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Sceptique
7 avril 2009

Quand Obama joue la "marieuse".

Le point de vue du Président des États-Unis, Barack Obama, qui verrait favorablement l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne, relève des lois de l'optique. Vues sur la mappemonde qui doit être à la disposition du Président, l'Union Européenne et la Turquie sont effectivement très proches. Les détroits qui ont joué un si grand rôle dans l'Histoire doivent former une ligne bleue à peine apparente. Mes amis doivent être amis, se dit Barack Obama, à la suite de ses prédécesseurs. Et partant toujours de l'exemple des États-Unis, qui se sont ligués contre une mère-patrie unique pour former une nouvelle nation qui est une fédération, l'Union de l'Europe est apparue comme allant de soi, autorisant à se demander pourquoi elle ne l'avait pas réalisée plus tôt. Les treize états de 1774 étant maintenant cinquante, dont quelques uns n'avaient à l'origine rien de commun avec les USA, comme le Texas, la Californie, l'Alaska, Porto-Rico, il ne semble pas y avoir de raison de la part de l'Union Européenne de faire la fine bouche à l'idée de lui adjoindre la Turquie! La vision qu'une nation peut avoir d'elle-même ne manque jamais de la candeur nécessaire. Il faut qu'une nation ait des raisons de s'aimer. Vue de plus près, la réalité présente, et l'avenir qui s'en déduit, sont évidemment bien différents. D'abord l'Union Européenne a été une oeuvre TRÈS laborieuse, encore fragile, contestée de son intérieur même. C'est un bel objet, qu'on a envie de prendre dans les mains, de palper, soupeser, analyser, pour comprendre comment elle est constituée. Or la moindre secousse fait entendre des craquements et apparaître des fissures. Remise délicatement dans sa vitrine, elle se répare miraculeusement. Jusqu'à la prochaine exposition. La Turquie fait sûrement partie de ses admirateurs. Sinon, elle n'aurait pas demandé à s'y intégrer. Mais elle est elle-même un monde, dans son contenant de République laïque, une et indivisible. Sa propre histoire n'est pas achevée. Elle n'a pas d'unité sociale, ethnique, culturelle, linguistique. Ses dénégations ne changent rien à cette réalité. Sa laïcité est rongée de l'intérieur, sa seule garantie repose sur l'armée, qui pour ce faire dispose d'une autonomie de décision: si l'oeuvre de Mustapha Kemal, "Ataturk", est menacée, elle intervient, ouvrant une parenthèse dans le cours de la démocratie, qui est donc conditionnelle. La Turquie DOIT être laïque, elle n'a pas le droit de décider démocratiquement qu'il en soit autrement. Sur son bord sud, la Turquie est ouverte sur un autre monde qui est en guerre, dont on ne voit pas la fin. Sur son bord nord, elle est ouverte sur l'Union Européenne, au sein de laquelle elle a "ses têtes": Chypre, sa partie grecque, avec laquelle elle s'estime toujours en guerre, et qu'elle ne reconnaît pas comme nation souveraine; Rasmussen et son Danemark aux caricaturistes iconoclastes; les arméniens, descendants des rescapés du génocide de 1915, qu'elle refuse d'assumer. Toutes ces raisons, qui relèvent de l'inachèvement, de part et d'autre, de l'ensemble européen, ET de l'ensemble turc, incitent à la réserve, que tous les responsables politiques de l'Europe n'osent pas exprimer de façon franche et claire, ne voulant pas passer pour racistes et/ou , islamophobes. Le premier, le Président Sarkozy a assumé le calcul de la raison, qui voit plus de drames à attendre d'une intégration précipitée que de félicités. Sceptique
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