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Sceptique
30 novembre 2014

LA PRÉSIDENCE DE L'UMP.

Le poids de certaines actualités impose qu'on les traite à chaud, qu'on fasse attendre des points de détail. L'élection du Président de la principale formation de la droite républicaine a tenu en haleine tous les médias, mobilisés comme pour les élections qui jalonnent notre vie démocratique

Elle concluait le retour de Nicolas Sarkozy, revenu, il y a quelques mois, sur sa décision de se retirer de la vie politique, après cinq ans de Présidence de la République, sanctionnée par une défaite face au socialiste François Hollande et sa coalition de la gauche.

La déception générale qui a suivi la victoire de la gauche, et son unique thérapeutique*, ne parait guère réversible, et, tout en respectant nos institutions, qui garantissent à une majorité assez de temps pour faire ses preuves, une alternance en 2017, assurée par la coalition de la droite républicaine et du centre, parait plus que vraisemblable. L'incertitude persiste sur l'équilbre des forces qui la composeront, et la personnalité qui sera investie comme Président de la République. La compétition a déjà des inscriptions fermes.

C'est dans l'intention de reprendre sa place, que Nicolas Sarkozy est sorti de sa retraite. Il ne voyait que lui comme sauveur. Il écoutait ses compagnons inconditionnels, qui lui soufflaient que tout le mouvement se rangerait "comme un seul homme", sous sa bannière.

Mais si le parti politique est un élément essentiel au service d'un candidat, il n'est pas suffisant. Il faut aussi  inspirer la confiance d'électeurs sympathisants, mais aussi exigeants, dans leur attente d'un programme compatible avec leur jugement de la situation. La personnalisation du pouvoir, spécificité française, produit de l'histoire, oblige tout candidat à se faire valoir, à "faire don de sa personne", et à prendre le risque....de se faire vomir par un peu plus d'électeurs, à chaque occasion de décision. La haine qui se substitue à l'amour est en proportion.

Nicolas Sarkozy a donc pris le pari de retrouver le capital d'amour qui l'a soutenu en 2006, lui assurant une majorité nationale en 2007. Sa victoire n'est pas discutable, mais il a concédé un tiers des voix à ses rivaux déclarés. Sa situation n'est plus ce qu'elle était il y a sept ans. Il ne peut pas ignorer superbement son opposition interne.

D'autant moins qu'au jeune et brillant rival qui s'est vu attribuer près d'un tiers des suffrages, s'ajoutent des personnalités qui se sont affirmées en son absence et en dehors de l'appareil du parti UMP.  François Fillon, son ancien Premier Ministre, Alain Juppé, ancien Premier Ministre de Jacques Chirac, et Xavier Bertrand, ancien Ministre de son gouvernement, "électron libre", mais au voltage conséquent.

Il a été convenu entre eux, en l'absence de l'ancien Président, présumé retiré de la compétition, qu'il se soumettraient à une primaire à deux tours, comparable à celle adoptée par le Parti Socialiste, permettant le choix par les partisans et sympathisants, du candidat unique, reconnu par tous, à l'élection présidentielle de 2017, pour commencer.

Tant ses plus sûrs fidèles, que l'ancien Président lui-même, dans ses propos privés, ne cachaient pas leur scepticisme sur ce système des primaires. Bien sûr, comme pour toute ambition, tout candidat commence par "s'autoriser de lui même", avant de solliciter l'appui de son parti, et l'approbation de la majorité des électeurs. Que ferait Sarkozy de cet engagement, si sa candidature à la présidence de l'UMP, étape, mais aussi, test, prenait l'allure d'un triomphe absolu? Déciderait-il tout de go la disposition exclusive du parti à sa personne? Dont la conséquence immédiate serait l'explosion de ce rassemblement en plusieurs entités, et son affaiblisement irréversible?

Si Nicolas Sarkozy est devenu hier soir, sans contestation, le Président de l'UMP, il devra tenir compte des autres, des notables qui ont un poids national, et de ceux qui représentent un nombre conséquent de militants.

La suite sera sûrement intéressante.

Sceptique

*"saignare, ensuita purgare"

Note du 1er Décembre 2014: Dans son entretien donné à TF1 hier soir, Nicolas Sarkozy s'est présenté en rassembleur, insistant sur son respect des personnalités engagées de l'UMP. Il ne faisait pas de ses idées un absolu, et préparait des rencontres particulières avec tous. Ce qu'il adviendra du mouvement, et de l'organisation de sa fonction d'opposition, résultera d'un consensus. J'ai cru comprendre que s'il n'excluait pas un accord de gouvernement avec le centre, il n'envisageait la primaire que comme mode de sélection des candidat de l'UMP (dont il préférerait le changement du nom.)

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Commentaires
S
Merci, Emmanuel, pour ce chaleureux et passionné commentaire. "Il "n'avait pas changé, jusqu'à hier. "On" ne change pas sans la pression de la "réalité".<br /> <br /> À suivre, à suivre !
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E
Merci cher Yves de cette belle analyse "à chaud" de la victoire dûrement arrachée de Nicolas Sarkozy. Comme ton analyse nous y fait penser, la victoire de Nicolas Sarkozy est une victoire numérique, mais une défaite politique. Malgré le tintamarre médiatique depuis l'annonce de sa candidature, une quasi-exclusivité des entrées dans tous les médias, une victoire à la présidence annoncée par Laurent Delahousse sur France 2 devant lequel Nicolas Sarkozy exposait déjà son projet présidentiel pour 2017, ses partisans le voyait déjà président de l'UMP et de la France. Juste une formalité de l'élection interne à laquelle ses amis lui créditaient déjà plus de 80%, puisque les concurrents étaient crédités de 1 à 5% pour Hervé Mariton et un petit 10 à 15% pour Bruno Le Maire. La plus belle surprise de la maturité politique et démocratique des adhérents UMP sera donc de ramener Nicolas Sarkozy, ancien président de l'UMP qui lui avait permis de gagner l'élection présidentielle de 2007, à un modeste score de 64%. Moins des 2/3 des votants ! <br /> <br /> Pour composer ses ambitions, il devra également composer avec les 36% des militants électeurs qui se sont détournés de lui. Comme tu le dis, il devra tenir compte des aspirations légitimes des militants qui ne se sont pas déplacés devant l'ordinateur pour exprimer leurs préférences (il y avait 10 candidats au départ et 3 retenus à l'arrivée pour le 1er tour !) et des autres grandes figures de l'UMP. Pour moi, ce n'est pas Nicolas Sarkozy qui a gagné, mais les militants UMP qui ont gagné en liberté et en démocratie interne. Pour 2016, les 30% de militants qui ont porté Bruno Le Maire devant les projecteurs de la vie politique nationale, le nouvel homme neuf qui vient de priver Nicolas Sarkozy de l'écrasante victoire tant et tant annoncée, revendiqueront leur présence dans le jeu des primaires "ouvertes". Pour Nicolas Sarkozy, qui a renié la promesse de se retirer de la vie politique, les difficultés de son retour vont commencer... A moins qu'il ait vraiment changé !
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Sceptique
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