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Sceptique
29 octobre 2014

ASSOCIATION DE MALFAITEURS ? OU CROISADE INTERNE?

Celle là n'est ni drôle, ni vouée à la punition d'un mauvais camarade. Elle associe une mouvance politique qui veut multiplier par des actes une influence qu'elle ne trouve pas dans les urnes, et des casseurs désoeuvrés qui se précipitent sur tous les champs de bataille que les premiers leur désignent.

Cette fois-ci, sur les lieux du futur barrage de Sievens, dans le Tarn, un malheureux hasard a fait qu'un jeune témoin a reçu sur le dos une grenade "offensive"* lancée par les gendarmes, et ,qu'éclatant au contact de son corps, le souffle produit par le projectile l'a blessé mortellement.

Un tel accident donne à réfléchir sur notre société et son fonctionnement. 

Elle est "démocratique" à toutes les échelles de son organisation, mais indirecte, grâce aux rapports de droit que crée le pouvoir législatif confié à la représentation nationale du peuple français. Une partie du pouvoir exécutif défini par le précédent est délégué aux niveaux d'organisation locale, par la décentralisation. Et ce sont ces bénéficiaires locaux d'une délégation de pouvoir qui ont élaboré le projet d'une retenue d'eau pour permettre l'irrigation du maïs, céréale par ailleurs avantagée par le sol et le climat. 

Si le Massif Central est le château d'eau de la France, la pluviométrie du bassin de la Garonne n'est pas régulière, et les exigences en eau du maïs justifient qu'une irrigation complémentaire soit possible. Par le moyen de retenues d'eau, fabriquées par l'Homme, la Nature ne s'en souciant pas.

C'est ce que conteste et dénonce la foi écologique: l'homme a abîmé la Nature par ses actions à son profit, il doit cesser de le faire, et obéir à son...indifférence. La même pensée déduit que les droits de la Nature posent une limite aux droits de l'homme. Selon sa logique aucune décision, fut-elle franchement démocratique, ne prévaut sur les droits de la Nature, révélés par cette pensée. 

Les prêtres de la nouvelle religion n'ont pas tort de ne pas faire confiance en leur seule prédication. Forts de l'expérience des précédentes, qui ont échoué à extirper le mal qui accompagne l'humanité, même en ajoutant des punitions aux pécheurs vivants, avant que le Ciel ne règle leur compte pour l'éternité, ils préfèrent empêcher l'homme de pécher par la violence immédiate et préventive.

Mais si leur pensée est violente, leurs caractères sont trop doux, et ils sont obligés de s'allier avec les héritiers des preux chevaliers, les casseurs, qui ne rêvent que de plaies et de bosses. Leurs croisades n'ont pas besoin de sortir du territoire, les Lieux Saints sont partout. Tout appartient à Gaïa, même votre Sam'suffit! Vous n'y êtes que par la volonté divine, précaire et révocable.

La question posée à cet échantillon exceptionnel de l'humanité qu'est le peuple français, appelé à être exemplaire, est extrêmement sérieuse. Peut-il, moralement, se cramponner à une liberté, à une responsabilité qui en est le corollaire, à une laïcité qui renforce la précédente, à l'autonomie de sa pensée qui couronne le tout? Au stade militant qui caractérise la religion naissante, c'est tout simplement impossible.

"Elle" présente un ultimatum: nous démettre de toutes ces libertés, trop facilement déviées en licences, au profit d'une obéissance "perinde ac cadaver" à la déesse Nature, prometteuse d'une paix, austère, frugale, mais sanctifiante. 

En l'absence de soumission, "Elle" poursuivra, avec l'aide de ses corps francs, ses persécutions. L'arme de l'information, fabriquée par la démocratie, sera retournée contre elle, contre sa faiblesse. 

Nous en sommes là, à nous demander si la démocratie mérite d'être défendue, à ses divers niveaux, si la force n'est pas plus sainte que le droit. Un sentiment de culpabilité ronge beaucoup de responsables politiques. Les tarnais, accusés de se soucier d'une quarantaine de "gros propriétaires", demandeurs de cette capacité d'irrigation, sont tentés de rougir de honte, après avoir rougi de colère face à l'agression, à la contestation de leur légitimité démocratique. 

Il me semble que le poids des vieux, de quarante ans et plus, fait pencher la balance en faveur de la situation actuelle, libre, laïque, et démocratique. Notre futur proche sera fait de luttes entre les tenants d'une modernité peut-être calamiteuse, et ceux d'une marche arrière salvatrice, dont le modèle agricole est la petite exploitation d'entan, assurant la misère sur terre et le paradis au ciel, comme au bon vieux temps. Quant à son modèle industriel, c'est le réparateur de bicyclettes.

Mais notre jeunesse, ardente et volontaire, fera peut-être basculer notre société obtuse dans le fossé, et re-placera au pouvoir l'ancienne société, celle que nos grands-parents ont cru bon de remplacer par l'erreur actuelle.

Place aux jeunes!

Sceptique

*Curieuse définition pour un projectile bruyant, en explosant, mais peu efficace, même dans les combats guerriers. La grenade "défensive", en bon acier quadrillé, pour faciliter la projection d'éclats redoutables, est nettement préférée par les militaires.

 Note du 30 Octobre 2014: Faisant de la jeune victime "son martyr", le parti EELV, ex-allié du gouvernement, veut faire du lieu-dit Sievens, le Canossa du dit gouvernement: démission du Ministre de l'Intérieur, sanctions contre le gendarme présumé auteur du tir, bref, la reconnaissance du droit des militants écologistes de contrôler la vie démocratique du pays, à décider de ce qui leur plait, et de ce qui ne leur plait pas. En ce qui concerne le tir fatal, conformément aux prescriptions faites aux forces de l'ordre, les tirs de grenades, fumigènes ou assourdissantes, doivent se pratiquer "plongeants", ou "courbes", le lanceur devant être à 45° minimum, de manière à assurer une retombée quasi verticale du projectile. La position de la victime au moment de l'impact n'est pas connue. Comme je l'ai souligné, la probabilité était extrêmement faible, mais, bien sûr, pas nulle.

 

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Commentaires
S
J'ajoute que dans cette Région Midi-Pyrénées, beaucoup de rivières sont équipées de digues en maçonnerie, qui créent de modestes retenues d'eau, sans usage mécanique visible. Elles sont probablement utiles à la recharge de la nappe phréatique dans laquelle les riverains puisent leur eau.
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S
Je n'en avais pas connaissance quand j'ai préparé mon billet. Mais son élaboration locale, dans le but de rendre possible l'irrigation d'un territoire où les pluies sont devenues irrégulières, ne s'est faite sans l'avis d'ingénieurs et de géologues compétents. Et je doute que ces experts "nationaux" aient pris en compte les besoins de ces agriculteurs, "politiquement minoritaires" comme leurs ennemis se plaisent à le rappeler. Je connais ce département, j'y ai exercé (dans sa partie sud). Son économie traditionnelle(tannage, délainage) a souffert de la concurrence des pays émergents, et elle n'en fait pas un territoire avantagé. Puisqu'il y a décentralisation, que personnellement, je critique, il faut respecter ce que décident les tarnais....pour eux, pas contre le monde.
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P
Ce qui vient quand même beaucoup compliquer l'affaire c'est le rapport des experts qui met en cause le bien-fondé du projet de barrage (si j'en crois ce qu'on en dit à la radio): pourquoi n'en parlez-vous pas?<br /> <br /> Pour le reste je pense que vous avez raison.
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Sceptique
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