LA DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE PEUT-ELLE GUÉRIR LA FRACTURE FRANÇAISE?

J'en doute fortement, mais mon avis comptera peu, et pas longtemps. L'expérience que j'ai, d'essais de ralliement de gens concernés à un projet séduisant, a plutôt fortifié mes doutes. J'ai le souvenir très solide du chef charismatique de mon syndicat professionnel, appelant le tour de table du bureau à exprimer ses avis divers et opposés, et concluant, au soulagement de tous, par le sien.

J'ai observé Ségolène Royal, promotrice de la méthode dans son parti, et concluant la cacophonie par le point de vue qu'on lui connaissait. La dynamique des groupes, une science humaine à la frontière de la psychologie et de la sociologie, a permis de mettre quelques chiffres sur la structuration des groupes informels, et leur production d'une hiérarchie et d'un leader. C'est assez répétitif pour qu'on puisse en tirer un enseignement. La phase bordélique est stérile. 

François Hollande est-il sincère, convaincu, en lançant cette méthode au secours des graves blocages de la vie quotidienne de notre société française? Ou est-ce seulement son aveu d'impuissance?

J'ai bien peur qu'elle aboutisse à son contraire, la dictature des fanatiques, des grandes gueules, qui n'auront de cesse d'avoir cloué le bec de leurs contradicteurs.

Et, pour un sujet de controverse, le débat sera-til limité aux parties prenantes vérifiées, ou l'auto-proclamation sera-t-elle sans limites?

Si on revient au cas du barrage de Sivens, les "pour" se limitaient aux agriculteurs, les "pourquoi pas" à leurs sympathisants, ou aux élus locaux tarnais, tenant compte de l'existence d'une agriculture et de ses besoins. Les "contre" étaient les militants tarnais de l'écologie, plus souvent citadins que ruraux, et surtout, la horde venue des quatre coins de la France et de l'Europe, composée de "baba cools" non violents, mais sans obligation familiale ou professionnelle limitant la durée de leur séjour, et enfin, par leur violence efficace, les compagnies de casseurs anarchistes, disponibles pour tous les combats contre l'ordre étatique.

Les images de la télévision les ont montrés à l'oeuvre, assaillant les forces de l'ordre avec des projectiles divers, dont des cocktails molotov, dont le contenu en feu ruisselait sur les carapaces des gendarmes. Cest dans la confusion de ces combats que le militant Rémi Fraisse a été mortellement blessé.

Ces événements seront payés par les agriculteurs, devenus très minoritaires dans la population française (4%), et dont l'importance économique est largement méconnue, ou même, niée. Avec les vacanciers et les transporteurs, ils sont les seuls à pouvoir être encore concernés par des travaux d'aménagement de ce genre. Politiquement minoritaires, ils auront politiquement tort, "a priori", dans une démocratie directe, non corrigée par des professionnels conscient des faiblesses du système, et assez habiles pour en réduire les excès.

Le mieux serait qu'on n'essaie pas en grandeur réelle cette procédure de décision.

Sceptique