Jean-Louis Borloo au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro
Ma première impression en assistant à cette émission phare de l'information télévisée, a été forte. Jean-Louis Borloo m'est apparu comme un des piliers les plus solides et fidèles de l'édifice sarkozien. Confinant à l'obstination, à l'entêtement.
Attaqué immédiatement sur la phrase prononcée par le Président devant les agriculteurs, qui serait un "ça commence à bien faire", il contre attaque en accusant les médias de ne pas avoir tenu compte de l'ensemble des propos: les aménagements des contraintes écologiques pesant sur l'agriculture se feront "dans le cadre strict du Grenelle de l'environnement".
Attaques et contre attaques vont se succéder, rendant parfois inaudible le débat. Il en ressort qu'aucun doute sur les conseils et avis qu'il reçoit ne l'entame. Il se fait roc face à ceux qu'il rebaptise "climato-cyniques", car, selon lui, "ils" ne se préoccuperaient pas de l'avenir de l'humanité, comprenant, sinon leurs enfants, du moins leurs petits enfants. Pour la défense de sa vision apocalyptique, il amalgame dans un système toutes les inquiétudes, les fondées, et les douteuses.
Il est évident que la raréfaction et le sur-coût rapide des énergies fossiles oblige à la recherche d'énergies de substitution disponibles ou à inventer. Mais il méconnaît l'impact politique et social d'une mesure devenue inopportune comme la taxe carbone*. Il mélange les questions de la sur-pêche, d'une déforestation qui reste à prouver par des documents honnêtes**, et la pénurie annoncée de combustibles fossiles. Il veut ignorer que les mesures comme le développement des transports publics pour remplacer les transports individuels nécessitent d'en faire un service continu, non lié aux humeurs des agents de ces transports publics. Ils devront devenir aussi disponibles que les hôpitaux.
Les attaques contre le GIEC lui paraissent inconvenantes en raison de sa composition, de ses objectifs, de son mode de fonctionnement, dé-mo-cra-ti-que, délivrant une vérité...majoritaire. Or, c'est précisément sur ce point que des scientifiques s'en détournent: la vérité scientifique ne se fait pas aux voix, mais par ralliement progressif et difficile à un nouveau consensus***.
Pour les OGM, c'est pareil. Il se fie à l'avis de deux commissions, l'une de scientifiques, supposés trouver un accord argumenté, l'autre de personnalités de la société civile, qui s'expriment "avec leurs tripes", ce qui ne garantit absolument pas leur "Vérité". Avec ce système d'ultra-filtrage, on peut être sûr que jamais plus un OGM ne sera admis sur le territoire français, quelque service qu'il puisse rendre. La paix civile et religieuse a un coût.
Bref, pour le moment, la forteresse du Ministère de l'Environnement tient bon, se sent prête à l'assaut de toutes les catégories sociales ou professionnelles qui "se croiraient" sacrifiées, à tort ou à raison, sur l'autel de l'écologie.
Sa péroraison rendant un hommage appuyé à un Président de la République, dont il énumère les actions promptes et énergiques face aux crises diverses, est évidemment sympathique. Ce qui permet de penser qu'en tout état de cause, si nécessaire, c'est le Président qui décidera d'un changement de cap, et son fidèle Jean-Louis Borloo participera, avec tout l'équipage, à la manoeuvre.
Sceptique
*La taxe carbone est déjà largement payée par les français, confrontés à un hiver très froid et très long, contraignant à une surconsommation d'énergie. Même le bois de chauffage a doublé son prix en quelques années.
**Les photos aériennes prises d'une altitude suffisante ne sont pas diffusées.
***Il n'est pas douteux que des manipulations de résultats, des choix préférentiels de données, ont été pratiqués dans l'intimité du GIEC.