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Sceptique
14 septembre 2018

EMMANUEL MACRON ET L'HISTOIRE.

Je ne peux en vouloir à Emmanuel Macron, de ses jugements de la guerre d'Algérie. Il n'était pas encore né quand elle s'est terminée..

Mon propre jugement remonte plus haut, sa conquête en 1830. Une foucade de nostalgiques ou d'envieux des exploits de la Grande Armée, menée par l'Empereur. L'Algérie ne présentait auncun intérêt politique ou économique.

L'expédition punitive de Sidi Ferruch aurait du en rester là. Il ne restait presque plus rien de la piraterie qui écumait cette partie de la Méditerranée, et prenait les coups de toutes les marines européennes, et même, de celle des États-Unis.

La conquête a été difficile, et meurtrière de part et d'autre, et nous a obligé, dans la foulée, à contrôler militairement, et politiquement, le Maroc et la Tunisie, qui ne pouvaient pas assurer la sécurité sur leurs frontières avec l'Algérie. Les protectorats en furent les conséquences.

La population européenne de l'Algérie ne voulait pas imaginer que le désir d'indépendance qui animait les marocains et les tunisiens, se répandrait et se renforçerait dans une partie croissante de la population algérienne, instruite et politisée. J'ai le souvenir du déni exprimé par des fonctionnaires en charge de l'ordre, en réponse à mes doutes.

Le déclenchement des hostilités dans la journée du 1er Novembre 1954 fut une énorme surprise, témoignant de l'organisation et de l'importance de l'indépendantisme en Algérie. On allait découvrir assez vite ses racines multiples, en Tunisie, en Égypte, et ses chefs politiques.

Mais la population d'origine européenne l'accueilla comme un mauvais signe, devant mettre fin à sa présence et à ses activités. Elle fit immédiatement pression sur le gouvernement pour qu'il vienne à leur secours, qu'il engage la lutte contre le FLN.

La guerre proprement dite, sur le terrain, mais aussi sur le territoire français, progressa en intensité, en dureté, en "coups" portés au FLN, comme la capture de quelques dirigeants, dont l'avion fut détourné. Ses premiers mois furent marqués par des embuscades meurtrières subies par les troupes françaises non préparées. Il fallut rappeler ceux qui venaient de terminer leur service militaire, et les unités d'élite, formées de parachutistes, de légionnaires.

La guerre est une affaire trop sérieuse pour être confiée aux militaires, selon Clémenceau. Le pouvoir politique prit son rôle au sérieux, mais pas de manière à rassurer les civils en Algérie, et les troupes engagées dans le combat, sur l'ensemble du territoire algérien.

Une armée républicaine fait ce qu'on lui commande de faire. Gagner, et tout faire pour gagner. Ou perdre, et y aller mollement. Or le pouvoir politique de l'époque était divisé sur la guerre.

Elle dura près de quatre ans, marqués par une reprise de contrôle du terrain algérien par les forces françaises, dont l'insurrection en faveur de la prise en mains par le Général De Gaulle, fut déterminante.  

Le Général De Gaulle, appelé à diriger le gouvernement, comme Premier Ministre commença par rétablir l'autorité du pouvoir civil, entreprit la réforme constitutionnelle renforçant l'autorité de l'État, puis annonça son intention de négocier avec l'autorité politique de l'insurrection algérienne. Lz population européenne de l'Algérie se révolta, avec le soutien de généraux prestigieux, et de quelques unités d'élite. Mais De Gaulle tint bon et la sédition militaire capitula. Le commandement militaire reprit en mains toutes les unités

Les négociations avec la rébellion algérienne aboutirent aux accords d'Évian, et la population opposée à l'indépendance se manifesta sous la forme d'un mouvement usant de la même méthode que le FLN, le terrorisme. L'OAS, tandis que le gros de la population de souche européenne se prépara à l'exil.

À l'occasion de cet exil massif, une grande partie de nos supplétifs, les harkis, furent abandonnés à la vindicte du FLN, et furent massacrés, tandis qu'une autre était évacuée par leurs officiers vers la "métropole", contre l'avis du gouvernement en fonctions.

Notre pays mit plusieurs années à se remettre des divisions politiques causées par la guerre d'Algérie. Le Général de Gaulle, premier Président de la Vème République, dont il avait suivi l'élaboration, a eu la sagesse d'amnistier tous les protagonistes ayant participé aux séditions ou à l'OAS. La paix civile a été rapidement rétablie, faute de motifs à combattre, et de combattants.

Devons-nous battre notre coulpe des péripéties de la conquête, de la colonisation, puis de la guerre de libération, finalement achevée par une solution politique, l'indépendance de l'Algérie? Je suis d'avis que non. Les guerres ne sont jamais en dentelles, ou sans épisodes tragiques ou douloureux. Elles sont favorisées par les rapports de forces déséquilibrés. Notre époque moderne a la chance de disposer d'institutions internationales, dont la fonction est de substituer les négociations aux conflits sanglants et meurtriers.

Les hommes font l'histoire, mais ne la maitrisent pas. Elle ne peut être évaluée qu'après-coup, quand elle est racontée sans passion.

Sceptique

 

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Commentaires
D
Tout à bord, je n'ai jamais assimilé les arables à des païens...surtout pas. Je me suis référé à la tolérance que vous aviez attribuée une fois chez les païens...et une autre fois chez les musulmans...Pour le reste et votre conclusion, oui!
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D
Je tiens à préciser Zwartepiet que la tolérance ne fut pas hélas pratiquée beaucoup dans les sociétés traditionnelles...encore moins chez les païens... C'est un mythe qu'il convient de déconstruire. Un exmple: Au VIIIe siècle, les conquérants arabes s'établissent en Espagne. On a toujours dit que musulmans, Juifs et Chrétiens cohabitent alors pacifiquement dans la péninsule. Les chercheurs ont pourtant remis en cause la vision traditionnelle et idéale de l'Espagne des trois religions : les souverains catholiques, pas plus que les émirs musulmans, n 'avaient renoncé à chasser de leurs terres l'infidèle.
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S
Je ne suis pas d'accord. L'étude de la bible, la liberté de l'interprétation du texte, forment l'essentiel de l'étude assignée à l'enfant juif. Elle ne se compare pas avec l'apprentissage par coeur du catéchisme ou du Coran. Je tiens cette information, bien sûr "partiale", d'une amie juive rescapée du ghetto de Varsovie, confirmée par d'autres témoignages. Il faut bien qu'il y ait une raison pour expliquer la proportion de "grosses têtes" chez ce peuple. J'ai lu récemment une biographie de Spinoza, confirmant ce parcours, et les conflits qu'il avait avec les rabbins.<br /> <br /> Le génétique ne pourrait faire aussi bien que la gymnastique de l'esprit.
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S
Il a fallu qu'ils soient admis dans la société, qu'ils cessent d'être parqués dans des quartiers dédiés. Ça me rappelle les angoisses de Sigmund Freud, incertain d'être admis à étudier la neurologie.Il y a un peu plus d'un siècle!<br /> <br /> Ce qui est sûr, c'est que l'obligation d'étudier la religion dans le texte fondateur, de le commenter, de l'interpréter, développe les capacités intellectuelles, qui se retrouvent dans la compétition ordinaire.
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S
Oui, j'ai oublié la communauté juive, présente dans tout le monde musulman. Il fallait bien qu'il y ait des personnes qui travaillent, et qui étudient. Ils étaient à la fois indispensables et haïs.
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Sceptique
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