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Sceptique
29 octobre 2010

Réflexions sur le scepticisme

C'est un des principaux sujets de réflexion qui marquent la rentrée de l'Institut de France, à laquelle le "Monde" du 27 Octobre 2010 consacre deux pleines pages. Je ne peux être indifférent à un tel thème, puisque j'ai choisi le mot sceptique comme pseudo. Mais suis-je sceptique à propos de tout? Il me semble que non, mais le noyau de mon scepticisme condense pratiquement tout ce concerne l'homme. Je ne crois pas qu'on puisse, par la force ou par la chansonnette, en faire un pantin durable. Mais de cette impossibilité résultent beaucoup de doutes sur les prétentions diverses à le faire rentrer dans le rang, à en faire un voyageur ordinaire de l'Arche de Noé, alors que ce mythe postule au contraire l'exception humaine. Noé et ses fils construisent l'Arche, y installent "tous" les couples d'animaux, dirigent le navire jusqu'au Mont Ararat (Dieu n'avait pas lésiné sur le déluge!*). Ils auront la tâche, avec les femmes de leur clan, de reconstituer une humanité enfin bonne. Raté! 

Les ratages en série qu'énumèrent les mythes fondateurs, le nôtre et bien d'autres, ne semblent pas décourager les refondateurs de la création, soit qu'ils attribuent ce ratage à des saboteurs bien identifiés, qu'il suffira de mettre hors d'état de nuire, soit qu'ils se fassent fort de réussir là où "Dieu" a échoué. Je suis donc sceptique, à coup sûr, sur toutes les religions, classiques ou modernes, et sur toutes les utopies, consacrées aux mêmes buts, ramener l'homme au passé le plus lointain possible, ou le débarrasser de tous ses vices.

La première contribution (au dossier du "Monde"), qui peut nourrir ma propre réflexion, est celle de Jean-Christophe Ruffin, médecin humanitaire, écrivain renommé, et récemment "bombardé*" ambassadeur de France au Sénégal. Cette mission vient de prendre fin.

"...nous sommes en train de passer de la génération du courage à celle du doute", remarque l'auteur, évoquant quelques grands résistants à l'appui de son propos. Peut-on reprocher aux générations actuellement dominantes de ne pas avoir participé à la résistance? Doit-on regretter la vaccination massive contre la guerre, subie par les peuples européens, et l'idée d'une Europe unie et pacifique qui est apparue comme seule solution, à des fondateurs qui ont eu, eux aussi, beaucoup de courage à s'arracher au fatalisme?

Si le résultat est, justement, une démobilisation générale, une exaltation des individualismes, des particularismes territoriaux, ou des communautarismes, propres aux immigrés non européens, quel artifice pourrait ressouder, sans faire de morts, notre nation? 

Il s'y ajoute, note encore J.C. Ruffin, une glissade vertigineuse de nos influences, culturelle, linguistique, et bien sûr, économique. Sur ce dernier point, déterminant les précédents, à mon avis, la toute chaude protestation contre la réforme des retraites, n'est pas l'expression d'un doute, mais une pure dénégation, une certitude inverse de la réalité. Il y a résistants et résistants.

Pour conclure, J.C. Ruffin se console en mettant en exergue "l'extraordinaire créativité française dans tous les domaines, littéraire, théatral, cinématographique**, architectural..." Le problème, c'est que ces créations sont sans public populaire, qu'elles ne vivent que de subventions publiques ou de mécénats privés.

Une autre contribution, celle de Madame Anne Fagot-Largeault, membre de l'Académie des Sciences, effleure (ce n'est pas un reproche, eu égard aux dimensions de cette question) le doute scientifique, celui de Descartes, opposé au scepticisme, et, dans le contexte d'aujourd'hui, aussi important aux décideurs politiques, que les augures l'étaient pour les chefs de guerre de l'antiquité! Trop d'incertitude, paralysante, nuit. Trop de précipitation, disqualifiée par l'erreur des conseillers scientifiques, nuit aussi. Comme le public, tel celui du cirque romain, demande la mise à mort du scientifique qui s'est trompé, on peut comprendre la prudence maladive de ces derniers. 

Peut-on imaginer une sortie de ce marécage de doutes qu'est devenue notre civilisation, qui n'est pas un scepticisme, mais le plus souvent, au contraire, une passion paranoïaque? Bien qu'une telle régression me fasse horreur, le cramponnement, comme à une planche de salut, aux religions dans leur simplisme le plus basique, paraît, au moins, explicable. Affolés par la liberté de penser, par la liberté de donner leur avis sur tout, les hommes désemparés se tournent vers les clercs*** et les gourous.

Sceptique

*Il y aurait fait "boum!", parait-il.

**La plupart des films français sont "exécutés" par les critiques....français. Mais quelquefois, "ILS" se trompent!

***Les clercs sont instruits de la parole divine.

 

 

 

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