatures ou les restaurations qui suivent les révolutions durent toutes très longtemps, en particulier pour ceux qui les subissent.

Les démocraties authentiques qui se sont peu à peu substituées aux monarchies ou aux dictatures, dans une partie du monde, sont en apparence faibles, en raison de leur tolérance de principe, et donnent envie aux nostalgiques du totalitarisme de les croquer . À force d'expérience, elle se montrent de plus en plus solides face aux assauts de la rue, derrière lesquels les meneurs se prennent à espérer la mort de la liberté. La maturation des hommes réduit le nombre de ceux qui tendent l'oreille vers les "joueurs de flûte". Les manifs se transforment en fêtes débridées, en piques-niques itinérants. Elles ne font plus tomber, ou se renier, les gouvernements.

Tant de bruit pour rien, ça devrait faire réfléchir les agitateurs de tout poil. Ça leur fait mal, c'est évident, et ils s'époumonnent à souffler sur la moindre braise. Les responsables des démocraties doivent veiller à ce que les peuples ne perdent pas confiance en leur démocratie. L'ordre public doit être leur obsession. En toutes circonstances, il doit tenir bon, sans rendre coup pour coup.

L'héroisme qu'a montré dans une phase cruciale de sa vie, Stephane Hessel, n'était pas transposable à la situation actuelle. Il n'est pas facile, mais possible, d'être résistant dans une situation de conflit humain définissable, circonscrit. Mais peut-on l'être face à un cyclone, à une éruption volcanique, à la crue d'un fleuve? C'est le sauve-qui-peut qui domine alors. 

Sceptique

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Commentaires
S
Les pouvoirs administratifs de la commission de Bruxelles sont l'émanation de ceux des états, tous démocratiques, qui ont négocié et adopté les règles de fonctionnement d'un ensemble qui n'est pas né d'un hasard, mais d'une nécessité. Ça n'humilie pas que les pères français! Tous les nationalistes des 27 pays veulent la peau de l'Europe et le retour aux guerres fraiches et joyeuses d'antan. Tous les citoyens raisonnables sont pris de vertige à l'idée d'un échec du projet européen, et font à la dernière minute les concessions nécessaires. Les peuples ne sont pas trahis, car le principe d'une union européenne ne peut être un mal. Simplement, il est enfanté dans la douleur.<br /> <br /> Les séparatismes que vous citez ont des racines historiques, et ont des justifications actualisées par leur réussite particulière au sein de leur ensemble national.
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J
"Les responsables des démocraties doivent veiller à ce que les peuples ne perdent pas confiance en leur démocratie." dites-vous<br /> <br /> Ne croyez-vous pas que les peuples ont été trahis ? Comment pouvez-vous encore parler de démocratie alors que les décisions se prennent à Bruxelles. Je ne dis pas que l'europe est responsable de tous nos maux mais elle risque à force de confisquer la voix des peuples, de voir refluer contre elle un raz de marée. La crise est là, et le pire n'est pas l’incapacité de l'UE à résoudre les difficultés de montée du chômage, non le pire c'est l'indifférence avec laquelle elle traite les peuples qui la composent. Il y a tant à dire sur ce sujet que vous évitez tout au long de vos textes. Mais que dire encore des velléités d'indépendance de régions comme la Catalogne ou la Flandre ou l'Ecosse Est-ce selon vous seulement l'effet de la crise ? Ne croyez vous pas que la France de nos pères est humiliée ? Par exemple comment peut on parler de "citoyen européen" (présomption bobo qui aime le politiquement correct), à propos des Portugais des Lettons, des Grec et des Autrichiens.... ?<br /> <br /> Au-delà de la crise qui nous dévaste, l'Ue indifférente, méprisante ne survivra peut-être pas, sauf si elle étouffe encore un peu plus l'expression populaire, qui est aussi l'effet de la démocratie.
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S
"Tant de bruit pour rien"....je vise par ces mots le mouvement des indignés. Bien sûr, je n'exclus pas l'éclatement d'une "révolution" quelque part en Europe. Simplement, à partir des leçons de l'histoire, y compris la nôtre, je ne vois son évolution durable que vers une dictature d'extrême-gauche, ou d'extrême droite. Mon optimisme ne repose que sur la résistance des vraies démocraties aux crises économiques et sociales. Tandis que l'accès à la démocratie, ou son retour, restent difficiles (exemples de l'Europe de l'Est, de l'Amérique du Sud).
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P
"Tant de bruit pour rien" écrivez-vous. Pas sûr. Les sociétés modernes ne sont pas à l'abri des révolutions; notamment quand des couches qui avaient profité de l'évolution économique et de la puissance croissante du pays se trouvent brusquement plongés dans cette insécurité qui avait été réservée aux masses méprisées par eux. Je me demande d'ailleurs si ce n'est pas le seul échec historique du communisme qui nous protège aujourd'hui d'une insurrection révolutionnaire. Pour combien de temps?
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Sceptique
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