Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sceptique
30 mai 2015

LES "MISTRAL", ET LA NOUVELLE GUERRE FROIDE.

Ces navires de guerre, de conception française, ont été commandés par Vladimir Poutine, pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, peu après l'intervention diplomatique de notre Président dans le conflit qui opposait le maitre russe à une pièce de l'Empire russe, la Géorgie, ex-République de l'URSS, tentée par l'indépendance et les charmes de l'Union Européenne.

Le maitre russe avait provoqué une sécession d'enclaves russophones, l'Osssétie du Sud, et l'Abkhasie de même, auxquelles il apportait le soutien de ses forces régulières, en plus de celui d'unités spéciales non identifiables. Son but était de mettre à genoux la Géorgie et son Président, "made in USA", de lui couper son accès à la Mer Noire.

Nicolas Sarkozy s'était précipité à Moscou pour faire valoir le mauvais effet de cette invasion d'un pays reconnu par l'ONU. Il avait été suffisamment convaincant, et avait obtenu un arrêt des combats, et un compromis désavantageux pour la Géorgie. Qui aurait pu perdre son indépendance, par un coup rappelant les interventions de l'URSS en Hongrie et en Tchécoslovaquie, au temps de la guerre froide.

Ce rapprochement avec la Russie de Poutine créa les bonnes conditions d'une commande de deux exemplaires d'un navire de commandement et de soutien, en service dans notre flotte. Ils seraient adaptés aux normes en vigueur de la marine russe, et leur équipement électronique serait russe.  C'était quand même du travail pour nos chantiers navals, et des roubles pour notre État dépensier.

Ils étaient en voie d'achèvement, quand Poutine, furieux de voir son protégé Yanoukovich chassé de son poste de Président d'une Ukraine remuante, indocile, et mauvaise payeuse, par une émeute "de droite", prit le parti de se venger, de rabattre le caquet de l'ancienne conquête tsariste, déjà soumise par la force au pouvoir bolchevique.

Il disposait à l'Est de l'Ukraine du soutien d'une population russophone, fortement composée de mineurs de charbon, à laquelle ses envoyés purent faire valoir que le pouvoir de Kiev voulait leur interdire de parler le russe. Il les mit "dans sa poche", et leur souffla un projet d'indépendance, transformable en intégration dans la nation russe. Et, plus à l'Est, il entreprit d'annexer la Crimée, une presqu'île depuis longtemps investie par les russes, pour les charmes de son climat, et pour sa fonction d'accès à la Mer Noire, et de base de qualité pour la marine russe. L'affaire fut menée rondement, avec l'assentiment de la majorité de la population.

Mais du côté du territoire ukrainien les choses se passèrent moins facilement. L'État ukrainien voulut défendre sa souveraineté, et attaqua les "indépendantistes" tout d'un coup organisés comme une armée de métier, et pourvus de tous les armements d'une vraie armée. Y compris, malheureusement, de missiles sol-air à longue portée, dont un pulvérisa un avion de ligne malais, et ses quelques 300 passagers et membres d'équipage. La faute aux ukrainiens, bien sûr, bien que dépourvus de ce matériel.

Il y a toujours de telles bavures aux débuts d'un conflit, avant que ceux qui ne sont pas concernés le prennent en compte. Lors du précédent siècle, ce fut le torpillage de paquebots  ou de navires de commerce, sous pavillon neutre. 

Poutine n'allait pas réviser ou suspendre ses plans pour une telle broutille, et l'offensive "indépendantiste" fut engagée contre une armée ukrainienne nettement moins bien équipée. La situation du pouvoir légitime de Kiev, élu après la démission et la fuite de Yanoukovitch devant l'émeute, devenait critique. 

Comme il n'était pas question que l'Union Européenne intervienne (elle n'en avait pas les moyens), c'est par la diplomatie et les sanctions économiques que les chefs d'État europens se sentant en devoir de faire pression, s'efforcèrent de faire reculer le russe. L'embargo sur les Mistral, en état d'être livrés, fut le geste logique du Président français. 

Plutôt que renoncer à ses plans, le maitre russe préféra faire une croix sur ses bateaux, et exiger l'application des clauses du contrat, notamment l'interdiction de réexporter les navires, même débarrassés de leurs équipements russes. "Il" avait été prévoyant!

Nous n'avons pas le premier sou, à première vue, pour rembourser. Notre marine, faute de budget et d'équipages, n'en veut pas, et leur mise en réserve, dans quelque port civil ou militaire, représente des frais incompressibles. 

"Coulons-les", auraient suggéré quelques esprits cyniques ou pragmatiques. Ce serait une insulte à ceux qui les ont construits, aux contribuables français qui auront à les payer.

Le monde d'aujourd'hui, et nous, avec, nous acheminons plus sûrement vers un conflit de grande ampleur, pour rester vague, que vers une paix générale. La politique de l'autruche, actuellement préférée par une majeure partie du monde, fait partie de l'histoire du même. Personne n'aime la guerre, et l'effet préventif de sa préparation est contesté. Ne serait-ce que pour son prix.

La particularité de la France, c'est d'avoir gardé en mémoire sa catastrophe de Mai-Juin 1940, et de mettre en actes concrets cette préoccupation, malgré sa solitude dans ce choix. Maintenir en état de naviguer ces deux navires, planifier les trravaux d'adaptation à nos normes, font partie de cette prévention. Elle nous désavantage dans une Union Européenne se reposant entèrement sur le protecteur américain. Mais l'avenir de cette position est moins que certain. 

Sceptique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Sceptique
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité