UNE PENSÉE POUR L'ÉGYPTE.

Le terrorisme islamiste vient de faire 224 victimes, des touristes russes, et l'équipage de l'avion qui les ramenait chez eux, à Saint-Petersbourg. Les terroristes, affidés de Daech, qui infestent le Sinaï, ont réussi à placer une bombe dans l'avion. C'est en tout cas l'hypothèse la plus probable, qui découle de l'étude d'une des boites noires récupérées: arrêt soudain des informations sur le déroulement du vol. L'orgueil des états victimes, la Russie de Poutine, l'Égypte de Al Sissi, a écarté d'emblée cette hypothèse. Mais tout système de sécurité est faillible.

Ce qui suit est conforme aux intentions des terroristes: affolement des nations qui fournissent le flot de touristes vers le seul site semblant encore à l'abri d'un terrorisme, qui a déjà gravement affecté le principal secteur de l'Égypte antique.

Daech ne combat pas seulement le régime militaire qui a repris en mains une Égypte qui a raté sa révolution de 2011 en se livrant aux Frères Musulmans. "Il" veut s'emparer du pouvoir. Depuis les années 1950, l'armée égyptienne incarne le nationalisme égyptien, et met les pieds dans le plat dès qu'un désordre affecte la nation égyptienne au nom d'une cause partielle. 

À la suite de Gamal Abd El Nasser, l'institution militaire représente l'Égypte laïque, nationaliste, et moderniste. Elle constitue, qu'on l'approuve ou non, un état dans l'État. Elle garantit, de fait, la stabilité du principal pays du Moyen Orient, et son appartenance au camp occidental. Sa sympathie pour les mouvements révolutionnaires de la jeunesse s'est vite refroidie face à leur récupération par les Frères Musulmans. Dès que l'opinion qui les a portés au pouvoir s'est suffisamment retournée, le chef de l'armée a mis fin par la force à l'expérience. Fidèle à l'histoire, il s'est fait élire Président.

Certes, une partie notable de la population civile n'approuve pas ces choix, la paix avec Israël, l'alliance avec les États-Unis, avec les états du Golfe. La religion constitue sa cohésion et son armement moral. Les noyaux durs que sont Al Qaeda et maintenant Daech ont pris le contrôle de l'Égypte pauvre et désertique, qui flanque de part et d'autre la vallée du Nil. À l'Est, le Sinaï et ses bédoins nomades constituent le noyau de l'Égypte dissidente. Alors que le terrorisme anti-occidental n'a pu porter que des coups sévères, mais temporaires, à l'économie touristique confinée dans la vallée, la prise de contrôle du désert de part et d'autre, l'affiliation au Califat de l'État Islamiste est une menace réelle pour la nation égyptienne ouverte au monde, et reconnue par lui.

Comme état clef dans cette partie du monde moderne, l'Égypte ne sera pas abandonnée. Mais la situation créée par le terrorisme ramènera dans la pauvreté tous ceux qui vivaient de l'accueil et du bien être des touristes qui appréciaient ses plages ensoleillées de la Mer Rouge et de la pointe du Sinaï. La même que celle qui affecte le tourisme culturel de l'Égypte antique.

La guerre déclarée par Daech à l'Occident, et maintenant à la Russie, sera tôt ou tard perdue par ce clone du nazisme, mais la coalition formée contre lui n'est pas encore soudée, et n'a pas de stratégie. Le monde "libre" voudrait gagner....sans combattre. Uniquement par une guerre "technique". 

Daech ne lui en a pas encore assez fait.

Sceptique