LE CONFLIT "INTÉRIEUR"- "JUSTICE" N'EST PAS UNE QUESTION DE PERSONNES.

Bien sûr, les personnes que sont Manuel Valls et Christiane Taubira sont très différentes, et avaient une prédisposition à leurs charges différentes.

Si Manuel Valls a le coeur à gauche, en matière de sécurité et d'ordre public, il n'a jamais partagé l'angélisme qui sied à une gauche qui ne voit à la délinquance que des (bonnes) raisons sociales. Christiane Taubira a le coeur très à gauche, et elle a repris à son compte la conception, qu'on dit "rousseauiste"* de l'être humain.  

C'est la première fois, depuis qu'elle a repris le pouvoir, que la gauche rencontre un conflit entre l'intérieur et la justice. Précédemment, c'est toujours sa vision de la justice qui l'a emporté. L'amenant à la sanction électorale. Cette fois-ci, hasard, ou prise de conscience, un "équilibre" a été mis en place. Mais un équilibre, en politique comme en physique, c'est l'immobilisme. Il faudra que le vrai pouvoir tranche,  fasse un choix clair entre réalisme et angélisme. C'est exactement ce que demande Manuel Valls dans cette lettre que "l'honorable correspondant" du "Monde" a transmis à son "cher ami"**.

Comédie du pouvoir oblige, "embrassons-nous, Folleville!". De toute façon, Le Président Hollande aurait tranché, et il tranchera. Les conséquences de sa décision n'étant payables qu'à terme, il ne sera pas tenu, comme il l'a été, et l'est encore, en économie, de virer de bord, en satisfaisant Manuel Valls. Je parie qu'il donnnera raison à Christiane Taubira. La montée du FN, ça embête plus l'UMP que le PS.

Comme je l'annonçais dans mon titre, le conflit Intérieur-Justice n'est pas une question de personnes, mais de politiques. Le corps des magistrats est politisé. À travers ses syndicats, qui expriment plutôt clairement leurs options. Si la justice est indépendante du pouvoir politique, en théorie, les juges ne sont pas indépendants de leurs opinions, de leurs sympathies, ou antipathies. C'est la faiblesse souhaitable de l'homme. Neutralisée par le partage des rôles et la multiplicité des recours. Son mode de recrutement, direct, le moule unique*** de l'École de la Magistrature, n'a pu que favoriser le clivage de la corporation d'avec le peuple ordinaire des "justiciables".

La droite l'a rencontré et l'a géré, comme elle pouvait, en sauvant la face. La fiction a fonctionné le mieux possible.

C'est peut-être une chance, finalement, qu'il apparaisse au grand jour, soit visible "à l'oeil nu". François Hollande, Président de la République, muni des pouvoirs que lui donne la constitution de 1958, va devoir trancher une question "structurelle", pendante depuis plus de cinquante ans, dont la coriacité tient de ce que ses racines plongent dans notre histoire. À la fois "on" s'en plaint, et "on" y tient.****

Sceptique

*"L'homme est naturellement bon, mais perverti par la société". La "variable d'ajustement" est donc sociétale. C'est ce qu'on répète à son propos. Mais il n'avait pas une si bonne opinion de l'homme.

**"Le "Monde", "bénéficiaire" de la fuite, soupçonne le Ministre de l'avoir...bénite...ou ordonnée.

***Dans les pays anglo-saxons, le moule unique est le métier d'avocat. Les juges se recrutent dans cette profession. Il en résulte des relations plus faciles et plus saines.

****Nos compatriotes du Québec, abandonnés à la couronne anglaise en 1760, n'ont pu s'habituer à la justice à l'anglaise. Dès qu'ils ont repris un poids politique suffisant, ils ont demandé, et obtenu, un retour (partiel) au système français, collant à la loi écrite. Il n'y a cependant pas la même professionnalisation des juges québécois. Ils sont passés par celle d'avocat. Nous, français "de souche", préférons les juges qui nous ressemblent: injustes....pour... les autres(il faut lire les commentaires des internautes, dès qu'il d'agit d'affaires judiciaires en cours. Ceux qui condamnent... condamnent à mort ou à perpète. Pas de "circonstances atténuantes"!).