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Sceptique
10 novembre 2011

Coût du travail en France: excessif, ou non?

Le coût du travail en France, son retentissement sur notre compétitivité, sa responsabilité dans notre désindustrialisation, constituent une antienne, chantée par le Medef et par les responsables politiques de droite. Auxquels la gauche révolutionnaire et les syndicats répondent que c'est très bien comme ça, et peut-être même pas assez!

Dans le "Monde" du 9 Novembre 2011(p.21, Débats), Alain Madelin, chef de file du libéralisme pur et dur dans les années 2000, mais qui semble avoir coupé d'eau son vin, attaque les demandes du Medef de voir réduire les charges patronales par transfert d'une partie vers une TVA "sociale", la faisant payer par les consommateurs de produits importés*. Il s'emploie à démontrer que cette idée est erronée, et qu'en fin de compte, le coût du travail n'est pas plus élevé en France qu'en Allemagne, et ne justifie, ni ce transfert, ni les délocalisations qui découleraient du statu quo. Il brûle ce que certains de ses plus chauds adeptes, sinon lui-même, avaient adoré, l'emploi "low coast" et jetable. 

Quand il dit que le vrai secret de la compétitivité est dans l'innovation, la recherche de produits à forte valeur ajoutée, et....la robotisation d'un maximum d'opérations de fabrication (3 fois plus de robots en Allemagne qu'en France), je suis d'accord avec lui, car, effectivement, l'automatisation réduit les coûts et crée des emplois plus qualifiés. Mais le gros de notre tissu industriel est encore loin de cette capacité, et de ce niveau de qualification de la main d'oeuvre, "formée" différemment qu'en Allemagne**. Elle ne peut donc pas, l'entreprise française ordinaire, soutenir la concurrence des pays à bas coût de main d'oeuvre. Ce problème commence dès le stade de l'artisanat: il est très difficile, pour un artisan, de franchir le cap d'une première embauche, qui affecte immédiatement sa rentabilité.

Comme il n'est pas imaginable que nos entreprises franchissent rapidement le fossé qui les sépare de leurs concurrents étrangers, il faudra bien réfléchir à des solutions allégeant le coût du travail à faible valeur ajoutée, et améliorant en même temps le salaire net du salarié. Les allègements de charges dont bénéficient actuellement les entreprises "de main d'oeuvre" sont circonstantiels et révocables. La refonte durable du système des prélévements sociaux, en laissant de côté toute référence à la "lutte des classes", relèvera d'un choix et d'une action politiques fermes.

Sceptique

*À part l'alimentation, au détail ou conditionnée, la plupart des achats des ménages français, en matière d'habillement ou d'équipements, sont de produits importés.

**En Allemagne le travail manuel, et son corollaire, l'apprentissage, sont bien vus. En France, le même travail est synonyme de l'échec scolaire par débilité mentale ou paresse incurable. C'est le sort des "fruits secs"!

 

 

 

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Commentaires
C
Cette dévalorisation du travail manuel est désolante ! Quand je vois les interminables files de chômeurs bardés d'un diplôme universitaire inutile et le carnet de commandes d'un ami de ma fille qui vient de s'établir électricien...
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Sceptique
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