VALLS, LE PETIT CAPORAL.
Manuel Valls est apparu à la télévision, quelques instants, hier soir. Il avait la figure des mauvais jours. Il venait sûrement de se faire étriller par quelques victimes des élections départementales, le dernier sondage "in live" sur le Président François Hollande et son oeuvre.
Le visage défait et douloureux, il a cependant contre-attaqué et affirmé qu'il suivrait sa ligne, accompagné par la confiance du Président.
Quelques instants auparavant s'était achevée l'émission de LCI, "Politiquement Show", qui rassemble des journalistes et des politologues représentant l'éventail des opinions, et un parlementaire invité, de gauche, ou de droite. Christian Paul, un éminent "frondeur" du P.S., était l'invité politique d'hier.
Si je rapproche les deux événements médiatiques, c'est parce qu'il a été beaucoup question de Manuel Valls au cours de cette émission.
On peut dire que Christian Paul était là pour ça. Il était le porte-parole des "frondeurs", qui combattent l'évolution "pragmatique" du Président, marquée par le choix de Manuel Valls comme premier Ministre et sa politique "de l'offre". Pour la gauche de la gauche, l'abandon des promesses démagogiques de 2012 est une trahison, et leur échec patent ne constitue pas une excuse. Ils se font forts des voeux des syndicats qui considèrent toujours qu'un patron est fait pour assurer des emplois.
Le vote-sanction des départementales, le troisième du mandat de François Hollande, a été un coup dur pour la majorité. Elle se fissure un peu plus. Son aile gauche, animée par Martine Aubry, atteinte elle-même de plein fouet, s'est mise en ordre de bataille, pour donner le coup de grâce au prochain Congrès du Parti Socialiste. On imagine un Congrès du P.S. intimant à François Hollande de démissionner!
"On" ne prête qu'aux riches, et le ton général de l'émission laissait subodorer un lâchage de Manuel Valls par le Président, achetant la fin politiquement paisible de son mandat par le retour à la case départ. Alexis Brezet, le Directeur du Figaro, observait que si Valls avait pu réduire le score du Front National, il avait laissé tranquille l'UMP, et que cela pouvait lui être reproché.
Mais François Hollande, à mon avis, ne dispose plus de cette marge de manoeuvre. Le retour sur le front de Nicolas Sarkozy est l'obstacle principal. Un gouvernement gauchisé, mené par les frustrés du P.S., larguant les amarres qui nous lient à l'Europe, anéantirait le friselis de confiance dont Hollande et son gouvernement se prévalent, et retirerait toute mesure à l'opposition républicaine.
Décidément, même s'il n'en sera pas sûrement récompensé, François Hollande n'a aucun intérêt à se déjuger.
Sceptique