Communisme incorrigible

La condamnation d'un intellectuel franco-vietnamien pour avoir critiqué le pouvoir politique de son pays sur son blog (au Vietnam, pas en France!) ne m'avait pas étonné. Je suis sceptique à l'égard de tous les hommes, mais désespéré quand il s'agit de communistes, même milliardaires. Ce désespoir a l'inconvénient de me laisser muet.

Peu de temps avant le bruit médiatique fait par le procès de ce pauvre homme, naïf au point d'être allé mettre sa tête dans la gueule du loup, j'avais eu l'occasion* d'évoquer le souvenir, bien plus ancien, d'un Professeur de Lycée au Maroc, dans les années 40, réputé pour ses obsessions redoutables...pour les candidats au bac.

Sa passion pour le communisme et son laboratoire, l'URSS, avait été contagieuse pour un de nos camarades, issu de l'émigration "blanche", qui s'apprêtait à rentrer en URSS à l'invitation de Staline. L'a-t-il fait en définitive, je ne le sais pas. Ce que j'ai su, plus tard, de la bouche d'un confrère arménien, fils de rescapés du génocide, qui avait lui aussi, accepté ce retour, c'est que la plupart de ces convertis ont été envoyés épurer leur foi dans les camps du Goulag**. Un certain nombre a du y crever.

Où que règne le communisme, pur et dur, ou converti aux charmes du pognon, la limite est la liberté d'opinion. Même économiquement capitalistes, ouverts au commerce international, au tourisme, aux messes sportives, même bien sapés, portant cravate, buvant de nos meilleurs crus, préférant rester muets plutôt que dire ce qu'ils pensent, les héritiers du communisme triomphant des années 50, veillent jalousement sur leur patrimoine idéologique, et sur son respect par ceux qui ne demandent pas à recevoir leur baptême, ou qui n'en sont pas jugés dignes. 

Pour pratiquer le "bizness", pas de problème, si on n'est pas trop pointilleux sur la propriété intellectuelle***. Mais gare aux ingérences dans leur façon de traiter les contestataires, les insolents, les moqueurs sacrilèges.

Et là où le communisme est officiellement récusé, banni, et même remplacé par le signe de croix, il ne fait pas bon faire état de son opinion. La balle de révolver ou la bastonnade à mort ont remplacé le goulag.

C'est une religion qui ne fait plus beaucoup d'adeptes, tout juste suffisamment pour ne pas laisser s'éteindre le Parti, mais là où elle a occupé les postes de contrôle et de décision, elle ne lâche rien sur l'essentiel. 

Combien de temps, à partir du siècle des Lumières, avons nous mis à conquérir une véritable liberté? La nostalgie du bon-vieux-temps ne fait-elle plus souffrir?

Sceptique

*"La Corse saisie par la Raison"

**cf le film "Est-Ouest"

***Ce mépris spécifique est d'essence idéologique.