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Sceptique
19 mai 2010

Des hommes en bleu à Montparnasse

"Les infirmiers-anesthésistes occupent les voies à Montparnasse". Ce titre est grammaticalement correct: il y a des hommes dans la profession et parmi les manifestants.

Mais il est aussi significatif du machisme résiduel de notre société. C'est, en effet, parce que cette spécialité est devenue majoritairement masculine qu'elle est plus combative et a fini par mener cette action spectaculaire et dérangeante. 

Bien sûr, notre appareil politico-administratif n'a pas pris conscience de ce changement. D'une profession traditionnellement féminine "il" est convaincu qu'il peut faire ce qu'il veut. Sans même regarder les images de la télévision, notre Ministre de la Santé a refusé de recevoir une délégation de ces grévistes. Des nanas, bof! C'est vrai aussi pour les nanas de pouvoir!

De "nanas", la profession médicale en est maintenant bien pourvue, mais heureusement pour elle, les mecs qui trustent les diverses formations syndicales font écran à cette réalité. Leurs interlocuteurs politiques seraient-ils, maintenant, moins abusés? Outre que les médecins ne font jamais de grèves aussi dures et aussi unanimes que les cheminots ou les agents des transports publics, les doctoresses, dont la plupart ne travaillent pas à temps complet, assurent le service minimum. Chez les infirmières , hospitalières ou libérales, les sage-femmes(hospitalières) le devoir passe aussi avant tout. 

Est-ce un fait de nature, ou un fait de culture? Les deux, mon général. Difficile de faire la part des choses, l'éducation, les rapports mère-fille, et père-fille, relançant à chaque génération la disponibilité d'un sexe, la coriacité de l'autre. Une particularité culturelle française ajoute sûrement une touche* de machisme à l'ensemble. Il est établi que notre pays est loin des premiers rangs en matière d'égalité...de destin, des hommes et des femmes.

Pour autant, je doute de l'efficacité de lois de discrimination positive en la matière. Il en existe déjà un certain nombre, et il est de bon ton de souligner leur échec. Qui commence avec l'indifférence des intéressées.

C'est pour une part à leur honneur. Telles qu'elles sont façonnées par leur histoire et leur éducation, les femmes françaises n'arrivent pas à être aussi "simplistes" que les hommes. J'ai eu l'occasion de comparer des femmes de haut niveau de formation universitaire, américaine ou française. La différence est frappante. Il semble bien que de l'autre côté de l'Atlantique, le problème est nettement plus avancé. Les femmes se sentent complètement les égales des hommes, à niveau professionnel comparable, sans se "masculiniser" pour mieux se défendre. 

Par ailleurs, en France, en tout cas, les systèmes non-dits, ritualisés, qui "gèrent" les professions depuis des siècles, restent parfaitement intégrés dans les esprits, masculins comme féminins. Personne n'y déroge! Chacun reste à sa place**.

Train-train, ou trains? Nous n'arrivons pas à choisir!

Sceptique

*Ou une louche!

**Leur paradigme est peut-être à l'Université, dont les rites de passage (soutenance de thèse, habilitation), sont des copies fidèles, en esprit, des rites initiatiques des peuples primitifs. Je soupçonne, cependant, les professions judiciaires "d'enfoncer" toutes les autres sous ce rapport. 

 

 

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Commentaires
S
Votre remarque est intéressante. Les images données par la télévision (sans la télévision, à quoi bon faire des manifs!) semblent donner aux hommes le rôle principal. Qu'à partir d'une certaine proportion, ils prennent "naturellement".<br /> La culture, si ont n'y prête gare, renforce la nature, en la nommant, en lui donnant l'existence. C'est la prise de conscience qui permet de discuter de la culture, de ne plus subir la loi aveugle qu'elle a entérinée. <br /> Mais chacun doit pouvoir user de "sa" nature.
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G
Je partage cette conviction - appuyée par toutes les enquêtes en sociologie sur le sujet - que la culture nous façonne et façonne encore des modèles de genre.<br /> <br /> Il y a ces lois tacites, que nous avons intégrées sans nous en rendre compte, auxquelles chacun trouve une adaptation personnelle... C'est plus les barrières des tabous et de la censure (parfois autocensure) - implicites elles aussi - qui font que la société évolue lentemeeeent, leeeeeeeeeeeentement sur certains sujets.<br /> <br /> J'aurais tendance à croire qu'une révolution brusque n'apporterait des bénéfices qu'éphémère car elle ne ferait pas changer les choses en profondeur. C'est quand les esprits bougent, à petit pas, de génération en génération, en prenant tout les appuis possibles, que des idées nouvelles peuvent commencer à prendre une valeur sociale, culturelle...<br /> <br /> Ceci dit lors de mon stage au bloc il n'y avait que des femmes IADE, est-ce réellement si masculinisé que cela ? Bien sûr, je tiens compte de la proportion féminine habituelle qu'il y a dans ce métier mais... J'ai vu beaucoup plus d'hommes en psychiatrie qu'au bloc ou en réanimation. Par contre, beaucoup d'hommes aux urgences (et pas que pour des raisons de facilité à maîtriser physiquement des patients ivres ou douloureux ou autres). En général, et pardon du parallèle mais... Ceux là sont le plus souvent des "Zorro".
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Sceptique
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