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Sceptique
16 août 2014

LES ABEILLES ET LES HOMMES, CHAPITRE II.

Je reprends le titre de mon billet daté du 10 Avril 2014, dans la catégorie "société", dans lequel j'analysais les déboires des apiculteurs de l'Ariège, département montagnard, voué à l'élevage, où il était difficile de mettre en cause les "pesticides", ou "produits phyto-sanitaires", et vice-versa.

Comme il fallait bien que les "autres", donc, les éleveurs, soient responsables, et donc, coupables, les apiculteurs postulèrent que les crottes et les bouses étaient chargées de résidus de médicaments vétérinaires, qui finissaient par se retrouver dans le nectar des fleurs, et empoisonnaient les braves abeilles. À notre charmante époque, "postulat"="certitude".

Cependant, faute de pouvoir étayer un procès en bonne et due forme sur la base de ce postulat odorant, aux dernières nouvelles, les choses en restèrent là, à "salauds d'éleveurs".

Ce 15 Août, le"Monde" publie un article, en page 5, affirmant:"Les abeilles des Pyrénées décimées par les pesticides." En sous titre:"Le rôle des phytosaniataires a été mis en évidence grâce à des analyses financées par les apiculteurs."

Les texte précise qu'il s'agit des Pyrénées Orientales. Effectivement, terre de vignobles et d'arboriculture fruitière. Sans aucun doute, les professionnels utilisent des produits pour protéger leurs cultures. En principe, dûment autorisés.

Mais, surprise, la progression dans l'article montre que ce sont de nouveau les éleveurs qui sont dans le collimateur des apiculteurs. Et l'exposé s'aggrave de l'ignorance manifeste de la rédactrice, des spécialités agricoles des départements concernés, des besoins en pesticides des diverses productions. Les éleveurs et les céréaliers, sûrement rares dans cette région, sont au premier rang des coupables utilisateurs. Si les abeilles se mettent à butiner les vaches et les moutons, il y a effectivement un problème!

Pour en avoir le coeur net, les apiculteurs ont préparé des échantillons d'abeilles mortes, de pollen et de miel, et les ont confiés à un laboratoire du CNRS. Les analyses, physiques(?) et chimiques, ont mis en évidence des traces de pesticides dans 81% des échantillons. C'est à dire, non dosables! Des "traces", on en trouve de tout, partout, et ça ne signifie rien du tout, partout. Si ce n'est qu'elles sont laissées par les activités humaines.

Comme je l'ai rappelé, nos ancêtres chasseurs-cueilleurs connaissaient le miel, et affrontaient les abeilles pour le leur voler. Le passage à l'agriculture et à l'élevage s'est accompagné de l'invention des ruches. Mais la "réduction en esclavage des abeilles" s'est aggravée avec la commercialisation de leur capacité à améliorer la fécondation des fleurs de la vigne et des arbres fruitiers. Et pour ça, il faut balader les ruches....fermées. Les abeilles ne savent pas se plaindre, mais on peut imaginer leur souffrance.

Un autre changement de l'agriculture doit avoir son poids, la disparition, dans les zones d'agriculture, des fleurs des champs, victimes des désherbants. Mais d'utilisation nécessaire pour obtenir des récoltes commercialisables*. C'est un apport de nectar qui manque aux butineuses. C'est pourquoi c'est maintenant à Paris(et à Lyon! Le Figaro.fr du 21 Août 2014) que les abeilles sont les plus heureuses.

Je suggère aux apiculteurs de pratiquer une expérimentation, ciblée sur les conditions de vie de leurs braves abeilles: distinguer leurs ruches en mobiles, destinées à l'itinérance, et en fixes, exemptées de tout mouvement. Compenser les carences du nouvel environnement agricole par la plantation autour des ruches d'un maximum de fleurs mellifères. Et observer, ce qui se passe, pendant plusieurs mois . 

Je leur souhaite une heureuse surprise**.

Sceptique

*Les récoltes de céréales ne doivent pas contenir autre chose que la céréale consommable. Un exemple récent d'un seigle "bio", proposé aux amateurs de galettes bretonnes, mais contaminé par du datura sauvage, dont la scopolamine a provoqué quelques troubles malencontreux( vu sur Agriculture&Environnement).

**Pourquoi "faire suer le burnous" des abeilles serait-il sans effet, au contraire de ce qu'on constate avec l'humain? Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin, elle se casse!

Post-scriptum: Mon jardin "tout fou" comporte un certain nombre de plantes, qui arrivent de je ne sais où, parfois de chez ma proche voisine, qui s'intallent où elles veulent (ou peuvent). Certaines sont très mellifères: les coquelicots, les pavots, les balsamines, et depuis peu, les sédums, déjà très visités par des abeilles. Au printemps, quand mes ceanothes sont en fleurs, tous ces butineurs font un bruit fou. Ma religion est faite: les abeilles qui crèvent le font de faim.

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