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Sceptique
23 juillet 2016

LES RÉGIONS, LE BEURRE, ET L'ARGENT DU BEURRE. LE COUP DE XAVIER BERTRAND.

Depuis quelques décennies, les années Mitterrand, pour être précis, la France s'est engagée dans l'aventure de la décentralisation. C'est à dire une inversion de l'oeuvre de la Révolution et du Premier Empire.

L'argument était constitué par les abus caricaturaux de la centralisation, et la frustration des élus locaux, sans vrais pouvoirs ni responsabilités.

La résistance n'est pas venue d'eux, plutôt ravis  d'avoir davantage de pouvoirs, et d'argent à dépenser. "Elle" est venue des agents des services publics, inquiets de devoir changer d'autorité, passer de celle très lâche de la hiérarchie administrative, à celle, inconnue, des élus, via les assemblées départementales. Ces fonctionnaires ne pouvaient imaginer qu'ils n'auraient pas moins d'avantages statutaires. L'inconnu, c'est l'inconnu.

Une fois ces inquiétudes calmées, le processus, qui multipliait les assemblées, les postes électifs, et les administrations de soutien, faisait saliver les partis politiques. La rampe étroite qui grimpait en pente raide vers le sommet national, se transformait en un escalier majestueux s'élevant en douceur vers le même but.

La tarte nationale, simple, mais bonne, est devenue, peu à peu, un mille-feuille délicieux, nourrissant de plus en plus de gourmands, mais nettement plus coûteux. Ce coût n'était pas trop douloureux, car l'État accompagnait son développement en tenant ouverte sa bourse. Le rêve!

Mais l'année dernière, il est passé à la dernière phase, celle des grandes régions, en rassemblant plusieurs du précédent découpage. Exemple, dont je vais parler, la Région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, renommée "Hauts de France". Question de position sur la carte, pas de relief!

Jusqu'à cette dernière étape, l'État organisateur avait fait suivre l'intendance. "Elle" ne payait pas tout, mais une bonne partie. Avec cette phase finale, "il" s'est mis en cessation de paiement. Le surcoût doit être assumé par les Nouvelles Régions, par une taxation supplémentaire de leurs habitants .

Notre peuple ne semble pas avoir encore réalisé que son pouvoir de désigner librement les élus qui prendront en charge leur administration, le rend co-responsable des choix qui vont être faits aux divers niveaux de responsabilité créés par la même volonté politique....la leur.  Ça ne passe pas, je dirais, de siècle en siècle. "La prochaine fois, "on"ne se laissera pas avoir, on va les virer!". "Ils" sont virés, d'autres sont élus à leur place, et ils ne peuvent pas faire autrement que pareil! "À virer, à la prochaine!" proclament les dépités.

La mémoire des hommes étant courte, c'est en fait la tendance politique qui a en mains le pouvoir national, qui subit la sanction. Les élus locaux sont, aussi, désavoués sur des critères nationaux. 

En Décembre de l'année dernière, ce sont des personnalités politiques de l'opposition qui ont conquis la majorité des pouvoirs conséquents des Grandes Régions, bien aidées par l'impopularité du Président Hollande, de son Gouvernement, de sa majorité politique.

Les nouveaux élus le savaient bien. L'État avait déjà coupé les vivres aux précédents, il n'a pas ouvert sa bourse aux nouveaux élus."Faites-vous payer directement par vos électeurs. Tenez, voici une idée de taxe!"

"Elle" s'appelle T.E.S.R. "T" comme taxe, "R" comme Région. Elle sera payée par les propriétaires, et par les entreprises, sous la forme d'un supplément à leur taxe foncière. 1) "Ils" ne peuvent pas fuir. 2)"Ils préféreront payer, plutôt qu'être saisis!

L'annonce, qui a circulé dans les médias, n'a surpris personne, n'a pas ému beaucoup de monde. Les non-propriétaires, les non-entrepreneurs, ne se sont pas sentis concernés. Les taux n'étant pas fixés, car dépendant du vote des budgets, les futures victimes n'ont pas gémi.

Mais montrant l'exemple, le Président de la Région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Xavier Bertrand, a mis en émoi le monde politique en proclamant qu'il ne ferait pas voter la fameuse taxe."Nous n'avons pas été élus pour augmenter les impôts!", a-t-il précisé! Mais la loi créant les grandes Régions leur a transmis en même temps le pouvoir de lever les impôts nécessaires. Tandis que l'État s'accomode très bien de ne pas payer sa part de dépenses. S'il peut tenir, il faudra qu'Il trouve des économies compensatrices. Ce serait un bon exemple, mais c'est du côté de l'État qu'il y aurait un gros effort à faire, et il n'y est ni prêt, ni disposé, surtout en fin de mandat, dont les débordements seront l'affaire des suivants. De toute façon, il n'y aura rien de plus qu'un peu de grogne.

Le pari est cependant intéressant. Une grande Région montrera-t-elle l'exemple  d'une gestion bien tenue? La plus grande notoriété des présidents des nouvelles régions permettra-t-elle d'infléchir l'irresponsabilté attachée à l'incognito?

Je pense que ce risque de se faire engueuler ne faisait pas partie du projet....présidentiel. Il est problématique. La taille des grandes régions aggrave le risque d'une féodalisation de la France. Qui, en d'autres temps, a eu du mal à s'en défaire. La mémoire courte des peuples, multiplée par l'ignorance, a favorisé la rechute, naturelle. Les forces centrifuges sont naturelles, leur énergie est faite de passions. Les forces centripètes sont au contraire raisonnées, intentionnelles, un vrai programme. 

Il en est ainsi à l'échelle de l'Union Européenne, façonnée par la Raison, mise en danger par les passions....individualistes, l'esprit de clocher, le particularisme culturel, linguistique. À méditer !

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