LA PRÉSIDENCE DE L'UMP.
Le poids de certaines actualités impose qu'on les traite à chaud, qu'on fasse attendre des points de détail. L'élection du Président de la principale formation de la droite républicaine a tenu en haleine tous les médias, mobilisés comme pour les élections qui jalonnent notre vie démocratique
Elle concluait le retour de Nicolas Sarkozy, revenu, il y a quelques mois, sur sa décision de se retirer de la vie politique, après cinq ans de Présidence de la République, sanctionnée par une défaite face au socialiste François Hollande et sa coalition de la gauche.
La déception générale qui a suivi la victoire de la gauche, et son unique thérapeutique*, ne parait guère réversible, et, tout en respectant nos institutions, qui garantissent à une majorité assez de temps pour faire ses preuves, une alternance en 2017, assurée par la coalition de la droite républicaine et du centre, parait plus que vraisemblable. L'incertitude persiste sur l'équilbre des forces qui la composeront, et la personnalité qui sera investie comme Président de la République. La compétition a déjà des inscriptions fermes.
C'est dans l'intention de reprendre sa place, que Nicolas Sarkozy est sorti de sa retraite. Il ne voyait que lui comme sauveur. Il écoutait ses compagnons inconditionnels, qui lui soufflaient que tout le mouvement se rangerait "comme un seul homme", sous sa bannière.
Mais si le parti politique est un élément essentiel au service d'un candidat, il n'est pas suffisant. Il faut aussi inspirer la confiance d'électeurs sympathisants, mais aussi exigeants, dans leur attente d'un programme compatible avec leur jugement de la situation. La personnalisation du pouvoir, spécificité française, produit de l'histoire, oblige tout candidat à se faire valoir, à "faire don de sa personne", et à prendre le risque....de se faire vomir par un peu plus d'électeurs, à chaque occasion de décision. La haine qui se substitue à l'amour est en proportion.
Nicolas Sarkozy a donc pris le pari de retrouver le capital d'amour qui l'a soutenu en 2006, lui assurant une majorité nationale en 2007. Sa victoire n'est pas discutable, mais il a concédé un tiers des voix à ses rivaux déclarés. Sa situation n'est plus ce qu'elle était il y a sept ans. Il ne peut pas ignorer superbement son opposition interne.
D'autant moins qu'au jeune et brillant rival qui s'est vu attribuer près d'un tiers des suffrages, s'ajoutent des personnalités qui se sont affirmées en son absence et en dehors de l'appareil du parti UMP. François Fillon, son ancien Premier Ministre, Alain Juppé, ancien Premier Ministre de Jacques Chirac, et Xavier Bertrand, ancien Ministre de son gouvernement, "électron libre", mais au voltage conséquent.
Il a été convenu entre eux, en l'absence de l'ancien Président, présumé retiré de la compétition, qu'il se soumettraient à une primaire à deux tours, comparable à celle adoptée par le Parti Socialiste, permettant le choix par les partisans et sympathisants, du candidat unique, reconnu par tous, à l'élection présidentielle de 2017, pour commencer.
Tant ses plus sûrs fidèles, que l'ancien Président lui-même, dans ses propos privés, ne cachaient pas leur scepticisme sur ce système des primaires. Bien sûr, comme pour toute ambition, tout candidat commence par "s'autoriser de lui même", avant de solliciter l'appui de son parti, et l'approbation de la majorité des électeurs. Que ferait Sarkozy de cet engagement, si sa candidature à la présidence de l'UMP, étape, mais aussi, test, prenait l'allure d'un triomphe absolu? Déciderait-il tout de go la disposition exclusive du parti à sa personne? Dont la conséquence immédiate serait l'explosion de ce rassemblement en plusieurs entités, et son affaiblisement irréversible?
Si Nicolas Sarkozy est devenu hier soir, sans contestation, le Président de l'UMP, il devra tenir compte des autres, des notables qui ont un poids national, et de ceux qui représentent un nombre conséquent de militants.
La suite sera sûrement intéressante.
Sceptique
*"saignare, ensuita purgare"
Note du 1er Décembre 2014: Dans son entretien donné à TF1 hier soir, Nicolas Sarkozy s'est présenté en rassembleur, insistant sur son respect des personnalités engagées de l'UMP. Il ne faisait pas de ses idées un absolu, et préparait des rencontres particulières avec tous. Ce qu'il adviendra du mouvement, et de l'organisation de sa fonction d'opposition, résultera d'un consensus. J'ai cru comprendre que s'il n'excluait pas un accord de gouvernement avec le centre, il n'envisageait la primaire que comme mode de sélection des candidat de l'UMP (dont il préférerait le changement du nom.)