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Sceptique
14 mai 2009

La "bonne" décision existe-t-elle?

L'Histoire est généralement sévère pour les décisions humaines, qui ont souvent la prétention d'en déterminer le cours, au delà de l'existence du décideur, par dessus le marché. La rareté des vraies bonnes décisions, rassemblant l'approbation nettement majoritaire des témoins de leur temps et des historiens qui les commentent, est à un point tel que des théories de l'Histoire en nient même l'existence, ou en tout cas insistent sur leur caractère illusoire. Aucun décideur n'aurait de véritable action sur le cours de l'Histoire. Celle-ci n'obéirait qu'à des lois de la nature, pré-déterminées, se moquant des désirs humains. Je suis pour ma part convaincu que des hommes ont une influence sur le cours de l'histoire, et qu'il n'est pas sans importance que leur nom soit associé à une période, à une séquence d'événements bien déterminés. Un exemple ou deux: Napoléon Bonaparte et ses généraux sont des produits de la Révolution. Sans elle ils ne seraient pas sortis de l'anonymat ou de fonctions subalternes. Mais ils ont imprimé leur marque sur le sort des guerres engagées et sur leur prolongement impérial. Sans la défaite et l'armistice de 1940, le Général De Gaulle n'aurait pas recueilli la responsabilité de fonder la France Libre, et de l'engager, à un stade de développement embryonnaire, dans la continuation de la guerre, aux côtés de l'Angleterre. Sa stature d'homme d'État s'est révélée dans cette circonstance. Il a été rappelé pour une tâche différente mais aussi exigeante: le règlement politique de la Guerre d'Algérie. Dans la foulée, il a complété la décolonisation et façonné la France selon son idée. SA constitution est toujours en vigueur. Elle est très commode pour ses opposants, dès lors que les urnes leur donnent le pouvoir. ELLE est toujours en vigueur, mais dans l'esprit de beaucoup de citoyens, cette vigueur est excessive, contestable, ou franchement à disqualifier. Leur petite personne ou leur pré carré ne doit plus être concerné par la "vigueur" de la constitution, et encore moins par une quelconque décision qui en résulterait. La désobéissance civique est devenu une vertu*, et les ligues de vertu de ce genre prolifèrent. S'il faut bien admettre qu'une décision peut se révéler erronée et à rapporter après un essai d'application insatisfaisant, il parait pour le moins étonnant qu'on exige de l'État qu'il n'en prenne aucune, en fait, puisque toute décision déplaisante pour un seul citoyen exigerait son annulation immédiate et définitive. L'annulation devient encore plus impérative quand le nombre de mécontents contient un nombre de zéros supérieur à deux, sans qu'il soit indispensable qu'il atteigne six ou sept, comme dans 30 millions. On est là dans le concret, dans le quotidien le plus trivial. Ouvrez un journal, votre télé, ou les commentaires d'un article sur Internet, et vous constaterez que les avis négatifs sont largement majoritaires. Sur le point particulier de la mort, en raison de son irréversibilité, le jugement le plus commun est qu'elle n'a pas été volée. Ce qui la fait mieux "avaler", c'est vrai, puisqu'il s'agit de celle des "autres". Donc, maintenant, les choses sont claires, il n'y a pas, il ne peut y avoir de "bonne" décision, à quelque niveau que ce soit**. Alors autant n'en prendre aucune! Sceptique *Il y a quelques années, le Ministre chargé des transports recommanda aux automobilistes d'allumer leurs feux de croisement par tous temps, pour être mieux vus. Il y eut la protestation des motards, auxquels on avait imposé cette mesure, élément essentiel de leur sécurité, et qui en étaient devenus propriétaires. Mais il y eut aussi la désobéissance civique "militante": beaucoup d'automobilistes n'allumaient plus leurs feux de croisement, ni entre "chien et loup", ni par temps de brouillard! La mesure fut abandonnée. **Le mariage: on se demande pourquoi "on" se marie encore? Pour la fête seulement, je pense. "Mariez-vous, ne vous mariez pas, de toute façon, vous le regretterez!" (Kierkegard)
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Commentaires
Y
C'est l'Histoire en tant que science au service de l'humanité. C'est une science "humaine", donc indéfiniment discutable, perfectible par l'apport de faits inconnus ou négligés, affectée de sentiments, de rejet, surtout.<br /> La confrontation des témoignages et des interprétations permet de dégager une vérité qu'il est de mauvaise foi de nier*. D'une manière générale, cependant, les hommes finissent par accepter les jugements de l'Histoire.<br /> La spécificité des religions c'est de posséder un socle irréductible, la révélation qui les fonde (le mythe fondateur). Son caractère sacré interdit tout compromis. Même l'Histoire ne peut être utilisée contre elle.<br /> L'exemple répété est la prise de position inflexible prise par la papauté sur les questions de la sexualité et de la procréation. "On" lui reproche régulièrement son archaïsme, son inadaptation à un monde qui évolue. "On" ne voit pas, ou "on" ne veut pas voir, que tout recul sur ces questions ferait s'écrouler la construction entière.<br /> <br /> *J.P.Sartre a écrit:"Il n'y a qu'une foi, la mauvaise". Ce ne serait donc qu'une question de taille. Une petite foi accepte l'Histoire, une grande la refuse.
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E
Je n'avais pas connaissance qu'il y eut une Histoire avec un grand "H" !!<br /> <br /> Ce que je sait, c'est que même les textes évangéliques retenus par l'église romaine sont la plupart du temps lus à rebours. <br /> De même que la lecture de grands textes novateurs est souvent fallacieuse. (l'oeuvre de Freud n'y échappe pas)<br /> <br /> Toujours, partout les gens se débrouillent pour tordre le cou aux idées qui les remettent en question dans leur confort somatopsychique qui se décline pareillement : psychosomatique...
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S
Le catholicisme, héritier du christianisme primitif, s'est toujours défini comme la "Nouvelle Alliance", se substituant à l'ancienne, présumée récusée par un Dieu fâché (les musulmans formulent le même jugement). <br /> La réforme protestante s'est fondée sur le retour à l'Ancien Testament, et a repris certains principes d'étude de la religion juive(texte sacré, interprétation non sacrée). <br /> La "pacification" des rapports actuels entre le judaïsme et le catholicisme n'a pas encore eu des effets structurants sur les esprits.<br /> La vie d'une religion ne colle pas à l'Histoire.
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E
Sûr que ce qui est devenu, plus tard, le christianisme, pour s'acculturer hors judaïsme et pour prendre le leadership sur les autres composantes que romaines, s'est affiché très tôt comme différent et en rupture des autres formes de judaïsme.<br /> Il est même dit par certains que l'évêque de Jérusalem Jacques, qui pourrait être le frère de Jésus, aurait été écarté physiquement.<br /> <br /> Pour autant, en se référant à des ouvrages d'historiens non engagés: Qui serait assez fou pour oser affirmer que Jésus lui-même aurait pu se prendre pour "le" christ, ni, encore moins, qu'il avait quelque velléité de se penser comme fondateur du christ-ianisme ? <br /> Du reste le terme "Christ" veut simplement dire "oint", "consacré".<br /> <br /> Ce que l'on à fait par calcul politique et soucis prosélyte hégémonique, de ce rabbin frondeur (il y a laissé sa peau !)au coeur ouvert et d'une remarquable intelligence des réalités humaines, est à mon avis, une déviation du message légué en héritage à l'humanité.<br /> <br /> À ce que je puis en savoir, Jhéoshuah était un rabbin juif jusqu'au bout des ongles.<br /> Il a dit lui-même, est-il rapporté dans les textes à notre disposition, qu'il n'était pas venu abolir la loi juive("Les Paroles") mais l'accomplir. <br /> <br /> Mon cher "Sceptique", détrompe toi : Bien que peu visibles, la part de racines juive du monde moderne (je n'évoque pas que la France), si elle na pas autant pignon sur rue que celle du catholicisme et des christianismes, n'est pas pour autant négligeable : D'après la thèse du philosophe et théologien italien cité plus haut en référence, la pensée utopique prendrait racine dans la vision messianique juive, de même la notion d'histoire pensée comme "à sens unique et sans retour"... <br /> <br /> Quand à la croyance archaïque reprise par le catholicisme et les christianismes, d'une vie de jouissance post mortem qualifiée d'éternelle (ce qui veut dire en fait: Une vie perdurant sempiternellement dans une forme éthérée), dis toi bien que tu "prêches" un convaincu.<br /> Et ce n'est assurément pas ce que pensait ce rabbin qui a vécu il y a 2009 ans du calendrier en cours mondialement, ni ce qui est sorti de sa bouche. <br /> En tout cas ce n'est pas ma tasse à thé, ni ce que j'ai pu lire de ce qu'il est rapporté qu'il a dit.
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S
Je ne perçois pas, pour ma part, de traces vivantes du judaïsme du Christ dans notre culture française et catholique.Le christianisme s'est voulu une rupture avec le judaïsme, en insistant sur le rejet par les juifs du Christ et des premiers chrétiens. Le christianisme n'a repris aucune des prescriptions, à fort potentiel identitaire, de la religion juive. Des calculs savants ont été mis en oeuvre pour que jamais les Pâques chrétiennes ne s'approchent trop de la Pâque juive. Ce n'est qu'après l'holocauste que le catholicisme a pris la mesure de ses responsabilités dans la genèse de l'anti-sémitisme, et s'est efforcé d'éliminer de ses textes les allusions à cette rivalité, pour rendre possible un rapprochement sincère.. <br /> La conviction chrétienne d'une deuxième vie, consolatrice, dans l'au-delà, pourrait bien avoir affaibli la solidarité, pourtant inscrite dans ses textes.
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Sceptique
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