LE 21ÈME SIÈCLE SERA-T-IL RELIGIEUX?

André Malraux l'avait prédit, avec son emphase vibrante. Éric Zemmour vient de faire la même annonce. Ceux qui espéraient le triomphe final des Lumières, de la libre-pensée, qui prenaient leur position pour la norme à venir, se sont-ils trompés?

La capacité de croire semble bien accompagner l'humanité depuis son émergence. Sa capacité de penser a tout de suite rencontré une impasse: l'impossibilité de penser la mort. La constater, oui. La penser, non. La conclusion unanime fut de concevoir l'immortalité de l'esprit, devenant simplement invisible après la mort du corps. La présence autour d'eux des esprits des ancêtres empêchait les survivants de les oublier, et ceux-ci leur rendaient hommage par une sépulture protégeant leur dépouille, et manifestaient leur afffection en plaçant à proximité de la nourriture.

Cet animisme inaugural s'étendit aux phénomènes naturels favorables à la vie, et, aussi, à ceux qui la menaçaient, la rendaient pénible, ou difficile. Tout phénomène reçut sa divinité tutélaire, qu'il valait mieux ne pas contrarier. Le phénomène de concentration, de mise en commun des acquis culturels, propre à l'humanité, se traduisit dans l'au delà par une concentration équivalente: Un dieu principal, chargé du bien, premier désir de l'homme, et un dieu du mal, subi sous ses formes multiples. À ce dernier était prêté, à bon droit, un caractère difficile, vindicatif, coléreux. Il fallait le calmer, préventivement si possible, sans retard, dès que sa colère explosait.

Sautons vingt siècles, pendant lesquels les monothéismes, ultimes simplifications, triomphèrent, dans le seul monde préoccupé de son existence, le nôtre.

Méditons sur ce dernier, imaginé un moment sur le chemin de la raison, d'une solitude assumée, d'une responsabilité, de l'ensemble, et des particuliers, et qui s'est retrouvé, déchiré par les haines semées par les utopies meurtrières, massacré au nom des mêmes, qui prétendaient remplacer les soumissions à un Dieu revendiqué et muet. Mutisme commode, puisqu'il permet à des porte-paroles auto-proclamés de parler à sa place.

Ces dernières années ont vu apparaitre une nouvelle simplification, la déification de la nature, en remplacement de ses créateurs, protestant directement contre les abus qui lui sont infligés, recrutant ses gardes du corps et ses hommes de main, pour mettre au pas les sales gosses que nous serions.

Une attitude réflexe est un élément commun à toutes les religions, des plus anciennes aux toutes nouvelles: tout événement naturel semant la misère ou la mort en masse est une réponse punitive à l'inconduite des humains, à leur désobéissance aux prescriptions des clergés représentant "les dieux", ou, "la nature". 

Ainsi, nous serions dans une période de réchauffement du climat. Les phénomènes contraires observés ça et là ne font que conforter l'impression d'ensemble. Dans l'esprit de certains prophètes d'un réchauffement "de notre faute", une sainte inquisition, investie de la répression des non-croyants, n'est pas sincèrement écartée. Les mettre "hors d'état de nuire" serait une sainte tâche.

Le titre qui barre la première page du "Monde" daté du Samedi 23 Mai 2015 est éloquent, et affirmatif: les Religions "de France" ont décidé d'unir leurs voix en soutien de la Conférence de Paris sur les changements climatiques. Le Pape va jeter dans la balance une encyclique.

Question subsidiaire: Comment sera la circulation demain Lundi 25 Mai, dit ,"de Pentecôte", après 16 heures, aux abords de Paris?

Sceptique