Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sceptique
2 septembre 2011

Libye:les espoirs de la Conférence de Paris

"Le peuple gagne: tous des héros! Le peuple perd: tous des canailles!" Cette remarque à propos de nos propres mouvements populaires du 19ème siècle, le plus souvent voués à l'échec face à la résistance de l'État en place et de ses troupes, a une valeur universelle.

C'est ce qui serait sûrement arrivé, si, sous l'impulsion du Président français, outré par les propos sanguinaires du dictateur Mouammar Khadafi, dont il avait pu découvrir la folie réelle, après l'avoir serré sur son coeur, le duo franco-anglais, sous la bannière de l'OTAN, n'avait pas jeté dans la bataille ses forces aériennes, et, plus discrètement, ses conseillers militaires. L'offensive khadafiste avait été stoppée aux portes de Benghazi. La contre-offensive rebelle, la fleur au fusil, l'avait été aux portes de Brega, le siège de Misrata témoignait de la haine que le dictateur vouait à tous ceux qui s'opposaient à lui. Des fleuves de sang, avait-il promis.

À l'exception de ces quelques points chauds et mouvants, les positions se fixaient, la capitale, Tripoli, avait été reprises en mains par le Guide, qui s'y faisait applaudir et bénir. Des voix s'élevaient en France et ailleurs pour souligner la promesse d'enlisement, puis de retrait honteux. Tout ça serait de l'argent foutu, il aurait fallu laisser les libyens s'entretuer jusqu'au dernier.

Une offensive sur Tripoli partant d'une région montagneuse au sud-ouest de la capitale, combinée avec une sortie vers l'ouest des forces rebelles de Misrata, cette fois méthodique et coordonnée, fit tomber en quelques jours les défenses de Tripoli et le coeur du régime. C'en était fini des rodomontades du dictateur, de leur crédibilité, en tout cas, et des violences exercées par ses troupes fidèles et ses mercenaires. Il ne restait plus que le bastion de Syrte, ville de naissance du dictateur, pour représenter la nuisance de Khadafi. Je doute de l'affection réelle de la ville pour son illustre natif, mais Lui devait attribuer de l'importance à ce symbole, et il lui a affectée une partie de ses forces avec l'armement nécessaire. Syrte tombera sous l'assaut des rebelles, ou, prenant acte de la réduction à l'impuissance du tyran, elle se rendra.

C'est comme si c'était fait, pour la communauté internationale, qui s'est rassemblée, toute honte bue, à Paris, autour du héros du jour, le Président  Nicolas Sarkozy. Bien sûr, modestement effacé derrière le représentant de l'ONU, à laquelle avait été arraché le feu vert, il y a six mois. Des grands nouveaux participaient au méchoui*, dont Angela Merckel, chancelière d'un Allemagne non engagée, et le représentant de la Russie, n'ayant lâché Khadafi qu'avec réserves**, mais se rattrapant en reconnaissant le résultat, la légitimité du CNT.

Ce qui me parait un résultat très positif de cette conférence, c'est le déblocage d'une somme conséquente, quinze milliarde de dollars, prélevés sur les avoirs libyens "placés" à l'étranger par un régime qui accaparait toutes les "royalties" provenant de ses ressources pétrolières. Cette somme, qui ne représente qu'une partie du trésor libyen, permettra au nouveau régime de régler des salaires impayés, et de relancer l'économie, sans demander un effort financier supplémentaire à ses alliés occidentaux et arabes.

Le CNT a du travail à faire, qui comprend une consolidation de sa légitimité sur l'ensemble de la Libye, qui a une homogénéité ethnique et religieuse, mais pas politique, justement. Elle constitue un rassemblement de tribus, elles-mêmes regroupées en deux sous-ensembles, la Tripolitaine et la Cyrénaïque. Leur unification avait été réalisée par le colonisateur italien, prolongée par une monarchie installée par les alliés après la guerre 39/45, mise à bas par le coup de force de Khadafi en 1969. Les forces centriguges y sont donc encore importantes, mais théoriquement réductibles. 

Sceptique

*Ce n'est qu'une image. La Conférence ne pouvait avoir lieu que parce que Khadafi est "cuit".

**La Russie, et la Chine, ont laissé agir les occidentaux, mais avec réticences. Elles sont restées inflexibles au sujet de la Syrie, dont le chef, Bachar El Assad peut faire ce qu'il veut de son peuple.

Publicité
Publicité
Commentaires
Sceptique
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité