L'HOMME MODERNE ET SES DÉCHETS.
Il y a un parallélisme entre le développement de l'homme et de ses sociétés, et la quantité de déchets produite. Nous sommes parvenus à la quantité de un kilogramme par personne et par jour. La collecte, le tri, et le traitement de ce poids de déchets, forment un nouveau service public, épaulé par des entreprises privées, qui apportent leurs savoirs faire, surtout en matière de récupération. Une valeur ajoutée est attendue des diverses techniques, pour la principale raison d'atténuer le coût des diverses opérations, payées par les impôts "locaux" qui frappent les habitants, usagers de ce service public.
Qui n'est plus ce qu'il a été pendant des siècles, le déplacement des ordures de là où elles gênaient, vers d'autres lieux, où elles étaient acceptées.
Leur diversité,leur quantité, et leur coût ont tellement augmenté, qu'ils ont stimulé la recherche de solutions de valorisation atténuant la charge des bénéficiaires du service. Tous les habitants d'un territoire considéré.
En plus des coûts de collecte et de stockage, la prévention et le traitement des nuisances ont sollicité l'intelligence des responsables de ce service en expansion illimitée.
Les entreprises privées, plus techniques, et plus souples, sont venues à la rescousse du service public, traditionnellement "psycho-rigide".
Quand mon engagement local m'a amené à m'impliquer, j'ai du m'informer du savoir déjà acquis, afin d'en transmettre l'essentiel aux citoyens impliqués. Une période très enrichissante, permettant une formation de masse, davantage par nécessité que pour satisfaire une demande. Comme tout citoyen ignorant ou indifférent, j'ai découvert un nouveau métier, avec ses technologies adéquates, ses objectifs principaux, ramasser tout ce qui est jeté, puis en récupérer la partie réutilisable, pour diminuer la charge globale. C'est la partie la plus ingrate de la série d'opérations.
Mais j'ai pu mesurer l'effort technologique, financier, le souci, encore, de ne pas abîmer le territoire, de rendre invisible ce qu'on ne saurait voir. Les sites d'enfouissement, adaptés aux climats de la moitié nord de la France, sont des exploits, devant devenir invisibles à terme, après avoir digéré pendant une trentaine d'années des immondices, disputés aux oiseaux marins, qui fonctionnent à notre inverse. Ils fuient la plage, se gavent de ce que nous jettons. Cs sont, quand-même, les braves bactéries qui ne nous lâchent pas, qui vont, à l'abri de la lumière et de notre regard dégoûté, transformer nos ordures en gaz malodorant mais combustible. Une énergie utile sur place, transformée en électricité.
Il y a encore beaucoup à faire, la résistance de notre peuple à la vie collective étant coriace. Pour une proportion stable, cd'est l'affaire des autres. L'effort des élus locaux, des personnels des collectivités concernées, est essentiel, permanent. La proportion d'indifférence est désespérément stable. Plus une commune est peuplée, permettant un service public local étoffé, meilleure est la situation, assurée par les agents inter- communaux, "payés pour ça". La participation de la population à cet aspect de notre vie sociale est réduite à un minimum sans ferveur. J'y pense, et puis j'oublie. Le temps qui s'écoule ne fait rien à l'affaire.
Les peuples "modernes" ne veulent plus rien savoir, en fait, de l'organisation du confort de leur vie quotidienne. C'est la contrepartie de leurs impôts.
Si je m'aventure, ce jour, à évoquer cette face cachée de la vie de nos sociétés, c'est en raison de la multiplication d'images de ce qui devrait rester caché. De temps en temps, nos édiles nous font voir ce qu'ils font faire pour nous, pour apaiser nos protestations globales.
Sceptique