Cécile Duflot au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro

J'ai lu dans un article de l'Express que Cécile Duflot disait d'elle même qu'elle avait le "charisme d'une huître". Ce n'est pas vrai! Non seulement il doit bien y avoir en France quelques méchants qui ne "peuvent pas la gober", mais les trois journalistes rassemblés pour la cuisiner n'ont pas réussi à lui faire perdre son sang froid. 

Donc Cécile Duflot ne manque pas de charme, dont elle ne veut pas user, mais elle a plein d'idées. À revendre! 

Elle a réponse à tout, et de la manière la plus catégorique. Ses convictions, comme toutes les convictions, ont créé une logique particulière. J'ai été amusé par son accusation lancée aux journalistes représentant la vision "capitaliste" de la société, d'avoir un mode de penser religieux. La paille dans l'oeil du voisin!

Cette équipe représente en effet ce qui existe, ce qui est palpable, ce qui a fait la force et la prospérité de l'Occident pendant les deux ou trois derniers siècles: le modèle économique, libéral par philosophie, capitaliste par méthode. 

Tandis que le système, nouveau, proposé par les verts, dont Cécile Duflot est la sainte porte-parole, est totalement théorique, n'ayant jamais, nulle part dans le monde, été autre chose qu'une force d'appoint, déviant dans sa direction certaines décisions lourdes de conséquences, mais mis à l'écart en même temps que le parti dominant, par les électeurs.

Les deux points faibles de la mouvance Verte, en France, mais aussi, ailleurs, c'est qu'elle a un besoin impérieux, incontournable, de deux marches d'escalier. La première est un lien contractuel avec un parti de gauche disposant d'une implantation conséquente, due à des idées, essentiellement distributrices...que ne partagent pas les Verts. Contre l'apport des voix vertes, qui améliorent le score du parti rose, le parti rose renvoie l'ascenseur, sous forme de circonscriptions ou mandats, que les verts ne pourraient conquérir par leurs propres moyens. Les marchandages de marchands de tapis sont "incontournables", les frustrations de ceux qui doivent se sacrifier sur l'autel de Pomone*, aussi.

La seconde marche est le maintien de l'activité économique existante, au titre de coffre fort, et/ou, de vache à lait. Comme la totalité des penseurs de Gauche, Cécile Duflot voit dans les allègements de charges consentis aux entreprises, et les bénéfices extra-nationaux des entreprises du CAC-40, la manne financière disponible pour régler tous les problèmes de financement actuellement posés, au premier rang desquels figurent les retraites.

Vivre heureux avec moins de biens, moins d'énergie, moins de cette liberté néfaste que permet l'argent gagné avec son travail**, c'est la promesse de Cécile Duflot. La question du consentement des citoyens, qui pour le moment, sont incapables d'imaginer, pour eux, la perte de toutes les libertés dont ils disposent, et de celui de tous les entrepreneurs, artisans, professions indépendantes, et agriculteurs, qui se payent sur les bénéfices de leur activité, qui attendraient gentiment leur mise en faillite, ne se pose pas. 

L'extrême-gauche dispose de quelques modèles qui survivent dans le monde. Mais elle n'en parle pas, se contentant d'attaquer et de chercher à détruire ce monde, qui les tolère au nom de la liberté. La gauche de gouvernement éprouve le plus grand mal à s'entendre sur autre chose que son passé concret, la parenthèse socialiste de vingt ans, avec ses trois pauses, entre 1981 et 2002.

Dernier point, et non des moindres, à souligner: phobique, comme tout son mouvement, de la personnalisation du pouvoir démocratique créé par la constitution de la Vème République, elle ne peut envisager une candidature "verte" à l'élection présidentielle de 2012. Ni la sienne, ni une autre.

Sceptique

*Après-coup, je suis allé à la recherche de précisions sur la nymphe Pomone, symbole des beaux jardins et des beaux fruits. Elle finit par accepter l'amour de....Vertumme!

**Parmi les mesures proposées au nom des Verts, figurent un revenu minimum, mais aussi un revenu maximum. À moins de le fixer à l'avance, son imposition au delà de la limite sera de 100%. De quoi refroidir toute ambition. Les mouvements migratoires s'inverseront.

Note additionnelle: Au Conseil Régional, de Picardie en tout cas, les Verts, élus grâce aux Roses, jouent les gardiens de l'orthodoxie financière, dénonçant les gabegies de leur bienfaiteurs. Par contre, dès qu'un investissement collectif visant à améliorer la vie économique, les transports de marchandises, est proposé, ils font ch..r leurs grands frères.

Comments

[Eric delmas-Mars]

Peut se dire en effet adhérer à quoique ce soit n'est pas héréditaire; Par contre l'endoctrinement et les contraintes divers ordres peuvent formater les esprit capables d'idéation, les coupant de leur liberté.

Comme tu le sais et me l'a souvent fait remarquer, je suis un optimiste né qui vit ouvert à toute surprise
la vie ne laisse pas de nous surprendre. Sur tous les plans.
Pour ce qui me concerne, elle est toujours fraîche, "naissante".
Ce joyeux optimisme, je me garde bien d'en faire une proposition doctrinale ou doctrinaire.
Je me contente de dire ce que je vis.
Ce que je nomme "Union des contraires", que tu traduis en "union sacrée", en mon idée ne consiste pas à tacher de réunir des contraires, comme on unit momentanément de l'huile et du vinaigre pour faire de la vinaigrette.
J'en appelle à un dépassement des contraires par prise de conscience, persuadé que c'est la direction à prendre.
Sans doute que cela ne se produira pas, c'est en cela que cette idée peut être considérée comme utopique.
Cependant c'est l'idée que je m'en fais.

"A ver" comme on dit en espagnol !

[Sceptique]

Même si elles sont le ferment, ou le sel, des sociétés, les utopies, qui ne prennent en compte que l'idéalisme des hommes, ont un destin désastreux. Si ton concept d'Union des contraires, que je traduis par "union sacrée", gouvernement d'union nationale, a par contre un attrait indiscutable, personne n'a le sentiment qu'il serait possible actuellement ou à bref délai. Il faudrait une situation plus dramatique que celle qu'on connaît pour y parvenir. Cela ne nous est arrivé que dans le danger de connaître un nouveau siège d'Alesia.
Les progrès de l'homme, je l'ai souvent dit, ont un rapport avec sa nature, qui n'est pas que psychique, idéique. Ils s'enracinent dans les corps, dont personne ne peut faire ce qu'il veut, sauf les tuer.
Tu écris, à la fin de ton commentaire:"Ne pas adhérer à des parti-pris partisans collectivisés, n'est pas donné d'avance par hérédité biologique ou par éducation; cela demande l'effort de quitter une forme de manque de modestie, mélangée à un repliement sur soi qui est une forme d'égoïsme." Le "Ne pas" initial ne serait-il pas de trop?

[Eric delmas-Mars]

et sans doute l'Europe et le monde, c'est de ce que la tradition désigne comme :
L'UNION DES CONTRAIRES.

Cet archétype dont la mise en application autorise l'effacement des clivages maturant(1).
Il ne s'agit pas d'une vaine expression, ni de promouvoir un consensus mou qui ne satisfait aucun des protagonistes.

Ta proposition teintée dans le raisonnement, d'une approche hellénistique dans un contexte de pensée moderne s'en tenant à l'observation des faits passés est intéressante; ton argumentation et tes critiques ont une juste valeur dans ce contexte-là.

Je crains, si justifiées soient-elle, qu'elles soient stériles ou en tout cas peu productives.
Un exemple : Avant de voir à quoi a mené l'invention et la mise en place de certains supports donnant moyens de transports tels que le train, le macadam et les voitures, l'avion...
était il prévisible qu'ils offriraient ce qu'ils nous permettent à l'heure actuelle moyennant finance ?
De même "l'écologique attitude" telle que je l'envisage personnellement et m'y ouvre, ne peut dire maintenant ce qu'elle pourra éventuellement offrir concrètement aux futures générations, en particulier celle de nos petits et arrières petits enfants.

Ce n'est pas à mon sens, par des grandes messes et des effets de manches ou d'annonce-spectacle, que satisfaction sera apportée aux problématiques environnementales; c'est par une confrontation à la loyale, sans chercher à vaincre l'autre en le mettant plus bas que terre (!), qu'une solution d'avenir sera trouvée. C'est par une mise en commun judicieuse et l'élaboration partagée que des positions aussi justes et sages que possible seront trouvées et pourront être mises en oeuvre.

Ma pensée, c'est que l'effort à fournir par tout un chacun est de se dire en toute limpidité de conscience que personne, y compris nous, ne détenons une vérité imposable à tous; et ce, quelles que soient nos convictions.

Cela signifie que nos mentalités routinières ont à opérer un effort colossal de changement de pratique !!

Quitter ses convictions et croyances diverses auxquelles nous sommes liées mordicus,
tant dans nos mode de penser que dans celles de nous comporter,
n'est pas joué d'avance !
Ne pas adhérer à des partis-pris partisans collectivisés, n'est pas donné d'avance par hérédité biologique ou par éducation; cela demande l'effort de quitter une forme de manque de modestie mélangé à un repliement sur soi qui est une forme d'égoïsme.

L'à venir nous dira si cette possibilité offerte trouve une place dans la jungle des pensées contemporaines (2).

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(1) (si il sont affirmés d'une manière constructive, sans compromission des fondamentaux, pas des convictions)
(2) Je suggère d'avoir la curiosité de lire le texte de : "Discours sur la servitude volontaire" de LA BOETIE, publié en économique par Le Monde/Flammarion (4,90 € chez mon libraire-buraliste)

Bonne journée à tous