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Sceptique
7 mars 2012

"Mais qu'est-il allé faire dans cette galère?"

Quand il parle de sa fonction, Nicolas Sarkozy ne manque pas d'en souligner la dureté de tous les instants. La pénibilité est présidentielle, aussi!

Candidat à un deuxième mandat*, le Président est entré en campagne, sur un terrain déjà occupé par ses divers rivaux, qui ne cachent pas leur désir de le remplacer, et font donc son procès, à charge. Son handicap semble énorme, sa popularité s'étant usée sur les épreuves que subissent les français embarqués dans la crise. Il faut être un connaisseur de la chose politique pour, d'une part déplorer une atmosphère pourrie par la haine de ses rivaux et de leurs soutiens, d'autre part imaginer la très mauvaise surprise des électeurs en déballant le cadeau qu'ils se seront fait.

Qui ne rêve d'une campagne sereine, sans violences verbales, respectueuse des personnes, ne s'appuyant que sur des arguments vérifiables? C'est impossible. Ailleurs comme en France.

Les journalistes de la télévision, publique, ou privée, se sont mis en frais pour organiser des confrontations dans tous les cas de figure, au temps bien réglé, sous le contrôle du CSA, au déroulement d'un jeu de l'oie, mais sans dés, chaque case traversée étant d'une durée identique, à la pincée de minutes près.

Donc, hier soir, Nicolas Sarkozy, Président en exercice et candidat, comparaissait devant un jury de journalistes, et devait, dans la dernière partie, débattre avec un homme politique de l'opposition, en l'occurrence Laurent Fabius, ancien premier ministre, député de la Seine-Maritime, entre autres multiples titres.

Une synthèse valant notation reviendrait, à la fin, à deux journalistes renommés.

Appelé à faire son autoportrait mental, le Président a reconnu une sensibilité, une sentimentalité, qui ne lui fut pas toujours profitable, sous forme d'image, ou de reconnaissance. L'antidote de ce point faible: son énergie, disponible en toutes circonstances et inépuisable. Il n'a pas eu à attendre longtemps la provocation du versant douloureux de sa sentimentalité. L'attitude partiale des journalistes organisateurs a eu vite fait de le faire sortir de ses gonds. Je me suis demandé si l'émission n'allait pas s'interrompre pour de bon.

Mais elle s'est poursuivie. Le président a fait l'étalage de son oeuvre de cinq ans, dans les conditions qui ont été imposées par la crise, et il est revenu, sous la pression des journalistes, sur les erreurs "symboliques" commises dès après l'élection, avant sa prise de fonction: la fête au Fouquet's, dont il espérait une réconciliation avec Cécilia, sa femme, saisie par le doute depuis la décision de candidature. C'est elle qui avait organisé la fête, en en écartant tous les amis proches, et fidèles soutiens, du Président fraichement élu. Contraint à mélanger la célébration de son succès, et le sauvetage de son couple, il avait négligé son entrée dans le "qu'en dira-t-on permanent". Le lendemain, entre l'hospitalité amicale du chef d'entreprise Bolloré, sur son yacht, et son espoir de réconciliation, il avait encore oublié la préservation de son image.

Serait il absous, grâce à cet acte de contrition? Manifestement pas par les confesseurs rassemblés. Les regrets d'avoir libéré son "mauvais caractère" à l'occasion de manques de respect, de la part de citoyens rencontrés au cours de ses déplacements, seraient-ils remis à son crédit? Je souffrais, pour ma part, de le voir réagir de cette manière à ces coups d'épingle.

C'était de toute évidence son choix: s'exprimer "en vérité", souffrir le martyr de Saint Sébastien, mourir sous les flèches, ou en triompher miraculeusement. Pour rééquilibrer l'échange, il ne manqua pas de jeter en pature aux millions de téléspectateurs qui assistaient à la scène, les "vices cachés", les faiblesses, les vides du CV du postulant à sa succession, les jugements méprisants des personnalités socialistes écartées de la voie vers la présidence par le chanceux (pas plus**) François Hollande***.

Il ne manqua pas davantage de les rappeler, ces jugements, à son interlocuteur Laurent Fabius, qui admit les avoir formulés publiquement, mais affirma s'être loyalement converti à la reconnaissance des talents du candidat socialiste et à son soutien jusqu'à la victoire finale. Les deux hommes s'échangèrent vigoureusement des accusations de mensonges. Ma participation de spectateur s'arrêta là.

Je me pose la question du bénéfice que pourrait attendre Nicolas Sarkozy, de sa prestation plus que transparente. Sa sincérité, face au festival d'hypocrisie, teinté de méchanceté prometteuse, de l'aréopage de journalistes, et de Sa Suffisance Laurent Fabius, pourront elles ébranler les électeurs qui ont suivi l'émission, leur faire réaliser à qui ils font appel pour le remplacer?

Il ne pouvait pas se présenter autrement, sans masque, sans cuirasse, les mains nues. Il n'a jamais fait autrement, tout au long de ses cinq ans de mandat. Ses électeurs ingrats vont ils réaliser ce qu'ils pourraient perdre?

Sceptique

* C'est par devoir, évidemment, comme ça l'est pour tous les candidats. Il ne considère pas sa tâche comme terminée, et a besoin de la délégation nécessaire à sa poursuite.

**C'est ce qu'ont du penser ses rivaux malheureux aux primaires, qui avaient aussi des ambitions, et qui ont du avaler leur couleuvre.

***François Hollande ne peut, en aucune manière, être comparé à son rival. Sa compétence en politique ne peut être mise en cause, sa formation de haut niveau est respectable, puisqu'elle a été validée par des mandats électifs. Ses points faibles sont son parti et ceux qui auront à l'assister s'il est vainqueur. Car, par la tradition de jouer "collectif", à laquelle se cramponne le P.S., il aura du mal, en lui-même, et avec son gouvernement, à affirmer son autorité.

 

 

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Commentaires
S
Vous avez tout à fait raison, les sondages mériteraient, en apparence, de se substituer au vote. Le vote a cependant le mérite de vérifier sur le grand nombre, le plus proche de la réalité (il y a l'abstention et le vote nul à soustraire), le choix des électeurs.<br /> <br /> Depuis qu'il est utilisé dans les démocraties, le sondage d'opinion s'est perfectionné, affiné. Les facteurs qui peuvent fausser les résultats sont connus, mesurés, et intégrés dans les calculs. La leçon de 2002 a calmé les envies de les "arranger" pour qu'ils soient moins cruels (en 2002 l'irruption de J.M. Le Pen a surpris, parce que les sondeurs doutaient de leurs résultats, et leurs commanditaires, plus encore).<br /> <br /> La publication honnête des résultas des sondages fait partie de l'information à laquelle les électeurs ont droit. Certains peuvent se sentir coupables et modifier leur projet de vote. Et les candidats peuvent en tirer des informations sur les effets de leurs discours.<br /> <br /> Personne ne s'en privera plus. Leur interdiction dans les jours qui précèdent le vote est-elle utile? Il en circule "sous le manteau", mais ils ne modifient plus le vote final.
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L
les socialistes sont déjà presque à se congratuler de la victoire qui leur est promise. Avant d'avoir tué l'ours, ils s'en partagent déjà la peau. Ils sont pitoyables en vérité, et Mélenchon encore pire que tous m'insupporte par ses aboiements répétitifs. Quelle pitrerie, quelle tartufferie. C'est bien triste, et moi qui ne suis pas un fanatique de Sarko, je voterais bien pour lui juste pour gêner ces socialistes qui se croient déjà arrivés.<br /> <br /> Cette campagne à mon avis révèle quelque chose de plus. La suprématie des sondages, leur prééminence sur la démocratie. Si les sondages disent la vérité, pourquoi voter ?
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Sceptique
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