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Sceptique
1 novembre 2010

Jacques Attali au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro

Comment définir Jacques Attali, tellement sa place dans la constellation politique est particulière? Lui même, en toute simplicité, se définit comme un homme de gauche, qui vote à gauche. 

Mais la question de la réciprocité se pose: s'il s'exposait au vote de ses semblables, les électeurs de gauche voteraient-ils pour lui? À entendre les porte-paroles patentés des dits électeurs de gauche, je crois bien que non. 

De toute façon, il avoue ne pas trop s'occuper des problèmes de la France, où il ne fait que passer de temps en temps Son attention habituelle se porte sur les problèmes du monde, et ses injustices.

Simplement, il vient de remettre au Président Sarkozy les résultats des travaux et réflexions d'une commission, "composée d'hommes de gauche et de droite", unis par la raison, et producteurs d'une synthèse et de mesures à prendre. Comme il en a parlé publiquement, cela a provoqué un tollé....multilatéral!

Que pense-t-il de la réforme des retraites, qui vient de provoquer un "bras de fer", à l'avantage final de Nicolas Sarkozy?

"C'est une réforme inévitable, injuste, et insuffisante, répond-il, à la manière de l'opposition, "mais elle aurait du être faite il y a longtemps, compte tenu de ce que l'espérance de vie après la retraite a été multipliée par trois". Autrement dit, la gauche a sa part de responsabilité dans le retard pris.

Pour autant, il justifie la décision de François Mitterand d'avoir ramené l'âge légal à 60 ans. "À l'époque, les conditions(démographiques) le permettaient". Ce propos, marqué par la fidélité, sous entend que les pouvoirs de gauche auraient du prendre les initiatives d'ajustement. Il ne croit pas que la gauche revenant au pouvoir reviendra sur la réforme, sur le "sale boulot" accompli par la droite. 

À plusieurs reprises, Jacques Attali, reprendra, sur un ton tranquille, une remarque importante: "j'admets qu'on conteste mes propositions, mais à condition qu'on m'en propose d'autres." Et c'est là que "le bât blesse": tant à droite qu'à gauche le "niet" prévaut contre toute mesure impopulaire. Quand on sait que l'opinion française se divise à 50/50 avec des fluctuations rapides autour de la ligne de partage, on peut comprendre que le "niet" permet généralement de rassurer son électorat, ou d'endormir l'autre. Comme on comprend, aussi, qu'un Jacques Attali ne se risque pas dans l'arène du cirque électoral!

À la question, "l'État peut-il exiger des collectivités locales qu'elles appliquent le principe du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, partant à la retraite?" il répond:"Les collectivités locales sont indépendantes". Mais "l'État fait ce qu'il veut, il peut réduire ses dotations (on l'en accuse déjà!). "Les collectivités locales devront prélever les impôts nécessaires" (elles le font déjà).

Pour rester dans la course, les États de l'Europe devront faire des économies, tandis que l'Europe, comme ensemble, devra utiliser son budget au service de la prospérité économique, en stimulant la croissance.

La TVA doit être utilisée pour améliorer la compétitivité, par transfert sur elle des charges(patronales). Elle ne présente pas de risque réel de hausse des prix, et sera en fin de compte payée par les revenus. Il n'en reste pas moins que cette hausse de la TVA, considérée comme raisonnable par...les gens raisonnables, est toujours un "casus belli" pour la gauche. Elle a failli coûter (à la droite) les élections législatives de 2007, pour cause d'un propos candide de J.L.Borloo. La mesure sera "tabou" jusqu'en 2012. "chat échaudé craint l'eau froide!"

À budget comparable, notre système éducatif a raté l'enseignement primaire, qui détermine toute la suite. La raison "lui" semble sa rigidité, sa conformité, quelque soit la population concernée (de Neuilly ou Saint-Denis). Sa réforme devrait reposer sur l'autonomie des équipes enseignantes, libres d'ajuster leurs méthodes aux besoins des élèves, dès leur plus jeune âge. C'est une évidence....qui sera accueillie comme les autres*!

Le G2O? Il pourrait se résumer à un G2. Les E.U et la Chine y font la loi!

Le changement de Premier Ministre? Ce n'est pas le meilleur moment.

L'impopularité de Nicolas Sarkozy? Il est victime du sentiment d'injustice. En France, c'est la richesse qui est un scandale. Alors qu'ailleurs, c'est la pauvreté qui tient ce rôle. Sarkozy est identifié à la richesse.

Le dialogue avec les syndicats, qui n'ont que 8 à 10% d'affiliés? Il est indispensable. Il voudrait que soit examiné avec eux l'avantage du "contrat d'évolution" à proposer aux demandeurs d'emploi (un suivi, une formation individualisée, une indemnisation que serait un vrai salaire, une réciprocité contractuelle...l'abandon étant sanctionné par la suppression de la rémunération.).

La position de Jacques Attali paraît donc très au dessus de la réalité triviale de la mauvaise foi affichée des politiques et des syndicats. Est-il optimiste? L'intelligence de ses propositions le donne à penser. Les croit-il acceptables? Il reste distant, ou muet, sur ces questions. 

La conclusion rapide du conflit de plusieurs semaines, qui a accompagné le débat parlementaire et ses votes, sur la réforme des retraites, donne à penser que derrière les vociférations et les grands serments des meneurs, repris en choeur par les "deuxièmes pompes", les responsables politiques et syndicaux n'ont pas cessé de se parler et de sauvegarder les règles institutionnelles. D'où cette impression finale d'un psychodrame** bien convenu et finalement convenable, et très...."aristocratique".

Sceptique

* Par des grèves!

**cf mon précédent billet "AU THÉÂTRE CE SOIR"

 

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Commentaires
P
merci pour ces compte-rendus détaillés d'émissions que nous n'avons pas forcément entendues.
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Sceptique
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