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Sceptique
6 octobre 2011

Ne pas confondre "Cirque à l'école" et "École du cirque"

Pendant qu'en nombre croissant, des parents indignes votent avec leurs pieds et leur porte-monnaie, en confiant à l'enseignement libre leurs enfants, les inventeurs du "Cirque à l'école"* continuent de défendre leur trouvaille, "Apprendre en s'amusant". Heureusement, le "Monde" les accueille chaleureusement, et leurs partisans sont comblés.

Ils peuvent à loisir dauber sur leur Ministre, roi des casse-pieds du moment, qui ajoute à ses tracasseries le défaut d'être le contre-type de ce que désirent produire ces partisans de l'Apprendre en s'amusant: des dilettantes, chargés de délicieux souvenirs, sinon de connaissances. Luc Chatel est couvert de peaux d'âne, il fait partie de ces grosses têtes farcies, passées par nos grandes écoles, avant l'ENA, en guise de conclusion de la liste.

Avec un pareil bagage, pas étonnant qu'il en fasse la promotion, qu'il vante l'intérêt d'apprendre.

Car au contraire de l'ignorance, qui assure la béatitude, le savoir est une drogue dure, n'est-ce-pas? Non seulement ses "accrocs" lisent des centaines de lignes d'origines diverses chaque jour, ce qui contribue à la déforestation ou à la dépendance à l'électricité, nécessaire aux ordinateurs, mais ils sont en plus prosélites, pressant leurs enfants de suivre le même chemin, et, à l'occasion, les enfants des autres. C'est le cas quand on est Ministre de l'Éducation Nationale. 

Les enseignants conscencieux de l'Éducation Nationale, en nette majorité, se sentent pris en tenaille entre la pression "pédagogiste" de l'École-qui-pense-qu'il-faut-faire-découvrir-par l'enfant-le savoir-qu'il possède déjà, et l'impiété du Ministre qui n'en croit rien, et se mêle de programmes, de temps scolaire, tout en appliquant la réduction d'effectifs exigée par la situation des finances publiques.

Actuellement, face à la République qui leur fixe leur mission, jusque dans ses détails, les enseignants, globalement malheureux, n'ont de recours que vers leurs syndicats, dont ils sont conscients de leurs partis-pris en faveur des apôtres de l'ignorance, mais qui disposent du savoir-faire-grève-et-d'en-faire-parler. Pour ces syndicats, l'école n'appartient pas à cette République-là. Ils comptent bien qu'ELLE change de mains l'an prochain.

Lors de l'intermède mitterrrandien, un Ministre, avec l'appui de son Président, imagina bien une solution au problème narcissique de l'École Publique, en "nationalisant" l'école privée. L'idée provoqua un tollé assez puissant pour faire reculer le Président, qui désavoua son Ministre. Je doute qu'un Président issu de l'actuelle opposition se risque de nouveau à cette mesure protectionniste.

Il reste que la fonction de Ministre de l'Éducation Nationale est usante et périlleuse pour la carrière du politique qui accepte le poste. Trop ne s'en remettent pas. Leur échec, tout prévisible qu'il soit, est une casserole accrochée à leurs basques. La gratitude, la glorification des héros malheureux, n'appartiennent pas aux moeurs politiques.

C'est pourquoi j'imagine la suppression de cette fonction, et l'auto-gestion d'une Éducation Nationale, divisée en deux entités, l'enseignement primaire, et l'enseignement secondaire. La principale difficulté à prévoir, c'est que les personnels, enseignants ou non, ne fassent aucune confiance en leur gouvernance issue de leurs rangs, et s'accrochent à leur statut de fonctionnaires de l'État, comme on l'a vu avec le transfert aux collectivités locales des personnels non enseignants. 

Car pour le reste, un contrat négocié avec le gouvernement et le Parlement, définissant le cahier des charges et la dotation financière est imaginable. Il n'y a pas de raison qu'une école autonome réussisse moins bien qu'une Université disposant de cette même liberté. Le combat des partisans du bas-niveau-commun sera sûrement acharné, mais pas forcément victorieux.

Sceptique

*Il est évident que le cirque est fait pour amuser, mais qu'à l'École du cirque, "on" ne s'amuse pas. La formation des artistes est toujours une ascèse, un immense travail. Je suis toujours étonné de ce que ce travail devenu invisible....le reste.

 

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