MACRON ET LA DÉCENTRALISATION.
Quelques mots ont grondé ces jours-ci, propagés, diffusés par les divers médias : "Macron n'aime pas les Régions, les Départements, les Communes". Ça ne l'intéresse pas. Peut-être.
La décentralisation n'est pas une pièce maitresse de notre histoire. Elle s'est façonnée dans la tête des élus, tous, jusqu'à la députation, représentants d'une commune, d'un canton, d'un département. Depuis peu, d'une Région.
Elle s'est voulue la correction des aspects caricaturaux de l'historique centralisation de la France, à partir de son origine, de son système politique alors "normal", la monarchie héréditaire, importée par les envahisseurs germaniques, submergeant un empire romain en décadence.
L'empire romain dominait l'essentiel du continent européen, Germanie exceptée, non structurée, réservoir de peuples se reconnaissant un roi, leur chef. Lorsqu'il s'affaiblit, il fut l'objet d'une compétition entre les peuples germaniques, qui s'y répandirent et fondèrent des royaumes. Les Francs s'arrêtèrent en France, et en firent leur "chose". C'est pourquoi nous sommes français.
Le territoire conquis était un peu grand pour un seul conquérant. Même s'il pouvait s'appuyer sur un droit coutumier commun aux peuples germaniques, les rois de France durent lutter contre des rivaux et des envahisseurs venant des quatre points cardinaux. Asiatiques, nordiques, arabes, préoccupèrent les rois des Francs, devenus Rois de France. Et eurent le dernier mot.
Dix siècles plus tard, les français ne supportèrent plus ce système usé, et firent La Révolution, remplaçant le Roi et ses nobles par des assemblées de représentants élus. Qui s'entretuèrent, dans les règles. Un chef de guerre, Napoléon Bonaparte, s'imposa comme arbitre et comme chef. De guerre autant que politique. C'est la conclusion des guerres, la défaite, qui eut raison de lui, et ramena les Bourbons en vie, sur le trône. Il fallut encore soixante ans de monarchies diverses avant que puisse être rétablie une République, définie par les électeurs, tous "notables". Le suffrage universel avait été oublié en route. Il avait montré ses faiblesses.
La République, rétablie en 1872, reprit en mains la France telle qu'elle avait été arrachée à ses rois. Elle avait été, dès ses débuts, en 1790, découpée en départements, dont les dimensions résultaient des moyens de communication de l'époque: la possibilité, pour un gendarme à cheval, de parcourir dans la journée, le trajet entre le chef-lieu et sa limite, définie lors de sa création. Très approximatif, et très dépendant du relief.
Entre la Révolution et la Présidence de François Mitterrand, tous les actes d'administration, toutes les communications, les projets de travaux publics, d'aménagement, passaient par Paris, n'étaient réalisés qu'après leur contrôle et leur acceptation par le ministère concerné. Il en résultait une lenteur certaine, et une frustration des élus et des fonctionnaires locaux.
L'idée de la décentralisation naquit dans l'esprit des "victimes", les élus locaux. Dès la fonction de député, on pouvait être appelé à être Ministre, et voir, alors, de près, les inconvénients de ce passage obligatoire par Paris. Étaient-ils déjà patents à l'époque de la monarchie, siégeant à Paris ou à Versailles, plus tard, je n'ai rien lu qui se rapporte à cette question. Les historiens n'en faisaient pas un fromage. La décentralisation naquit dans les années 1980, et semble maintenant adulte, avec la formation des grandes Régions, leur assemblée, leur Président, et une dose d'autonomie, toujours trop limitée. Mais il y a nécessairement un conflit entre le pouvoir national et les pouvoirs régionaux. Il est difficile de répartir les attributions, de choisir entre le point de vue local et le national. Les inconvénients de la décentralisation se focalisent sur les finances. Car les budgets sont toujours contrôlés à l'échelle nationale.
J'en arrive à ce qui fait le titre de ce billet.
La décentralisation est l'affaire des élus, pas de l'administration, qui, j'imagine, voit sa tâche plutôt compliquée, difficile. Elle ne doit pas être "la tasse de thé" des hauts fonctionnaires qui assistent les politiques au niveau national, à Paris. Les élèves de l'École Nationale d'Administration n'en sortent pas avec la tête farcie de décentralisation. Au contraire, sûrement!.
Emmanuel Macron, Énarque, Inspecteur des Finances, doit souvent bouillir, face à certaines situations hérétiques. Pendant toute la première partie de sa carrière, il a été à l'abri, à Bercy. Sorti de l'abri, Président de la République, il est placé face à la réalité quotidienne. Il doit souffrir. Pas masochiste plus que nécessaire (c'est à dire beaucoup), il évite. Trop? Peut-être.
Sceptique (particulièrement sur cette question)