18 juillet 2009
Les français, la burqa, les musulmans
Il faudrait "raison garder", et, "au présent rester".
Il y a quelques semaines, quand les médias ont découvert ce phénomène du port du voile intégral par un petit nombre de femmes musulmanes, quand ils en ont interrogé quelques unes, qui ont affirmé leur adhésion totale à ce choix vestimentaire, des français de tous bords et de toutes convictions sont montés sur leurs grands chevaux pour manifester leur désapprobation.
Quant aux politiques, certains avaient la liberté d'aller dans le sens de l'opinion, et préconisaient l'adoption d'une loi interdisant le port de ce voile intégral, au motif minimum qu'il empêchait l'identification. J'ai exprimé alors ma préférence pour une attitude d'indifférence à ce phénomène ( qui se ramène, psychologiquement, à une provocation), et de ne pas en faire cas.
J'étais cependant convaincu que mon opinion serait minoritaire. La société française n'est pas tolérante, par inaptitude à l'indifférence.
Ce qui ne veut pas dire que cette réactivité à la différence soit uniquement composée de bons sentiments. Loin s'en faut.
Un petit regard dans le rétroviseur nous confirme que tous les immigrés dont la France a eu besoin en raison d'une faible natalité, ont souffert à la première génération. Rejet, mépris, exploitation, ils ont eu droit à tout. Mais dès la suivante, les enfants nés en France ont eu des destins qui ne dépendaient que de leurs capacités personnelles. La société française, dans son ensemble, ne les "remarquait plus".
Il n'est pas douteux que l'intégration n'a pu être complète pour l'immigration en provenance d'Afrique du Nord et d'Afrique Noire, dès son début, à une époque où, formellement, ils faisaient partie, avec un statut minoré, de la communauté française. Le rang de la génération importe peu. Il reste suffisamment de différences visibles ou audibles pour que les réflexes de rejet fonctionnent. Globalement, les français issus de ces immigrations ne trouvent pas leur bonheur dans notre société. Leur repli communautaire est une solution qui leur est imposée par leur statut économique. Avoir les moyens d'habiter un beau quartier serait la solution. Ceux qui le peuvent le savent. Ils sont passés par le succès professionnel, rarement grâce à un emploi salarié de cadre très bien payé, mais plus souvent par la réussite d'une entreprise créée par eux mêmes. Ce n'est pas un phénomène de masse.
Ces immigrés que la société française a du mal à intégrer constituent un terrain favorable à la prédication religieuse qui les conforte dans leur différence, la justifie, la glorifie. Les pires attitudes sont possibles, dont l'ultime est une revanche sur l'histoire: effacer, non seulement Poitiers, mais le raz-de-marée occidental sur le monde musulman du dix-neuvième siècle, au plus fort d'un déclin amorcé un bon siècle auparavant. Cet extrémisme est-il menaçant pour la France au futur? Ses violences sous forme d'attentats ont justifié une mise sous surveillance policière efficace. Mais l'éviction de ce risque laisse entier le problème de l'intégration d'une immigration qui occupe tout naturellement les quartiers où la première génération a été installée il y a soixante ans.
Les efforts, réels, des politiques, sont de faible rendement. Ils ne peuvent, à eux seuls, compenser les attitudes normatives et discriminatoires de la société française. Nous avons eu raison de contrarier cette tendance communautariste à l'école, dont on ne peut nier, malgré sa propre paranoïa, son rôle dans l'offre d'égalité des chances (au niveau basal de l'instruction, de l'acculturation. Ces dames en burqa parlent un français impeccable!).
Pour la raison qui précède, l'échec, dans une forte proportion, de l'intégration de l'immigration de religion musulmane, échec dont la société française porte sa part en raison de ce qu'elle est, je pense qu'il faut se garder d'en rajouter. Le port, provocateur, signifiant, de la burqa, n'est quand même pas un "casus belli". Il ne concerne essentiellement que les quartiers à population mixte. Il ne doit pas être très confortable pour ses adeptes. Elles ou leurs descendantes finiront par s'apercevoir qu'elle n'en reçoivent aucune récompense d'un ciel muet, si tant est qu'elle en attendent une. Elles ne sont pas sottes.
Et du côté des porte-paroles de la communauté musulmane, la prise en compte de la société française telle qu'elle est, avec son défaut majeur, serait sage. Il n'y a rien à attendre de bon d'un affrontement avec elle. Au moins dans l'immédiat. D'ici un à deux siècles....nos descendants auront peut-être trouvé la solution.
Sceptique
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