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Sceptique
1 avril 2009

Action directe: on sait comment ça tourne!

Il y a entre trente et quarante ans, l'extrême-gauche européenne, farcie de doctrine marxiste et de ses dérivés maoïste et trotskiste, fut touchée par le désespoir: les grèves, les occupations d'usines, les manifestations violentes se révélaient impuissantes à empêcher la disparition d'entreprises en difficulté, et surtout à interrompre la marche lente mais inexorable des sociétés européennes vers la démocratie parlementaire et la tolérance mutuelle, la paix civile, qu'elle implique. Chaque mouvance d'extrême gauche trouva alors dans ses rangs quelques hommes et femmes déterminés à reprendre en mains le programme révolutionnaire qui était leur raison d'être, et à le démultiplier en ajoutant à ces mains des pistolets et des bombes. Ainsi naquirent en Europe des groupes terroristes qui tuèrent des hommes politiques, des responsables économiques, des patrons en vue. Leur conviction était sûrement que les "autres" se retireraient peureusement dans quelque refuge discret, et que les entreprises et les institutions publiques désertées deviendraient bonnes à squatter, dans l'enthousiasme populaire. On connaît la suite: le peuple n'applaudit pas à ces crimes, et les polices finirent par mettre la main sur tous les tueurs et poseurs de bombes. Et pendant quelques décennies, l'économie de marché, avec la "complicité" des régimes démocratiques, reprit sa marche ascendante, assurant une existence correcte, et enviée, à la majorité des populations de l'Europe, de l'Amérique du Nord, d'une majeure partie de l'Asie. L'euphorie capitaliste s'étant faite château de cartes, ou partie géante de poker menteur, qu'importe, les dégâts sont là: la défiance généralisée des acteurs économiques, les pertes colossales de valeur, la contraction de toute l'activité économique, qui met au chômage des millions d'hommes et de femmes rendus subitement inutiles ou superflus , pour une société ramenée un siècle en arrière ou plus. Quand il pleut, les marchands de parapluie font des affaires. Quand l'économie est malade, quand les mauvaises nouvelles pleuvent, les docteurs s'affairent, et les charlatans se frottent les mains: ils savent que la gravité de la maladie rendra tentant pour certains de recourir aux remèdes miracles. Parmi ceux-ci, la révolution, détruisant les structures anciennes, fautives depuis toujours, pour les remplacer par une société nouvelle, peuplée, c'est important, par des hommes nouveaux. Le remède tue à petit feu les malades qui l'essayent, et il se vend de moins en moins, mais la publicité continue, dans l'espoir de capturer un peuple pigeon. Les révolutionnaires français pensent bien sûr aux français. Charité bien ordonnée... Dans cette optique, on ne peut que reconnaître la logique de la recherche d'un incident grave, voire d'un passage à l'acte en bonne et due forme. La recherche de boucs émissaires, de coupables par nature, est active. Fautes de grives, on capture les merles. Le pâté est moins bon, mais comestible. En plus, une séquestration est très photogénique: on montre le ou les captifs, pas encore assez amaigris et dépenaillés pour inspirer la compassion, on enregistre les vociférations et les insultes des victimes de ces coupables, on déploie devant les caméras et appareils photo des journalistes convoqués, les bannières et les oriflammes des sauveurs, venus en force de la ville voisine. Elles n'ont qu'une couleur, la rouge*. J'ai peine à croire que les acteurs de ces psychodrames en attendent le sauvetage de l'entreprise en difficulté. Ils mettent en culture l'angoisse, le désespoir de ces humains privés de leur gagne-pain, ils espèrent les recruter dans la grande armée de la Révolution, les lancer à l'assaut de la démocratie déboussolée et affaiblie. S'ils réussissent, ils démobiliseront l'armée, et la mettront en demi-solde avec interdiction de se plaindre. S'ils échouent, ils attendront des jours meilleurs, prédits par la théorie, et ils se laveront les mains du reste. La démocratie est le pire des régimes, à l'exclusion de tous les autres. Il y a suffisamment d'échecs dramatiques dans l'histoire récente du monde pour se permettre de dire la même chose à propos du capitalisme, qui a trouvé son terreau idéal dans les démocraties, elles mêmes aboutissement des recherches de l'homme d'un système politique à l'image de ce qu'il est. À condition qu'on restaure le primat du politique sur l'économie, que la hiérarchie éthique entre démocratie et capitalisme soit réaffirmée, il vaut mieux reconstruire ce qui s'est écroulé, parce qu'il a échappé au contrôle de ses maîtres, plutôt que de se laisser tenter par la thérapeutique univoque des utopies: "SAIGNARE, ENSUITA PURGARE!" ** Sceptique *Je suis étonné, et j'y perçois une prudence politique inhabituelle, par les propos lénifiants, à la limite flagorneurs, du Président de la République en direction des syndicats "représentatifs", bombardés raisonnables et fréquentables. Or, CGT en tête, ses sigles et ses drapeaux en témoignent, ils sont tous présents à ces lynchages médiatisés. En Guadeloupe, selon les informations diffusées, les cégétistes, humiliés par le contournement par leur gauche du LKP, tiennent les bastions grévistes, prolongeant autant qu'ils le peuvent, la paralysie de l'économie de l'île. **Traitement préféré des médecins vus par Molière, qui a conquis les purificateurs révolutionnaires.
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